Tuesday 7 April 2015

Et Hollande de mettre une goutte de poison dans le breuvage ...

Sa visite en Izieu, Ain (01!) a comporté pas mal de bons mots.

Parmi les autres, un mauvais:

12h40* : Le mal "renait chaque fois que des idéologies totalitaires ou des fondamentalismes religieux s'emparent des passions & des peurs"


Quels sont les fautes dedans?

D'abord, il met "des fondamentalismes religieux" au même pied avec les idéologies totalitaires. En plus, par la qualification de la phrase superordonnée/principale "... chaque fois, que ..., le "des" de la phrase subordonnée devient synonyme d'un "les" ou d'un "tous les".

Ensuite, il peut y avoir une tentative d’exonérer un fondamentaliste serein de cette tâche par la qualification supplémentaire que le fondamentalisme pour générer le mal doive pas juste exister mais encore s'emparer des passions et des peurs.

Mais ceci est du stoïcisme. La raison, donc y compris la raison d'un fondamentaliste, donc y compris les raisons des fondamentalistes réunis, doit s'emparer du reste de son être, donc y compris ses passions et ses peurs.

Dire que des passions et des peurs ne doivent pas exister, c'est confondre la nature humaine avec la nature angélique.

Or, le perpétreur de la déportation, ce n'était pas un fondamentaliste religieux ou des sectateurs d'untel, c'étaient les sectateurs d'une idéologie totalitaire et séculariste. En Allemagne, un fondamentaliste catholique était avant 1933/34 plutôt Zentrum que Nazi. Il y a eu des exception, il y a eu des clercs "bruns", mais le plus notable, un abbé bénédictin ami de Hitler, est mort en 1937, donc bien avant le pire, a été âgé et donc certainement épargné du pire qui était là à son époque et il a même comme ça pu être consterné par la protestantisation du parti NSDAP - ce qui dans son vocabulaire était synonyme, pas de Bonnhoeffer, mais des modernistes comme Harnack. Après, on a obéi, normalement, à l'ordre de ne pas s'opposer au parti nazi, en retour d'une protection de fait non accordée par ce régime fortement séculariste.

Je ne peux pas prétendre parler pour des fondamentalistes juifs, mais je trouve que le propos est de mauvais goût après les attentats à l'école juive par Mohammed Merah et à Hyper Cacher par Coulibaly. Peut-être ceux qui sont fondamentalistes juifs ont un autre point de vue dessus.

Un Catholique n'a ni la vocation d'être moderniste ou simplement "modéré" dans sa foi, ni celle d'être un sage stoïque ou bouddhiste. Ses passions, y compris ses peurs éventuelles, ne sont pas là, ni pour être étouffées, ni pour être sécularisées. Et non plus pour être identiques aux passions ou peurs des autres dans le monde, notamment de Hollande et de ses sectateurs. J'aime très bien le prêtre catholique viennois Hesse, et je l'aime notamment pour son rejet de Gaudium et Spes. Non, la joie et l'espoir, la tristesse et la peur ne doit pas forcément être identique chez l'église et chez le monde, chez l'église et chez les "hommes de ce temps". Même un pauvre, quoique quelque part éclairé sur quelques choses par sa situation, s'il est "homme de ce temps" risque de ne pas avoir la vue de l'église, et celle-ci ne doit pas borner sa vue à la sienne.

Ce premier paragraphe de Gaudium et Spes pourrait être la devise, moins des "clercs bruns" qui appréciaient des côtés du nazisme, que du clergé adapté par obéissance au concordat. Donc, des évêques qui ont trouvé que Clemens August Comte de Galen, évêque de Munster, était trop borné, trop aristo, trop peu sensible aux aspirations des pauvres Allemands.

Hans Georg Lundahl
BU de Nanterre
Mardi de Pâcques
7-IV-2015

* Cité d'après:

Hollande à Izieu : "La fraternité, c'est de penser qu'il ne peut y avoir de réussite qu'ensemble"
http://www.ledauphine.com/ain/2015/04/06/commemoration-de-la-rafle-d-izieu-suivez-la-visite-de-francois-hollande-en-direct


Comme d'habitude, Chesterton a très bien vu:

Les bavardages du monde moderne (aphorisme de Chesterton, 360)
http://www.amisdechesterton.fr/2015/04/07/les-bavardages-du-monde-moderne-aphorisme-de-chesterton-360/

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