Il est chercheur en neurosciences à l'université de Fribourg, en Suisse.* Il prétend que le créationnisme et le complotisme reposent les deux sur un biais cognitif qu'il nomme "biais téléologique" et décrit comme "l'idée que tout objet a une fin en soi" ...
Il note, et pas mal d'autres notent qu'un enfant pose souvent la question "pourquoi ?" Un homme qui l'a noté aussi est mon professeur assistant, qu'il l'était à l'époque, de latin, aussi un prêtre catholique ou abbé vatican-deux-iste. Il n'avait pas tort de dire que le philosophe réussi est celui qui n'a pas cessé de poser des questions.
Pourtant, ce n'est pas comme ça que le voit Sebastian.
Cette pensée s'estompe grâce à l'éducation et à la science, qui apportent des outils de réflexion et des explications complexes et moins intuitives.
Bon, ce biais serait donc un infantilisme ? Quelque chose normal chez l'enfant et pénible chez un adulte normal ? Voyons :
Nous avons aussi remarqué que ce facteur téléologique ne dépend ni de l'âge, ni du niveau d'études des personnes interrogés.
L'échantillon était de 2000, et pour faire ce genre de conclusion, on attend qu'il soit équarré entre une axe d'âges et une axe niveaux d'études.
On peut être très adulte, très réussi dans un champs d'études, peut-être à l'exception des sciences exactes (j'y reviens), et pourtant cette pensée ne s'est donc pas estompée.
Ce qui prouve que le biais téléologique n'est pas un infantilisme, sauf par rapport à une sous-culture qui se reclame des sciences exactes, mais qui pourrait en réalité être basée dans des disciplines telles que "la neuroscience" qui ici n'est évidemment pas une science exacte. Elle est un alias de la psychologie. On l'appelle "neuroscience" parce qu'on connaît la méfiance de pas mal de gens vis-àvis la psychologie.
Et on n'a pas besoin d'un biais téléologique pour voir une téléologie dans l'étude, puisque Sebastian Dieguez la revèle lui-même :
Nous concluons que le biais cognitif est un obstacle fort à l'acceptation de la science, de la méthode scientifique et de l'expertise scientifique. De nos jours, il est important de trouver des solutions à ce rejet, ne serait-ce que pour redonner confiance en l'expertise scientifique.
Et la dernière phrase de son essai appelle le biais téléologique (et d'autres facteurs conduisant aussi au rejet de l'expertise) "un blocage cognitif" et parle de "ce type d'obstacles" ... désolé, la téléologie est totalement claire, avec ou sans biais.
Ce genre de mépris pour le complotisme n'a pas pris son âge avec de la grâce, à travers les courriels d'un certain Fauci. La méthode scientifique joue d'un peu moins de confiance après une fuite d'un laboratoire nommé Wuhan Institute of Virology.
En plus, par "créationnisme" il semble ici parler, non du créationnisme jeune terre (Dieu créa le Ciel et la Terre ... ensemble ... il y a 6000—7500 ans et les choses datées à plus vieux le sont par une mauvaise méthodologie), mais du créationnisme tout nu, attribuer la réalité dans laquelle nous vivons, notamment la vie biologique, à une intention par une conscience suprabiologique, en occurrence incorporelle et toute-puissante qu'on appelle Dieu.
Est-ce qu'il faut "voire une fin en soi en toute chose" pour choisir cette vue de la réalité ?
Non. Il suffit qu'on voit une fin en des choses trop intriquées pour être précisemment telles par hasard (car les flaques d'un verre renversé auraient tout aussi bien pu être autres), et trop coordonnés pour un résultat sur lequel on peut compter pour ne pas être justement précisemment telles (ou si vous préférez, telles par précision). Notamment dans la perspective que ça avait un début.
