Tuesday 11 May 2021

Anscombe et C. S. Lewis


Je viens de trouver en Marianne (qu'il m'arrive de lire quand on me le donne) que la philosophie ait trouvé encore une gemme, si je me permets, dans l'enseignement aux lycées. Les prénoms ont comme acronym GEM, ce qui est l'anglais pour la gemme.

Gertrude Elizabeth Margaret Anscombe, née en Irlande en 1919.*


Ah, comme C. S. Lewis, alors. Bon, il était 21 ans plus vieux qu'elle, né en 1898. Mais lui aussi né en Irlande.

Il semble qu'un homme qui n'a pas de complexe de prôner d'Holbach en lecture de philo ait quand même un problème avec notre gemme.

Qu'elle ait pu refuser l'euthanasie, l'avortement, la contraception, la PMA, qu'elle ait attaqué l'homosexualité et participé à des manifestations devants des cliniques contre l'avortement, voilà qui ne compte pour rien, [s'exclame Michel Onfray.]**


Ou peut-être que ça compte, justement, chez quelqu'un qui veut un peu de contrepoids contre Helvétius?

Il semble que notre gemme ait eu une attitude qui aurait plu à Mgr Gonzi - un évêque ou archévêque de Malte qui soulignait à son temps que c'est un péché mortel de voter socialiste. Comme nous le renseigne Présent du samedi passé (là, j'ai payé).

Combien savent que, que ce soit elle ou que ce soit C. S. Lewis, en grande partie, même combat? Les deux acceptaient que l'existence de Dieu est prouvée ... et différaient un peu dans les détails comment on y procède.*** 1947, C. S. Lewis publie Miracles, les Chandeleurs de 48, il y a un débat entre lui et cette même Anscombe, elle reprimendait un aspect du chapitre III. En 1960, il va republier le livre, il va prendre note de la critique d'Elizabeth Anscombe, mais pour se préciser, pas pour s'admettre en faute. En 1981 (vingt ans avant son propre décès, et dix-huit après celui de C. S. Lewis) elle y revient en disant que C. S. Lewis n'ait pas très bien exploré le concept très crucial d'un "acte de connaissance déterminé seulement par ce qui est connu".

Qu'il y ait ou n'ait pas une compétition entre le fait d'avoir des raisons (grounds) pour sa position et celui d'avoir des causes ayant poussé à ce qu'on la prenne (causes) est la divergence. Elle n'était pas d'accord que le fait d'une cause non-rationnelle soit suffisante pour invalider les raisons. Pour C. S. Lewis, par contre, si une telle cause explique parfaitement pourquoi on ait cette position, il est superflu d'avoir recours aux raisons. Ce qui semble, par contre, reléver un peu de ce que Lewis lui-même nomme autre part "Bulverism". Si Lewis n'aurait pas admis de le commettre, c'est que, pour lui, dans les cas attaqués par les bulvérisants, la cause n'était pas l'explication exhaustive pourquoi on avait la position dès qu'on avait au moins aussi des raisons qu'on pouvait prendre au sérieux.

Hans Georg Lundahl
Paris
Sts. Philippe et Jacques
11.V.2021

Natalis beatorum Philippi et Jacobi Apostolorum. Ex his Philippus, cum omnem fere Scythiam ad Christi fidem convertisset, tandem apud Hierapolim, Asiae civitatem, cruci affixus et lapidibus obrutus, glorioso fine quievit; Jacobus vero, qui et frater Domini legitur et primus Hierosolymorum Episcopus, e pinna Templi praecipitatus, confractis inde cruribus, ac fullonis fuste in cerebro percussus, interiit, ibique, non longe a Templo sepultus est.

* philosophie magazine : G. E. M. Anscombe (1919 - 2001)
https://www.philomag.com/philosophes/g-e-m-anscombe

** Marianne, 13 au 19 sept 2019, p. 65
*** Pour les détails que je vais citer, jusqu'à ma conclusion personnelle, voir:
What Lewis really did to Miracles
A philosophical layman’s attempt to understand the Anscombe affair
Arend Smilde
Journal of Inklings Studies Vol. 1, No. 2, October 2011, pp. 9-24
http://lewisiana.nl/anscombe/

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