Friday, 24 October 2025

Les pistes pourquoi Göbekli Tepe était la Babel de Nemrod


Les pistes pourquoi Göbekli Tepe était la Babel de Nemrod · Je viens de promettre un article sur une des difficultés avec ma position

Le texte :

Chus engendra Nemrod : celui-ci fut le premier un homme puissant sur la terre. Ce fut un vaillant chasseur devant Yahweh ; c’est pourquoi l’on dit : « Comme Nemrod, vaillant chasseur devant Yahweh. » Le commencement de son empire fut Babel, Arach, Achad et Chalanné au pays de Sennaar. De ce pays[37] il alla en Assur, et bâtit Ninive, Rechoboth-Ir, Chalé, et Résen, entre Ninive et Chalé ; c’est la grande ville.

[37] X, 11 sv. On traduit d’ordinaire (LXX, Vulgate, etc.), de ce pays sortit Assur, qui bâtit, etc. Mais tout indique qu’Assur désigne ici un pays, non un homme, et que l’historien achève dans ce verset sa notice sur Nemrod.


Je vais retenir la vieille traduction, il s'agit d'Assur mentionné plus en bas dans le chapitre:

Des fils naquirent aussi à Sem, qui est le père de tous les fils d’Héber et le frère aîné de Japheth. Fils de Sem : Elam, Assur, Arphaxad, Lud et Aram.


Je vais aussi poser que ces versets tiennent ensemble*, dernier du chapitre X, premier du chapitre XI:

Telles sont les familles des fils de Noé selon leurs générations, dans leurs nations. C’est d’eux que sont sorties les nations qui se sont répandues sur la terre après le déluge. Toute la terre avait une seule langue et les mêmes mots.


Notons, avant, après chaque fils de Noé, il y a un "Tels sont les fils de NN, selon leurs familles, selon leurs langues, dans leurs divers pays, selon leurs nations." Donc, le premier verset de chapitre XI nous dit que si les langues au début se sont scindées selon les branchages de la généalogie des trois fils de Noé, le dernier verset du passage, c'est à dire XI,1, nous informe que le moment que chapitre X évoque, la scission des langues n'avait pas encore eu lieu.

Étant partis de l’Orient[39], les hommes trouvèrent une plaine dans le pays de Sennaar, et ils s’y établirent. Ils se dirent entre eux : « Allons, faisons des briques, et cuisons-les au feu. » Et ils se servirent de briques au lieu de pierres, et de bitume au lieu de ciment. Ils dirent encore : « Allons, bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet soit dans le ciel, et faisons-nous un monument, de peur que nous ne soyons dispersés sur la face de toute la terre.[40] » Mais Yahweh descendit pour voir la ville et la tour que bâtissaient les fils des hommes. Et Yahweh dit : « Voici, ils sont un seul peuple et ils ont pour eux tous une même langue ; et cet ouvrage est le commencement de leurs entreprises ; maintenant rien ne les empêchera d’accomplir leurs projets. Allons, descendons, et là même confondons leur langage, de sorte qu’ils n’entendent plus le langage les uns des autres. » C’est ainsi que Yahweh les dispersa de là sur la face de toute la terre, et ils cessèrent de bâtir la ville. C’est pourquoi on lui donna le nom de Babel, car c’est là que Yahweh confondit le langage de toute la terre, et c’est de là que Yahweh les a dispersés sur la face de toute la terre.

[39] XI, 2. Étant partis de l’Orient. Ainsi traduisent les Septante et la Vulgate ; le texte hébreu se prête à cette traduction. On traduit souvent néanmoins : étant allés du côté de l’Orient.
[40] 4. Une tour dont le sommet soit dans le ciel : extrêmement haute (comp. Deut. i, 28 ; Dan. iv, 11). — Un monument, hébr., un nom (comp. Is. lv, 13), visible au loin et servant de point de ralliement après les excursions : cela était contraire à l’ordre de Dieu : « Remplissez la terre », i, 28 ; ix, 1. LXX et Vulg., faisons-nous un nom, rendons notre nom célèbre : ce sens nous paraît moins en harmonie avec le contexte.


Je vais aller avec LXX et Vulgate sur les deux.

Ils étaient partis de l'Orient. Pas "allés du côté" etc. Ils ont voulu se faire un nom, pas un monument architecturale.

En plus, là où Crampon a "les hommes" l'hébreu a (avec LXX et Vulg.) "ils" ... encore une chose que je retiens vis-à-vis Crampon.

Les preuves positives :

Étant partis de l’Orient ... Göbekli Tepe est à l'Ouest des montagnes de l'Arménie, notamment de l'Arménie turque, avec la région Kordouène, aussi connue comme Kurdistan, ou encore plus précisément, avec le mont Mont Djoudi. Pour aller à Göbekli Tepe ou plutôt son futur endroit, ils se sont donc déplacés de l'Orient.