Prenons la chiralité des acides aminés, qui pour tel résultat (protéines, je pense) doivent être tournés à gauche et qui en production abiotique (genre l'expérience Miller Urey) n'existent qu'en chiralité mixte (molécules tournés droite et gauche pêle-mêle).
Si on imaginait l'univers éternel, on pourrait imaginer que la chiralité produite est "à gauche" parce que ça marche, et la chiralité qui marche est "à gauche" parce que c'est celle produite, on aurait pu en théorie avoir une biologie où la chiralité était "à droite" ... la biologie étant vase close éternelle, elle n'a jamais eu à se produire à partir d'un mélange de chiralité mixte. Résoudrait aussi le problème avec les membranes des cellules**, vu que Miller Urey et les conditions pareilles en nature ne produisent pas de phospholipides, genre lécithine. La lécithine pour les membranes se serait depuis éternité produite biologiquement, comme de nos jours, et soutiendrait la biologie, comme de nos jours. Chercher un but pourrait en théorie être tout aussi vain que de chercher un but pourquoi un étandard flotte au vent une a droite, une a gauche et ainsi de suite. Il y a un enchaînement automatisé.
Par contre, si on sait que l'univers a un début, même pour les athées, tant qu'ils soient un peu scientifiques, vu que l'hydrogène s'unit avec hydrogène en deutèrium, deutérium avec deutérium en hélium, et le processus est irréversible, alors on arrive à la conclusion de complexité irréductible que ce soit pour production et utilisation de chiralité "à gauche" ou que ce soit d'acides aminés et phospholipides pour noyau et membranes d'une cellule. Car les acides aminés ne se mettent pas en place de manière abiotique avec une chiralité purement de gauche et la production abiotique des phospholipides est opaque.
Ceci me fait penser que "la méthode scientifique" à laquelle s'oppose créationnisme et biais téléologique pourrait très bien être "athéisme méthodologique" ... s'acharner à trouver à tout prix une solution sans Dieu, quitte à renoncer à l'explication, parce que "Dieu pourrait tout expliquer et n'explique donc rien" ...
Être contre le biais téléologique pourrait aussi impliquer d'être contre l'idée que la sexualité ait pour fin en soi la réproduction, puisque ce "biais téléologique" tend à opposer les gens à la contraception et pour ceux qui (faussement) imaginent qu'un fétus ne soit humain qu'en puissance seulement***, le "biais téléologique" pourrait déterrer d'un avortement qui est contre la finalité du fétus. En d'autres mots, considérer la finalité s'oppose, non à la reconnaissance d'un fait scientifique, mais à l'usage d'une chose que la section de Sebastian Dieguez dans la communauté scientifique considère comme un "progrès" ...
Hans Georg Lundahl
Paris
Ste Barbe
4.XII.2025
Nicomediae passio sanctae Barbarae, Virginis et Martyris; quae, in persecutione Maximini, post diram carceris macerationem, lampadarum adustionem, mamillarum praecisionem atque alia tormenta, gladio martyrium consummavit.
* Sean Bailly a accueilli les propos de cet homme, je lis la version française en Pour la Science N° 492/Octobre 2018/p. 7. La publication se veut "Édition française de Scientific American" est il devrait y avoir aussi une version anglophone. Si vous voulez américaine, mais ne dites pas ça à un Dieguez, pour lequel l'américain entend pâtisserie et café noir par la phrase "un tinto con bocadillo" tandis qu'en "espagnol" (d'Espagne ex-métropoloitaine, donc) la phrase dit sandwich et vin rouge. La référence donnée en bas est P. Wagner-Egger et al. Current Biology, vol. 28, R847—R870, 2018.
** Ou membranes internes des cellules de plantes, qui ont aussi une membrane externe, en cellulose, moins difficile à expliquer, peut-être.
*** Faut tenir compte des idées tordues de certains en Suisse. Notons, pas les vétérans de la Garde Suisse. Mais ils ne font pas les recherches en neurosciences à la fac de Fribourg.
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