Saturday 18 July 2020

Imaginez que vous êtes peintre (je ne le suis pas, mais bon, c'est plus commun que mon truc)


Imaginez qu'un jour vous êtes dans la rue, et une association vous accueille, et on vous dit qu'on va vous essayer de trouver un truc en tant que peintre.

Imaginez que les mois passent, et vous vous rendez compte qu'on vous demande de prouver que vous êtes capable de tel ou tel ou encore tel chose qui est requise d'un coureur marathon, et on s'en fout très strictement de chaque chose qui aurais un rapport avec vos canevas, vos couleurs, vos pinceaux fines ou épaisses, vos palettes, vos traits arrondis ou zigzagués, vos choix de modèles (nus ou vêtus ou fruits sur une table), et tout ça, mais on vous demande fois après fois des exercices qui semblent davantage orientés vers une carrière de coureur de marathon.

Ou si vous disiez que vous étiez menuisier, et on vous demandait de faire le bûcheron.

Ou si vous disiez que vous voudriez couper les cheveux, et on vous demandait chaque qualification requise pour brosser les chaussures des passants, tour à tour.

Vous pourriez commencer de croire que cette association se fout aussi très strictement de votre choix de métier, c'est eux qui vous ont assigné un rôle.

Imaginez ensuite que vous avez d'autres associations à essayer, et même chose vous arrive là.

Vous pourriez commencer d'imaginer qu'on conspire pour vous empêcher d'être peintre, menuisier, coiffeur, et de vous forcer de devenir coureur de marathon, bûcheron, ou à défaut brosseur des chaussures des passants.

C'est à peu près ce qui m'arrive. Pour écrivain, on n'a pas besoin d'être capable de parler à tous le monde, y compris le plus ennuyeux. On n'a pas besoin de patienter pour avoir un éditeur, ça arrive ou ça n'arrive pas qu'on vous laisse attendre, mais ce n'est pas un requis du métier (juste que c'est un requis de ne pas laisser tomber si on vous laisse attendre, paraît qu'Astrid Lindgren avait envoyé un manuscrit à 50 ou 100 éditeurs avant d'avoir telle ou telle ouverture, je ne sais plus si c'était Britt-Marie ou si c'était son grand brise-glace Fifi Brindacier).

Mais on a besoin d'avoir des sujets qui intéressent, de les connaître, de se faire visible. Et dans le domaine d'écriture d'idées, de répondre aux objections des gens qui ne sont pas d'accord, plus vous avez une connaissance précise de leurs objections, plus ça aide.

Or, pour une existence comme assisté des hôpitaux ou des services sociaux, ou que ce soit comme missionnaire (pôle coureur de marathon ou pôle brosseur de chaussures), on a besoin de ça, et ce n'est pas ça que je présentais comme mon plan de relance.

Une volontaire d'assoc venait de me dire de passer à 15:00. J'y étais. Avant 15:00. J'y partais pas avant 16:21 (vérifié l'arrêt de bus devant).

Je n'ai pas eu le courriel de cette volontaire, par lequel j'aurais proposé une enquête par correspondences avec des savants comme public général, entre 5 et 10 personnes, nommés ou anonymes selon leurs choix, de faire connaître mes tables pour carbone 14, et de commencer un débat avec ceux qui (en tant que bons évolutionnistes éduqués en France qui est une mini-Soviétique par la laïcité des savants depuis des lustres) ne seraient pas d'accord.

Elle m'avait dit en avance que les bons tuyaux manquaient, mais pas qu'elle allait me faire patienter 1:20.

Là, je dois conclure, elle s'intéresse davantage de me préparer à une existence comme assisté. Ce n'était jamais mon plan en allant là-bas.

Hans Georg Lundahl
Paris
St. Camille de Lellis
18.VII.2020

PS, il y a encore des Catholiques en France qui se rappellent Camille Chaussinant? (Ou Chaussinand?)/HGL

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