On peut estimer que depuis l'apparition d'Homo Sapiens voilà 200.000 ans, quelques 8000 générations (soit une centaine de milliards d'individus) ont vécu chaque nuit sous l'impressionant poudroiement de la Voie lactée.
Comptons un peu.
100.000.000.000 individus
par 8000 générations
= en moyenne 12.500.000 individus par génération.
Dans une croissance exponentielle plutôt que géométrique, la génération ayant la moyenne ne va pas être celle du milieu, mais elle y vas être plus proche qu'aux extrêmes, quand même. Soit, à la 4000:ème génération environ (ou quelque part entre 2000:ème et 6000:ème, de toute façon) on pourrait s'attendre au plus tôt que cette génération moyenne de 12.500.000 individus ait eu lieu - bien entendu pour que la mathématique de 8000 générations soit exacte.
Mais posons qu'il est possible, en absence de frontières, avec un globe à peupler, de doubler la population à chaque génération, jusqu'à atteindre l'optimum de densité.
Posons donc les générations suivants:
1) un H, une F (seuls issus de la mutation ultime hominante qqs générations plus tard de manière de l'avoir sur les deux chromosomes OU créés par Dieu OU fabriqués par manipulation génétique par des extraterrestres, peu nous importe ici de quelle manière ils viennent d'exister comme hommes) : 2
2) ils engendrent la deuxième génération, HH, FF, deux couples (avec mariage entre frère et soeur, nécessaire pour éviter intramixtion avec des non-humains n'ayant pas cette mutation ultime hominante OU nécessaire parce que Dieu n'avait pas créé d'autres ancêtres qu'Adam et Ève) : 4
3) dont l'un couple fait quatre filles, l'autre quatre garçon, il y aura quatre couples avec des mariages entre cousins - désormais les mariages entre frères et soeur compteront comme inceste) : 8
4 : 16 | 11 : 2048 | 18 : 262.144 |
5 : 32 | 12 : 4096 | 19 : 524.288 |
6 : 64 | 13 : 8192 | 20 : 1.048.576 |
7 : 128 | 14 : 16.384 | 21 : 2.097.152 |
8 : 256 | 15 : 32.768 | 22 : 4.194.304 |
9 : 512 | 16 : 65.536 | 23 : 8.388.608 |
10 : 1024 | 17 : 131.072 | 24 : 16.777.216 |
Alors, pour atteindre une génération d'hommes ayant 12.500.000 individus, faut-il plutôt 4000 générations? Ou plutôt 24?
Je ne reclame pas d'originalité pour cet argument.
Il est plutôt un lieu commun dans l'argumentation créationniste comme il existe dans des pays où le débat existe en grand public.
Par contre, une réponse raisonnée à propos cet argument serait fort originel de la part d'un évolutionniste. Je n'ai pas encore vérifié si l'argument ait trouvé une réponse sur le site TalkOrigins, mais je n'ai pas trop confiance en Mark Isaak. Mais je sais que les gens comme Philippe Henarejos ont davantage l'atitude d'affirmer le récit évolutionniste, en le déclinant à propos et hors propos (ici plutôt peut-être hors propos) que d'affronter les difficultés de ce récit d'après les objections des créationnistes.
Et il considère les derniers cinq générations comme étant ceux qui ont le privilège de savoir. Probablement, il considère aussi les découvertes de plus en plus rares, plus on remonte dans le temps, plus proche qu'on vient au premier couple humain. Peut-être voudrait-il faire valoir que le cerveau pourrait avoir été moins développé avant. Mais rien montre qu'il ait été moins développé chez les Néanderthaliens, réputés "une autre espèce", réputés extincts. Il n'y a même pas de preuve que l'Homme de Tautavel ait eu un cerveau inférieur au nôtre, celui-ci réputé d'encore une autre espèce, à savoir de l'Homo Heidelbergensis (dont le holotype à Mauer/Heidelberg n'est qu'un mandibule, celui de Tautavel a un crâne incomplête), elle aussi extincte, réputé d'avoir vécu à Tautavel il y a 300.000 ou même 450.000 ans.