Ils trouvèrent une plaine dans le pays de Sennaar et si Sennaar veut dire la Mésopotamie, définie et limitée par les deux fleuves, la plaine de Harran (à la bordure Nord de laquelle se trouve Göbekli Tepe) est la seule plaine qui se trouve à l'intérieur de Sennaar. Vers les endroits de Babylone classique, il y a plutôt Sennaar qui se trouve à l'intérieur d'une plaine qui dépasse la Mésopotamie des deux côtés.

Et ils cessèrent de bâtir la ville. Le couche la plus récente de Göbekli Tepe est couverte de sable, une sable que n'est éloignée qu'aux temps de Klaus Schmidt vers AD 1980. On a effectivement cessé de bâtir Göbekli Tepe et on n'a encore pas repris, car le pavillon qui couvre une des rondelles de Göbekli Tepe pour la protéger du temps n'est pas en continuité avec la "ville" mais pour en faire un musée, comme les balustrades à Pompeii ne sont pas une reprise de l'habitation humaine à Pompeii.

Toute la terre avait une seule langue et les mêmes mots. ... C’est pourquoi on lui donna le nom de Babel, car c’est là que Yahweh confondit le langage de toute la terre, et si on regarde avant Göbekli Tepe (je suppose que si les datations carboniques sont erronées dans le temps absolu, elles se suivent néanmoins généralement dans le bon ordre), il y a 32 signes que Genevieve von Petzinger a retrouvés partout dans l'art rupestre entre Espagne et Indonésie, si on regarde après, les formes de proto-écriture qu'on trouve sont diverses entre les régions.

Les preuves apparentes contre :

Dans le pays de Sennaar ... c'est Sumer, mais Sumer est séparé de Göbekli Tepe par Akkad, car Göbekli Tepe se trouve en Assyrie.

C’est pourquoi on lui donna le nom de Babel ... c'est à dire Babylone, qui se trouve 32° 32′ 31″ nord, 44° 25′ 12″ est, tandis que Göbekli Tepe est à 37° 13′ 23″ nord, 38° 55′ 21″ est.

Ils se dirent entre eux : « Allons, faisons des briques, et cuisons-les au feu. » Et ils se servirent de briques au lieu de pierres, et de bitume au lieu de ciment. Göbekli Tepe est avant les briques, notamment cuites (au moins dans la région) et on n'a pas non plus trouvé du bitume ou goudron minéral ou végétal à Göbekli Tepe.

Bâtissons-nous une ville et une tour ... Göbekli Tepe ne montre pas beaucoup de verticalité dans son architecture. À la limite, les piliers en forme de T, vus de l'intérieur des rondelles, entourent des levers de la Lune ou du Soleil. Mais déjà, ils ne sont pas ce qu'on appelle normalement une tour.

Les réponses aux objections :

Sennaar et Sumer ... Francie et France ? La Francie de Charlemagne allait du Nord de l'Italie (jusqu'à Rome) aux Pays-Bas et de l'Océan Atlantique à l'Elbe. La France s'arrête au Sud-Est entre Menton et Ventimille, au Nord à la Gare Quiévrains, et à l'Est au Rhin. C'est que les Louis II de trois parties regnaient, un sur la France, un sur la Lotharingie, un sur la Germanie. De la Francie originale, deux parties sont découpées, Lotharingie et Germanie, et le restant garde le nom de la France. La langue espagnole ne peut pas distinguer nettement en un mot entre Francie et France. Ainsi aussi avec Sennaar (toute la Mésopotamie) dont Sumer est l'un des boûts. Exemple encore plus connu, Amérique s'applique à un (double) continent entre Alaska, Terreneuve et Cap Horn, mais aussi aux États-Unis.

Babel et Babylone ... Paris et Paris ? Boston et Boston ? Je me trouve à Paris, Île de France, mais il y a des Paris à Texas, Ontario, Tennessee et Illinois. Une ville Boston s'appelait au XVe S. encore Botulfestun, après St. Botulphe. Une autre ville se démarque par la Boston Tea Party.

