Il y a des très belles définitions de la politesse. Chez Dom Gérard Calvet je me souviens avoir lu "dont NN disait qu'elle est la fine fleur de la charité".
Il y a aussi des définitions de la politesse qui sont à écarter. Bernanos le fait dans un avant-propos ou premier chapitre des Grands Cimetières sous la lune, en disant que ceux qui n'imaginent pas en devoir aux pauvres font de la politesse un rituel de camaradérie entre les bourges. Qu'elle soit parfois un rituel de camaradérie, soit, mais pour être morale, elle doit quelque part avoir une généralité. On peut en exclure les impolis - mais ni les pauvres parce que pauvres, ni les riches parce que riches. Et le moment qu'un impoli revient à la politesse, on le devrait le lui retourner.
Il y a une autre parodie de la politesse - la politesse de façon, sans substance. La politesse d'un Procruste* envers Thésée. Ou celle décrite comme marquant les bandits américain dans Tintin en Amérique. Ainsi on lit dans la cellule de Milou:
MESSIEURS LES KIDNAPPÉS
[plus un texte illisible,
carplus petit.] - p. 51. |
Si un homme a dépensé 2009 et 2010 de dire à Paris que:
- J'ai quitté la Suède parce que c'est un pays trop socialiste;
- Ensuite je suis venu en France pour une fille;
- Ensuite je suis resté en France "quand même" (sans avoir été ni être en couple avec elle);
- J'écris, voici un blog (un URL de blog, une adresse de blog);
- Je compose, voici mon blog musical;
- Je ne suis pas moine, ni candidat à la prêtrise;
- Je suis créationniste et géocentrique;
- Je suis monarchiste, si on veut fâcho;
- Je suis catholique, mais vraiment intégriste;
- J'aimerais me marier (et avec une fille nettement plus jeune que moi);
- J'aimerais avoir un revenu de ce que je fais intellectuellement et artistiquement;
- J'ai fait la route (dans le passé, et sans avoir profondement pendant cette période modifié le projet qui était déjà le mien en Suède);
- J'ai fait un pélérinage** (sans jamais ajouter que je sois encore en train de faire un pélérinage permanent);
- Je dors mal dans les foyers, on y dort bien si on vient:
- en groupe entre amis;
- bourré;
- défoncé;
- avec bouchons d'oreille et somnifères (si ça peut être décrit comme de dormir bien);
- ou si on vient avec une fièvre (comme il m'est arrivé);
- mais pas si on vient seul, sobre, non-épuisé;
donc, je n'aimerais pas prendre l'habitude de dormir en foyer, pour par exemple ne pas avoir à me bourrer chaque soir (ni de me joindre à un groupe de Polonais, sans doute honnêtes, mais un peu trop travailleurs pour mon goût), et ensuite, ici-même ça sera cette nuit, demain ça sera autre part;
Alors, c'est un peu non-malin de prétendre de ne pas connaître son attitude en 2015. Et même sur sauce de politesse, cette prétence n'est pas une politesse.
Sans doute, il y a eu des gens qui ont prétendu que ça, ils n'avaient pas compris. S'ils étaient TOUS honnêtes, le niveau intellectuel de Paris serait catastrophique. Ou de prétendre telle ou telle niaise raison pour ne pas regarder mes blogs, genre que le URL ne soit pas en français (le URL a à être unique, pas grammatical), que cette vieille dame n'a pas internet (il y a les bibliothèques, et il y a des proches qui sont mieux équipés - si la dame avait un petit-fils on espère qu'il ne soit pas orphelin), que ... bref, tout sauf les vraies raisons, ou les excuses déjà déjouées.
Et avec la liste, il y a des vraies raisons que certains pourraient me dire.
Que j'écrive sur mon blog
"aujourd'hui un vieil homme impoli m'a dit qu'il n'ira jamais lire mon blog, parce que son grand-frère qui est mort et dont il reste fier était dans les brigades internationaux en Espagne" ... voila ce qui pourrait me faire un peu de publicité chez des gens qui, soit pensent comme moi, soit ne le font pas, parce qu'ils n'aiment pas Bernanos non plus.
D'ailleurs, je ne prétends pas avoir le style de Bernanos, mes maîtres littéraires sont plutôt des anglophones. Surtout un quatuor : C. S. Lewis, J. R. R. Tolkien (qui a donné un peu le modèle pour beaucoup de parenthèses), leurs ainés Gilbert Keith Chesterton et Hilaire Belloc. Et quand à la langue française, plutôt la bande dessinée.*** Mais j'ai l'impression qu'il partageait à peu près mes valeurs.
Donc, à moins d'avoir une allergie contre Bernanos (par exemple parce que le livre cité se distance de Franco, plus que moi d'ailleurs), ou encore d'imaginer que Tolkien soit un ésotérique nouvel âge°, il y a des gens, qu'on me dise
"je refuse de lire des trucs fâchos", ils pourraient théoriquement commencer à me lire. Mais le genre de niaiseries qu'on me fait pour à la fois prétendre que j'exige qu'on me lise (je propose, poliment, je n'exige pas), et s'excuser pour ne pas le faire. Non, ce n'est pas vraiment très poli. Comme de quasi demuerer "sous le choc" quand on ne me voit pas ravi d'être proposé le 115 (pour raisons citées).
Parfois la politesse est plus aisée à définir par les définitions ou les exemples de son absense. Par contre, celui qui voudrait des astuces pour la politesse, envers Dieu comme envers les hommes, qu'il lise St François de Sales. Puisque je ne me suis pas chargé de rester poli jusqu'au martyre, il y a des guides plus sûrs que moi. Lui, par exemple.
Je me borne, normalement, à des sujets de controverse. Là, je n'ai pas à être un quelconque leader pour une nouveauté. Et là, il y a des adversaires qui préfèrent me considérer comme impoli qui d'affronter le débat. Ou de risquer que d'autres le fassent.
Oh, encore une chose que la politesse n'est pas. Une déférence absolue et aveugle devant une autorité d'expertise, si l'expert est mal documenté à mon avis, ou une autorité de l'église, si l'évêque (apparent) est hétérodoxe comme Vingt-Trois ou comme Schönborn.
Hans Georg Lundahl
Bibliothèque Port Royal
S
te Victoire, Vierge et Martyr
23-XII-2015
*Dis-donc, dit-on Procuste en français? Quelle drôlerie! ** Dites-moi, pèlerinage est un changement récent d'orthographe, non? C'est au moins pélérinage qui se trouve mieux sur ma langue. *** Avec une base de certains livres assez tradis:
Ils l'Ont Découronné (Mgr Lefèbvre),
Demain la Chrétienté (Dom Gérard),
Prêtre rejeté (Abbé Bryan Houghton). Et avant ça, français de l'école et - encore une BD - Le Chevalier Ardent, deux tomes trouvés dans une librairie de vieux livres à Copenhague. ET un peu ajout de PRÉSENT. J'ai apprécié Jean Madiran comme écrivain, la plupart des fois que j'ai eu la chance de lire une nouvelle chose de lui. ° Il en a dû connaître, au moins une spiritiste dans la famille, mais ce n'était pas sa mère.