La datation n'est pas dûe à une analyse de C-14 pour l'Homme de Tautavel, mais plutôt à une datation contradictoire du lieu de découvert.
Son remplissage, épais d'une dizaine de mètres, couvre la majeure partie du Pléistocène moyen et a fait l’objet de nombreuses tentatives de datations radiométriques parfois contradictoires. Des âges limites d’environ 700 000 et 350 000 ans ont été obtenus par datation par l'uranium-thorium pour des planchers stalagmitiques situés respectivement à la base (plancher 0) et au sommet (plancher α) de la séquence stratigraphique.
Les mots "a fait l’objet de nombreuses tentatives de datations radiométriques parfois contradictoires" indiquent qu'il n'y a pas de date convergente pour toutes les méthodes. On a retenu les dates de "limite" probablement parce qu'ils ne contradisent pas la diagnose "pléistocène moyen" qui en son tour dépend du fait des restes humains fossiles "prénéanderthaliens".
Bon, combien de générations aurait-il eu entre l'apparition réputée de l'Homo Heidelbergensis il y a soi-disant 600.000 ans? Combien de générations et combien d'hommes dans ces générations?
Et, apparemment, tous incapables d'augmenter la densité de population humaine par des inventions que nous connaissons tous, l'agriculture n'ayant pas apparue avant il y a 10.000 ans?
Oui, Philippe Henarejos trouve vraiment un privilège quasi absolu en les derniers cinq générations, celles du savoir astronomique exacte et de la révolution industrielle. Aussi par rapport à la période réputée agriculturelle, les 10.000 ans, un vingtième du temps depuis l'apparition réputée d'Homo Sapiens, mais en plus il prête à cette vingtième depuis l'apparition d'Homo Sapiens, de cette soixantième ou soixante-dixième depuis l'apparition réputée d'Homo Heidelbergensis, un privilège énorme en capacité d'invention.
C'est la seule explication (à peu près) pourquoi il n'y aurait pas eu davantage d'hommes depuis si longtemps. Mais comme explication elle est insatisfaisante.
Les preuves de ce problème énigmatique le sont aussi. Ni l'homme de Tautavel, ni celui de Petralonia a été soumis à une analyse de C-14. On s'est contentés de dire qqc comme "beaucoup davantage de 40.000 ans, la datation de C-14 ne peut pas être exacte, pas la peine d'essayer". Quand des créationnistes ont essayé de faire datations de C-14 des fossiles réputés d'un âge de plusieurs millions, ils ont assez souvent trouvé un âge carbonique pour ainsi dire de 20.000 - 50.000 ans, cet âge carbonique correspondant donc, selon eux, à un âge réel de depuis le Déluge, c'est à dire pour ceux qui croient le texte Masorétique, 2.400 ans avant Jésus-Christ, pour nous catholiques qui datons selon la Septante (voir la liturgie de Noël), 2957 ans avant Jésus-Christ.
Ce n'est donc pas juste l'âge biblique qui contredit l'âge réputé, mais aussi l'âge carbonique. Et un âge carbonique trop élévé s'explique aisément si l'atmosphère à l'époque avait beaucoup moins de C-14. Juste une question de comprimer les âges carboniques, alors.
Donc, les très vieux âges réputés dans la communauté scientifique actuelle, c'est à la fois:
- non prouvé par rapport à fallibilité de méthodes;
- contredit par une autre méthodes négligé, fallible mais peut-être moins;
- et surtout, comme je viens de cojnstater au début, impliquant d'un privilège intellectuel ou même de capacité intellectuel entre hommes ayant tous l'apparence générale et la capacité crânienne d'un vrai homme.
Que les très grands âges posent des problèmes par les implications est donc un des arguments du créationnisme et il est négligé par paresse intellectuelle chez les savants français - à la fois de la communauté, ici fortément lié aux Adventistes du Septième Jour, de l'opposition créationniste et aussi, donc, des savant ès sciences naturelles. Dommage. Car si l'homme américain n'a pas un privilège en capacité intellectuelle vis-à-vis l'homme gaulois ou immigro-francophone, il en a un, pour l'instant, qui est intellectuel quoique accidentiel : la connaissance du débat.
