Friday 31 August 2018

Les futurs Mozart, vraiment? Et les Sagan?


Scripsit Domnus Philippus Labro:

Bonjour et bienvenue, c'est votre rentrée, la nôtre, la mienne. Ce terme évoque, avant tout, le retour des élèves de tous âges, d'où émergeront, un jour, un nouveau Mozart, un nouveau Deschamps, une nouvelle Sagan, un nouveau Riner, une nouvelle Dolto, un nouveau Pesquet.


Merci pour "une nouvelle Sagan" (Françoise) et pas "un nouveau Sagan" (Carl). On a déjà trop d'évolutionnistes, même s'il était sympa et cultivé et savait raconter!

Pas de merci pour "le retour des élèves de tous âges" - ce qui évoque l'idée maçonnique qu'on soit élève toute la vie. Si vous vouliez juste dire touts âges entre 6 et 16, pardon, je me trouve un peu ... harcelé, par des maçons qui aimeraient me traiter comme élève parce que je ne suis pas maçon.

Mais, "un nouveau Mozart" - non.

À l'âge de onze, il compose avec Michael Haydn, alors 30 et avec Anton Cajetan Adlgasser, encore plus vieux, 38, une Opera d'école nommé Die Schuldigkeit des ersten Gebots. Il semble même que chacun des trois compose une partie - dont celle de Mozart a perduré.

On fait ça à l'école publique, laïque, gratuite et obligatoire? À part le thème très catholique, incompatible avec la laïcité, encore mille fois non.

Si à 11 on se trouve partenaire d'un trentenaire et d'un presque quadragénaire en une quelle-conque entreprise, alors, on a déjà été très spécialisé sur ce genre d'ouvrage. Et en effet : le jeune Mozart avait déjà pas mal étudié la composition musicale sous son père, et ceci parce qu'il n'était pas embêté par une quelle-conque école publique d'un curriculum valable pour tout jeune citoyen. Il n'a pas écrit un allemand "correct" (peut-être volontairement, mais il n'a documenté que sa capacité de le lire) et le libretto est écrit par un Ignatz Anton von Weiser.

On ne peut pas non plus créditer la maçonnerie de l'avoir aidé à devenir un meilleur compositeur, il était déjà excellent avant d'y entrer. Par contre, il étudia le contrepoint sous un Père Giovanni Battista Martini - un Franciscain, qui en théorie aurait dû mendier dans la rue, chaque jour, mais la règle avait été assouplie - et cette étude du contrepoint l'a aidé beaucoup.

Parlant de Sagan - Carl, pas Françoise - on doit noter que sa curiosité dépassait la capacité de ses professeurs à répondre et qu'il fréquentait très tôt les bibliothèques. Il avait un moment très décisif, grâce à ses parents, quand ils l'emmène à une exposition. Et il avait une mère qui avait des grandes expectations pour lui. Ceci devait être assez commun parmi les Juifs et les familles d'une origine quelque éloignée juive (comme la mienne) et ceci doit avoir compté beaucoup plus que l'école élémentaire. Chesterton disait, bien à propos, qu'un enfant à ... prouvait bien davantage l'éducation de ses parents que celle de ses profs.

Je ne retrouve pas la référence. Mais en le cherchant, je trouve autre chose:

Now nobody expects of course that the cabmen and coal-heavers can be complete instructors of their children any more than the squires and colonels and tea merchants are complete instructors of their children. There must be an educational specialist in loco parentis. But the master at Harrow is in loco parentis; the master in Hoxton is rather contra parentem.


"Or, personne, bien-sûr n'envisage que les conducteurs de fiacre et les travailleurs de charbon* puissent être des instructeurs complets de leurs enfant pas non plus que les hobereaux et les colonels et les marchands de thé sont des instructeurs complets de leurs enfants. Il doit y avoir un spécialiste d'éducation in loco parentis. Mais le maître à Harrow est in loco parentis; le maître à Hoxton est plutôt contra parentem."

Le point de vue présuppose une certaine ambition de culture générale plutôt que spécialisée ... je ne suis pas sûr que c'est correct pour les familles bien instruites, comme les enfants de Leopold Mozart ou nécessairement ceux de Samuel Sagan, et quand aux enfants des par exemple, des serveurs de bar, qui à leur tour deviennent serveur de bar, je ne les considère pas mal éduqués (au moins pas tous) mais je considère qu'ils sont suffisamment mal instruits par l'école publique pour par exemple prendre un créationniste pour un énergumène ou un Protestant Évangéliste à l'américaine.

Pas sûr que leurs parents n'auraient pas eu la même idée autrement, mais l'école publique, le fait de l'avoir subie, leur donne l'illusion d'avoir une instruction qui leur permet de ne pas s'occuper des arguments techniques, par exemple ceux dans mes jusqu'à présent trois parties sur l'histoire et l'idéologie de la préhistoire.** Qui leur permet, enfin, de mépriser ceux qui croient autre chose qu'ils viennent d'apprendre à l'école. Car, à part quand l'état providence vacille, ils ont une confiance très touchante dans l'état, et ça ne leur vient pas en esprit que ce que l'état exige comme matière obligatoire puisse être enseigné dans les écoles d'une manière erronée. Un état qui oblige à enseigner l'erreur est effectivement une aberration, et en est une très moderne, cette fois (qui n'est pas la première, voir la Réforme*** en Angleterre ou en Suède).

Pour revenir à Labro (un écrivain qui divague fait toujours bien de revenir au propos du départ), je trouve assez choquant en essence, quoique trop banal dans la société ambiante, que l'erreur enseigné par l'ordre de l'état soit encore aussi fourni d'une publicité qui parasite sur les génies dont l'éducation exceptionnelle et bonne, au moins en certains domaines (la musique pour Mozart, la capacité de raconteur pour Sagan - Carl, pas Françoise), n'est pas ou peu due à une telle éducation publique.

Hans Georg Lundahl
BU de Nanterre
St. Raymond Nonnat°
31.VIII.2018

* Je ne suis pas sûr si ce sont les mineurs ou les fournisseurs chez vous, il me semble cette deuxième chose.

** Sur le blog Φιλολoγικά/Philologica il y a les messages La Mea Culpa de Cartailhac ... mais pas de moi, J'avais évoqué les temps avant le décès de Noé pour Altamira et Lascaux ... et Je vais à Colin Renfrew ... comme promis. Il pourrait y avoir une suite.

*** Si en France on a eu des Protestants malgré les rois, ce n'était pas malgré toute autorité séculière, mais assez souvent à cause de riches marchants ou nobles, mais en plus, en Suède et en Angleterre, c'est même à cause de rois.

° Chesterton parlait justement d'une éducation qui prends en compte le point de vue des médecins ... et St Raymond Nonnat a vécu 36 ans. Oui, se livrer aux Musulmans n'a pas exactement prolongé sa vie ...

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