Tuesday 17 April 2018

Je viens de parler avec une enseignante


Elle ne venait pas de comprendre en quoi la présence d'autres points de vues selon les religions ou a-religions auraient pu me gâcher la vie dans l'école laïque de Suède.

Ça dit assez long sur la compétence qu'elle aurait eu de gérer une situation si elle se serait produit dans sa propre classe - je ne suis pas sûr qu'elle a des élèves en adolescence (si on parle alors d'enseignants), mais ...

Bon. L'école de Videdal (Videudâle ou Vidédâle, les deux prononciations ou entre les deux sont acceptables) était, comme toute école suédoise publique, une école laïque. Elle se trouvait en quartier chic à Malmö (prononcez Malmeu).

Or, Malmö est une ville majoritairement très laïque : athées et libre-penseurs. Il y a eu très peu de Catholiques ou d'Orthodoxes à l'école, pas de Juifs identifiés comme tels, aucun Musulman, et ce n'est pas avec les Catholiques ou Orthodoxes que j'avais des problèmes. La classe était composé, à part moi, des gens qui étaient Luthériens pro forma et la plupart non-croyante (comme un Catholique typique de Paris) ou encore des Pentecôtistes de tendance moderniste ou Athées. Ni les athées, ni les modernistes parmi les Chrétiens étaient très pour le créationnisme - même pour la tolérer.

Ni pour le Moyen Âge. Ni pour ma préférence pour rôles de genre traditionnels.

Imaginez des Mélenchonistes très embourgeoisés, ça vous donnera l'idée.

Donc, ça en plus du fait que je vivait dans un cartier moins chic que celui où se trouvait l'école ... j'ai été le but des quolibets, et un de mes harceleurs était fils d'une enseignante. On s'est pas arrêtés quand on me faisait vraiment mal, les enseignants (qui trouvaient mes positions problématiques) n'ont pas fait suffisamment pour les arrêter non plus. Ergo, j'allais mal.

La solution? En premier temps, j'ai eu la chance des chances. J'ai eu scolarité à maison. Une des plus heureuses périodes de ma vie, et il m'est arrivé aussi de converser au moins une fois poliment avec une personne autrement parmi mes harceleurs. Ceci à la fin de huitième année (comptant CM1 comme première), mais pour neuvième année, j'ai dû prendre, à défaut de la même école, au moins une autre, pas chrétienne non plus, soit une école pour handicapés mentaux, soit un internet. Vu que l'internat avait des "traditions d'humanisme chrétien" le choix n'était pas difficile. Si ma mère avait essayé de défendre la scolarité à maison plus longtemps, j'aurais été retiré d'elle par les ASE.

Cet internat, c'était un enfer. Les deux premières années la-bas. Ensuite, j'ai commencé de me récupérer un peu, mais le résultat immédiatement était un enfer, et après j'étais démoralisé.

Or, le problème n'est pas qu'il y avait des athées ou chrétiens modernistes. Le problème n'est pas que je les ai rencontrés. Le problème est que le système était bâti de manière que je ne pouvais pas cesser de les rencontrer quand ça faisait mal de les affronter.

Comment aurait-on pu résoudre le problème?

  • A) on aurait pu tolérer encore un an de scolarité à maison, ensuite, pour dixième année, chez nous c'est le choix des filières, j'aurais pu être dans une classe L avec des gens ayant fait ce choix, qui m'étaient moins étrangers;

  • B) on aurait pu avoir des écoles chrétiennes. On avait une seule, pour les Adventistes du 7 Jour, dans le pays entier. Les Rudolf Steiner étaient autour d'une pédagogie à base non chrétienne.


Pourquoi n'a-t-on pas fait ça?

La réponse se retrouve dans une idéologie identique, la Charte de Laïcité de l'École Publique.* Numéro 6 dit:

La laïcité de l'École offre aux élèves les conditions pour forger leur personnalité ...


Pas "des conditions", mais, "les conditions". Les gens qui m'ont privé d'une jeunesse harmonieuse avaient l'impression de me garantir un sine qua non pour ma personnalité.

Hans Georg Lundahl
Paris XV
Pape St Anicet, Martyr
1.IV.2018

* http://www.education.gouv.fr/cid73666/charte-de-la-laicite-a-l-ecole.html

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