Si Babel est pour la tradition hébraïque dérogatif, associé au verbe balal, faire déborder ou mélanger, ici confondre, c'est aussi pour Nemrod son nom de projet Bab-El, porte de Dieu. Il n'y a pas de quoi s'étonner que ce nom n'ait pas été laissé trop en jachère après l'échec à Göbekli Tepe. Il semble qu'un Babel intermédiaire a pu se trouver à Subartu, détruite par Sargon et rebâti à sa propre ville, Akkad. Donc, aux temps de Nemrod ou plus tard, l'endroit de la ville de Nabochodonosor s'appelait Akkad, et ça fut renommé en Babel / Bab-ilu par Sargon I. Ken Griffith and Darrell K. White** sourcent à peu-près cette théorie dans la tablette ABC20, La Chronique des Rois primordiaux.***

Briques et bitume ... ma casse-tête la plus sérieuse. Pour l'instant, je passe, ça mérite un article séparé. Mes solutions ne sont pas non-existantes, mais tentatives.

Tour ... ma casse-tête la moins sérieuse. Les fusées spatiales prennent en quasi toutes les langues leur nom des fusées pyrotechniques. Et celles-ci d'objets dont la forme ou le déroulement est comparable. La fusée d'une épée est l'endroit où l'on tient l'épée, fusée autour un pique montant de la lame. Rocket, Rakete, raket viennent de l'italien rochetto et une bobine est un truc en bois ou plastique autour duquel on aligne le fil ou la corde en des rouleaux. En italien même, razzo décrit plutôt le déroulement, c'est le mot vénétien pour rayon, parce qu'une fusée pyrotechnique qui monte fait un rayon de feu dans son derrière. En chinois il y a une mémoire de l'usage primordial et militaire, on appelle la fusée une "flèche de feu" ... tous ces termes donc aussi utilisés pour la fusée spatiale. Mais que devait-on appeler fusée spatiale si on n'avait pas connu des fusées pyrotechniques avant ? Une possibilité serait de l'appeler depuis sa forme avant de prendre l'élan, donc "une tour" ou plus précisément (pour une fusée à étapes) "une tour dont le cime atteindra l'espace" ... sauf qu'en ces temps, pour espace on disait plutôt le Ciel. Que dire de "une tour dont le cime atteindra le Ciel" ?

une tour dont le sommet soit dans le ciel,
turrim, cujus culmen pertingat ad caelum


Donc plutôt "dont le sommet atteigne le ciel" ...

Suis-je en train de dire que Nemrod aurait pu réaliser une fusée spatiale ? En rien de tout. Il n'avait au néolithique débutant pas les moyens de le faire. Si aujourd'hui un idiot se met en tête de bâtir une fusée spatiale sans une quelle-conque idée traitre comment s'y mettre, il y a suffisamment d'autres qui en savent quelque chose et qui l'arrêteraient. Mais à ce temps, les autres aussi n'avaient aucune idée comment bâtir une fusée spatiale, et les peux qui s'en sont rendu compte n'ont pas eu le poids contre les autres, qui suivaient Nemrod, récemment un très vaillant et efficace chasseur de mammouths. C'est d'ailleurs probable du texte que le projet ait pu être plébiscité par des gens encore plus ignares que lui.

« Voici, ils sont un seul peuple et ils ont pour eux tous une même langue ; et cet ouvrage est le commencement de leurs entreprises ; maintenant rien ne les empêchera d’accomplir leurs projets. Allons, descendons, et là même confondons leur langage, de sorte qu’ils n’entendent plus le langage les uns des autres. »


Dieu n'a pas dit qu'Il allait empêcher le projet, mais que rien empêchera "leurs projets" ... y compris donc la fusée spatiale ? Voyons, elle a été lancée dans le siècle récemment passé. Le délai était de vers 4500 ans, mais par ce délai, Dieu donna l'opportunité à Wernher von Braun. Et à son plagiateur Sergueï Pavlovitch Korolev. La première montée en espace par un homme, c'était Gagarine, monté de Baïkonour, à l'époque nommée Leninsk ou Zvezdograd ([ville] de Lénine, ville d'étoile[s]). Marquant par là Lénine comme le nouveau Nemrod, et Baïkonour comme une nouvelle Babel, environ comme Nemrod entendait Bab-El. Gagarine et Armstrong, Wernher von Braun et un peu moins Korolev, se sont fait un nom. Mais pas un monument architectonique.

Hans Georg Lundahl
Paris (ÎdF !)
St. Raphaël, archange
24.X.2025

Festum sancti Raphaelis Archangeli, cujus dignitas ac beneficia in sacro Tobiae libro celebrantur.

Bible citée Bible Crampon 1923 et Latin Vulgate Bible.

Notes:

* Les chapitres de la Bible ont été divisés par un évêque catholique nommé Étienne Langton. Les versets viennent de la Renaissance.
** An Upper Mesopotamian location for Babel (pdf sur le site des CMI)
*** Grayson, A.K. (Ed.), Assyrian and Babylonian Chronicles (Texts from Cuneiform Sources), Eisenbrauns, Ann Arbor, MI, 2000.

No comments:

Post a Comment