Monday 19 April 2021

Patronat et patronat


Au temps de St. Thomas d'Aquin et de St. Louis IX, le patron typique dans une ville - à part ceux dont les métiers étaient déplacer marchandises ou vendre marchandises d'ailleurs - avait peut-être cinq employés - genre deux apprentis et trois compagnons de devoir. Il avait été tour à tour apprenti et compagnon de devoir avant de devenir maître, et les apprentis allaient devenir compagnons de devoir et un des compagnons de devoir allait deveni maître, possiblement déjà en épousant le fille de ce maître.

Le "patron" typique de la campagne était le seigneur, et sous lui on avait des villeins - qui lui devaient juste partie de leur temps actif, celui des corvées sur le domaine, ou encore lui devaient les taxes pour utiliser les pressoirs, moulins ou semblable du ban. En d'autres termes, ils n'étaient pas employés, et ils disposaient de leur temps quoique, soit pas en entier, les corvées exceptées, soit pas du choix pour certains services nécessaires.

L'homme sous le patron était donc, soit beaucoup plus libre que l'employé, soit capable de devenir avec un peu de chance le prochain patron.

Il y a de nos jours un autre type de patronat. Le patronat industriel. L'employé lambda n'a qu'une mince ou totalement absente chance de devenir le patron après le patron, et portant il est beaucoup moins libre qu'un villein. Son patron réunit dans une seule personne le contrôle d'un maître sur le travail du compagnon de devoir avec le démarcage très net des gens dessous d'un seigneur. Je ne parle ici pas du patronat des TPE, qui correspond à peu près à celui des villes du Moyen Âge, je parle des patrons de CAC40 et en dessous jusqu'aux entreprises de taille moyenne.

Parmi les CAC40, en plus, la plupart ont délocalisé et par là supprimé des emplois en France. Une des exceptions très honorables était Danone, leurs suppressions d'emploi en France correspondent à celles d'ailleurs, et sont encore faibles, et je pense que l'autre était Air France.

Autre bonne particularité en France, les TPE ensemble sont peut-être pas plus grandes que les autres entreprises ensemble comme au Moyen Âge, mais au moins comparables à n'importe quel entreprise. Genre, aucune des CAC40 avait à elle seule autant d'employés que les TPE ensemble. Au moins c'était le cas avant le confinement.

Vis-à-vis un tel surpouvoir patronal, je pense que des mesures syndicales et légales sont très utiles. Une des choses que j'aime moins chez la droite française est un trop grand patronalisme. Je dois en conversation avoir répandu que parmi les issus d'Action française, "la Cagoule" faisait résistance contre l'occupant allemand. C'était au moins le cas pour Deloncle. Avant ça, il avait eu un passé un peu plus gris avec CSAR. Bloquer les armes destinés aux Républicains, ça va, mais deux policiers tués pour faire une intox du type "false flag" et quatre assassinats pour faire taire des gens ... en Présent, on a parlé de manière déshumanisant de "liquider" ou "d'éliminer" probablement d'après le livre récemment paru*.

Est-ce que ce genre de casuistique non catholique, rappelant le vocabulaire des prédécesseurs du KGB et de lui-même, aurait quelque chose à faire avec ce genre de grand patronat, impensable au Moyen Âge, qui avait un temps aidé à financier la Cagoule? Je pense que oui. Le plus proche de cette tactique et de ce vocabulaire au Moyen Âge était un roi disant** "est-ce que personne ne me débarassera de ce trublion de prêtre?" ou selon un biographe contemporain "que de frelons et de traîtres misérables ai-je nourri dans ma maisonnée, qui permettent que leur seigneur sera traité avec tel honteux mépris par un clerc de basse extraction!" Dans les deux cas, il a dû faire pénitence en se faisant flageller par des moines publiquement dans la cathédrale, après d'avoir avec ces mots provoqué l'assassinat de St. Thomas Becket.

De ce genre de réflexion, il suit que je trouve très bien que les employés ne soient pas astreints au grand patronat. En Présent, on s'était plaint de l'idée émise de reduire les 35 heures à 28 par semaine. Pourtant, aux temps qu'on reclamait 48, peut-être encore au temps de 40 heures, généralement, le mari travaillait et sa femme s'occupait de l'appartement et des enfants. C'était donc 48 heures par couple au patronat. Le propos de 28 équivaut à 56 heures par couple, le patronat gagne donc sur l'employé ... et il gagne encore davantage aujourd'hui avec souvent 70 heures par semaine par couple. Ceci pour un patron souvent absent comme un demi-dieu et intrusif comme le maître très présent du Moyen Âge.

N'oublions pas, avec l'école, le patronat est un des média qui s'imposent aux masses. L'homme des masses a choisi d'avoir tel patron pour une bonne paie et des heures décentes, et au-dessus du marché, le patron va lui influencer les idées sur pas mal des choses. On ne peut pas le motiver comme un bien évident en disant que les patrons sont les plus capables, tout court, juste parce qu'ils sont les plus capables à manipuler ce qu'il faut manipuler pour qu'une grande entreprise reste grande (parfois même amoindrie) et pour qu'elle grandisse encore plutôt que de créer des collègues à parité comme le faisaient les maîtres du Moyen Âge.

Hans Georg Lundahl
Paris
St. Timon de Corinthe
19.IV.2021

Corinthi natalis sancti Timonis, qui fuit unus de septem primis Diaconis. Hic primo apud Beroeam Doctor resedit, ac deinde, verbum Domini disseminans, venit Corinthum; ibique, a Judaeis et Graecis (ut traditur) injectus flammis, sed nihil laesus, demum, cruci affixus, martyrium suum implevit.

*Eugène Deloncle, de la Cagoule au MSR (Juin 1936-7 janvier 1944)
Patrice Delhomme
https://www.librairielalinea.fr/livre/9782353745234-eugene-deloncle-de-la-cagoule-au-msr-juin-1936-7-janvier-1944-patrice-delhomme/


On peut noter d'après le compte-rendu en Présent du samedi dernier que les 14 de Villejuif n'étaient nullement attaqués par la Cagoule, mais maladroits avec leurs explosifs.

** Will no one rid me of this turbulent priest? - Wikipedia
https://en.wikipedia.org/wiki/Will_no_one_rid_me_of_this_turbulent_priest%3F


Pour la version la plus longue, Barlow, Frank (1986). Thomas Becket. University of California Press. p. 235. ISBN 0520071751. Retrieved 16 April 2018.

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