Wednesday, 29 September 2021

Réflexions ce jour de St. Michel


Réflexions ce jour de St. Michel · Mais à Babel Dieu a autorisé le nationalisme, non?

Je venais de lire Georges Mounin. Linguistique et Traduction, page 156, pour commencer:

Un autre problème est celui que pose la traduction, surtout littéraire, comme source de réflexion sur la psychologie des peuples. La littérature comparée a souvent bien étudié les déformations subies par l'image d'un peuple à travers sa représentation par un écrivain étranger : comment Taine a vu l'Angleterre, ou comment Michelet a vu l'Allemagne.


Parfois, en lisant certains nationalistes, je me dis que Taine et Michelet ne sont pas morts pour de bon ...

Ici, notons comment St. François de Sales parlait de ne pas dénigrer d'autres nations - à moins que ne vienne le loup.

On peut avoir des choses à dire contre un Lyell, un Darwin, un Galton de l'Angleterre ou contre un Haeckel de l'Allemagne. Mais on ne va pas dénigrer des Anglais qui ont lutté contre le Darwinisme et ses idées appliquées en société, comme l'était Chesterton, ni contre un Allemand créationniste jeune terre comme G. J. Burg, auteur de Biblische Chronologie, Trèves, 1894.

Et dénigrer les caractères nationales, ce serait comme d'attaquer Chesterton parce que lui aussi était anglais, G. J. Burg, parce que lui aussi était allemand.

Encore sur la même page :

La traduction, ses étonnements, ses découvertes et ses difficultés se sont exprimés à travers les mythes du "génie de la langue", dont la substance est celle-ci : le travail même de traduction révélerait que chaque langue a un génie propre - Humboldt disait : une façon propre de voire et d'obliger à voir le monde. Et par le biais de l'analyse de ce génie de la langue, on aboutirait à pouvoir décrire la "mentalité" de la communauté linguistique manifestée par cette langue. Le point de vue des linguistes aujourd'hui est infiniment plus nuancé et plus prudent, et en tout cas très différent, de celui de Rivarol ou celui de Humboldt ...


Je me souviens d'un blog par une des Sœurs Aryennes, quand la nature flexionnelle de l'indo-européen était censée incarner un talent linguistique autre que la nature agglutinante des langues africaines bantou, et qu'aurait-elle dit en sachant que les parleurs du bambara rejoignent l'allemand et le suédois en ayant un ordre de mots "sujet - objet - verbe" (les verbes finissant les subordonnées en allemand) ou deux tons (comme grave et aigu en suédois)? L'idée est simplement infondée.

Exemple notoire dans le Nord. Le suédois est une langue germanique, et plus précisément nordique. Il possède des genres masculin et féminin pour le pronom personnel du singulier (mais pas du pluriel - ce serait plutôt comme "les" que comme "eux, ils" ou "elles"). Aussi parlé en Suède et en Finlande est le finnois, une langue fenno-ugrienne. Au lieu de "han" pour "lui, il" ou de "hon" pour "elle", le finnois a "hän" pour lui ou elle. Des féministes ont proposé d'emprunter le "hän" pour une écriture inclusive. Une amie féministe à souhait (ou au-delà) vient d'exprimer que c'est assez ridicule : les Finnois étant beaucoup plus sexistes rt machistes que les Suédois.

Ou si les verbes slaves ont le présent / futur en désinances non gendrées, et le passé (simple si de la même racine que le futur, imparfait si de la même racine que le présent), en désinances distinguant le masculin du féminin, doit-on conclure que les langues slaves sont parlées par des gens qui considèrent que le dimorphisme sexuel appartient au passé de l'humanité?

Ou les Irlandais auraient une déficience de vue des couleurs (pas totalement comparable au daltonisme) parce qu'ils utilisent "glas" pour "vert" et pour "gris" (en ayant aussi "liath" pour "gris").

Je me souviens d'une phrase de Rivarol (la personne citée déjà) que cita Rivarol (l'hebdomadaire) - que le français serait la langue la plus logique, parce que la phrase est constitué de sujet, verbe et objet dans cet ordre. Un ordre qui certes réflète l'ordre de l'action d'un verbe transitif, qui commence dans le sujet et finit dans l'objet directe (ou, à travers lui, dans l'objet indirecte). Mais que dire alors de "je vois le Ciel" quand la lumière débute dans le Ciel et voyage envers celui qui le voit? Ou de "je suis harcelé par mes ennemis" quand le harcèlement part des ennemis et finit en moi? En toute vraisemblance, il n'a pas bien appris une autre langue, au moins au moment de le dire, et bafouillant péniblement cette autre langue mal apprise, il se soulage en refléchissant qu'elle est moins logique que la sienne, ce qui expliquerait son incompréhension ... comme le font certains immigrés dans les banlieux avec le français (dont l'orthographe n'est pas phonétique ! par exemple). À moins que Discours sur l'universalité de la langue française (1784) n'était de la rhétorique pour la rhétorique ... et que son maîtrise de l'allemand avait surmonté sa surprise ici exprimée pour une langue qui parfois posait le verbe (par exemple dans une subordonnée ou le verbe lexique en forme infinie après un verbe auxiliaire fini) à la fin de la phrase, et qui permettait au sujet de quitter sa place d'honneur en faveur du verbe (dans une principale après la subordonnée) ou en faveur d'un autre mot quand il était emphatique.*

En fait, une langue a moins besoin d'une iconicité (comme la nomment les linguistes la qualité d'un idiome de venir en même ordre de grandeur ou de chronologie que la réalité extra-linguistique) et de celle-ci en chaque phrase, que d'une uniformité mais souple, permettant à manier une variété de transitions entre divers concepts. Et entre l'acteur, l'acte, et, l'agi-dessus, les trois peuvent être sujets d'un énoncé logique, donc, il vaut mieux que les trois puissent être aussi sujets grammaticaux d'une phrase.

La page prochaine :

La psychologie des peuples existe certainement ... Mais longtemps encore, quand il s'agira de passer de la langue au caractère national, un linguiste ne peut conseiller que la plus grande prudence, j'irai même jusqu'à dire l'abstention.


Ce qui me soulage, même s'il est déjà décédé, vu qu'ici il y a des gens qui flairent dans mon usage du français une trace néfaste de la mentalité non-française qu'on refuse de préciser, par exemple suédoise ... juste parce que c'est un Suédois qui écrit ces lignes !

Il y a d'autres qui auraient des raisons en des vrais clivages à boycotter mon œuvre - par exemple parce que je suis contre l'avortement. Ou pour les mariages permis aux adolescents, notamment aux adolescentes.

Hans Georg Lundahl
Paris
St. Michel Archange, comme dit
29.IX.2021

* Son séjour en Allemagne était à Berlin - une ville avec pas mal de francophones. Un Africain ne maîtrisant pas le français pourrait tout aussi préférer la région parisienne à l'Aveyron.

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