Qui peut, éventuellement, être utile à l'évaluation des vraisemblances dans la chose débattue. Comme le nombre de générations humaines ayant vécu sur la Terre.
Maintenant je regarde le site TalkOrigins. Effectivement, puisque Kent Hovind vient d'aborder cet argument, TalkOrigins se sont vus obligés à faire qq forme de réponse.*
Leur réponse comporte deux facettes:
a) La population humaine ne peut pas dépasser le soutenable, et pour la grande plupart de l'histoire humaine, en absence d'agriculture, une grande population n'aurait pas été soutenable.
The human exponential growth rate of the last few hundred years is possible only because of technology. When our ability to stay one jump ahead of starvation and disease fails, when our resources are finally squandered, then you'll see a dramatic change in that growth rate! It will no longer be exponential; it will be disastrous!
When man lived in scattered tribal groups, which is what he did for 99% of his history, the net human population growth was zero most of the time, just as it is for animals today. Animal populations, especially small animals such as rabbits or mice, often undergo cycles of boom and bust but their net growth is zero. No permanent increase in population can be sustained unless it is supported by a permanent change in the environment. Such a change might include the loss of a predator due to the colonization of new territory, a permanent increase in the food supply due to climatic change or a change in dietary habits, or a variety of other factors. In the case of man, hunting technology, the development of agriculture, and the use of fossil fuels have played major roles.
Il attribue donc la grande population humaine aux facteurs: technologie de chasse, agriculture et l'usage des combustibles fossiles, et prétend que ceci était inachevable pendant 99% de l'histoire humaine dû au fait qu'on vivait en groupes tribaux éparpillés. Pendant ce temps une population mondiale non seulement comme l'actuelle mais même de 12.500.000 aurait été inachevable.
Je réponds, bien avant l'usage des combustibles fossiles, au moins une population de 12.500.000 était bien possible. Laissons pour d'autres essais si l'usage des combustibles fossiles ont augmenté la population possible.** Quand à l'agriculture, mon point est précisément qu'il est inconcevable qu'il aurait pris tellement de temps avant de l'inventer. L'homme est par nature curieux et inventif.
En plus, même chasse et cueillette permettent en bons endroits de nourrir pas mal de gens (j'imagine que la Dordogne des Cro-Magnons était un bon endroit) et celui qui se trouve, pour fonder une famille, d'être de trop dans un bon endroit, il cherchera plutôt un moins bon que de rester sans progéniture, et ceux qui sont dans un moins bon, s'ils savent ce bon endroit là déjà occupé, il chercheront un autre bon endroit à l'autre sens.
Mais surtout, l'agriculture n'aurait pas pû être ignoré si longtemps que ça (ceux qui prétendent que "nous savons quand même que c'est la cas" se basent biensûr sur des datations erronées non par maladresses recommises mille fois, mais plutôt erronées par une faute systématique de méthode).
Donc, oui, si l'homme avait apparu il y a 200.000 ans, ça aurait plutôt pris les 24 générations déjà évoquées par moi que la moitié des 8000 générations évoquées par Philippe Henarejos d'atteindre 12.500.000 personnes humaines vivant dans la même génération.
b) Dave Matson donne une équation. Selon l'argument créationniste, la population actuelle aurait été le résultat d'une croissance exponentielle. Celle-ci depuis les huit personnes ayant survécu le Déluge (daté d'après le texte Masorétique).
Il donne la formule, donne le taux de croissance, calcule le taux de croissance [à savoir moyenne] comme ayant été assez proche de zéro, à savoir 0.0047 par an et conclut que si c'était ainsi on aurait eu juste 2024 personnes sur la Terre pendant l'Exode:
It turns out that if r = 0.0047 then after 4344 years we would wind up with about 5.6 billion people (1995), which is close enough. After substituting the values for P and r into the above equation we are at liberty to try out different values for n to obtain the population at different times. At the time the Israelites entered Canaan, for instance, we get a world population of 2024! By the time you divide that up between Egypt, Canaan, the rest of the world, and Israel, that leaves maybe 6 or 7 people for the Israeli army! If we go back to the time that the Hyk[s]os were expelled from Egypt, in 1560 BC, we get a world population of 325 people!
L'argument se base sur un malentendu. Nous créationnistes, nous aussi on croit que la croissance humaine est plus grande quand il y a encore d'espace à peupler, et diminue en intensité quand il n'y a pas tellement de ressources.
Donc, la croissance humaine n'a certainement pas été égale entre le Déluge et nous, mais beaucoup plus intense juste après le Déluge. Et encore une fois après l'Âge (unique) de Glace, celui-ci ayant eu lieu après le Déluge***
En plus, il mélange les scénarios entre celui des créationnistes et celui des savants conventionnels, en ceci qu'il pose l'expulsion des Hyksos avant l'Exode. Un créationniste dirait normalement que les Hyksos étaient des Amalékites, que l'invasion commence après l'Exode, que leur demeure en Égypte est donc mal datée. Les renseignements de la Septante donnent pour l'Exode la date 1510 avant Jésus-Christ.
Mais le grand point est: entre le Déluge en 2957 avant Jésus-Christ et l'Exode°, on a eu le temps de multiplier les personnes humaines en des grandes nations. Le nombre total dépassait certainement les 325 à l'expulsion des Hyksos.
Donc, non, l'argument n'a pas eu de réponse recevable sur le site TalkOrigins non plus. Mais là ils savent au moins que l'argument a été proféré, ici en France on est déprivilégié là-dessus.
Hans Georg Lundahl
Bibl. Audoux
St Hippolyte, Martyr
13-VIII-2014
* Lien, en anglais: How Good Are Those Young-Earth Arguments?
A Close Look at Dr. Hovind's List of Young-Earth Arguments and Other Claims
by Dave E. Matson
Copyright © 1994-2002
Young-earth "proof" #25: The current population of Earth (5.5 billion) could easily be generated from 8 people in less than 4000 years. If the earth were really billions of years old, the human population would have gone through the roof!
http://www.talkorigins.org/faqs/hovind/howgood-yea2.html#proof25
Comme c'est formulé dans la citation de Hovind, faite par Matson, c'est inexact: la réponse a raison que la population humaine ne va pas dépasser le soutenable. Par contre, comme je l'ai formulé ici ... voir en haut. Quand à Hovind, il est surtout un enseignant, et il aime faire ses points avec parfois plus d'éclat qu'exactitude pointilleuse.
** Voici un essai ou deux dans lequel je penche pour un non, sauf peut-être marginellement et en plus ce facteur augmenteur de la population humaine peut être contrebalancé par d'autres perdus avec l'industrialisme:
En français sur Antimodernism : Après le pétrol et l'uranium - quoi?
http://avantlafermeturedantimodernism.blogspot.com/2008/10/aprs-le-ptrol-et-luranium-quoi.html
[Même blog] : On peut vivre ...
http://avantlafermeturedantimodernism.blogspot.com/2008/10/on-peut-vivre.html
*** Kent Hovind pense qu'il commençait une heure ou deux avant le Déluge, je ne le conteste pas, mais lui aussi dirait que l'Âge de Glace aurait duré bien après le Déluge. Hilaire Belloc (voir Return to the Baltic) pensait même qu'en Scandinavie l'âge de glace aurait fini environ le début de notre ère: Danemark (post-glaciale) ayant une telle côte qu'il est inconcevable que des hommes y auraient vécu longtemps sans faire de la navigation.
° 2957 - 1510 = 1447 ans entre le Déluge et l'Exode. L'expulsion des Hyksos sera encore plus tard. Le plus grand taux de croissance aura par contre été juste après le Déluge, entre le Déluge et la Tour de Babel et encore après la Tour de Babel avant Abraham.
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