Chesterton vs Joulié sur Miracles et sur l'Église

J'avais dit ceci:

Il prétend interprêter Chesterton quand il peut dire que Chesterton est gêné par les miracles. Qu'il appréciait les grandes miracles à régularité grande échelle ne veut nullement dire qu'il serait gêné par les petites miracles en apparence moins régulières.

Et en plus, parler d'un royaume dégradé en église à la manière de Loisy, en le citant, ça n'a aucune place dans un livre sur Chesterton.

Contre un Gérard Joulié.

Bon, faudra souligner chaqu'une de ces choses.

C'est très vrai que Chesterton avait une admiration pour les actes de Dieu qu'on pouvait considérer comme non miraculeux puisque trop réguliers. En fait, il les admire en partie comme miracles, un peu comme l'occasionalisme fait de chaque événement (au moins physique) un acte de Dieu, et des régularités et des causalités simplement un goût artistique du Créateur de l'Univers.

De ce point de vue, le miracle est simplement quand Dieu met un contraste artistique en place. Et comme artiste, Chesterton n'était nullement mal à l'aise avec le fait qu'une œuvre d'art vaudra mieux avoir des régularités mais aussi du contraste.

Pour le royaume devenu parfois routine de l'église, il pointe l'ère des Lumières comme une occasion dans le chapitre The Five Deaths of the Faith, selon le titrage vo en anglais. Et son point est, oui, on peut garder des évêques dans une société faites d'agnostiques, mais pour quelque raison, la foi revient.

It was said truly enough that human Christianity in its recurrent weakness was sometimes too much wedded to the powers of the world; but if it was wedded it has very often been widowed. It is a strangely immortal sort of widow. An enemy may have said at one moment that it was but an aspect of the power of the Caesars; and it sounds as strange to-day as to call it an aspect of the Pharaohs. An enemy might say that it was the official faith of feudalism; and it sounds as convincing now as to say that it was bound to perish with the ancient Roman villa. All these things did indeed run their course to its normal end; and there seemed no course for the religion but to end with them. It ended and it began again.

Il fut dit en bonne dose d'exactitude que le Christianisme des hommes, dans sa faiblesse récurrente, fut parfois trop l'épouse des pouvoirs de ce monde; mais les fréquentes épousailles furent suivies de fréquentes veuvages. C'est une veuve assez étrangement immortelle. Un ennemi aurait dit un moment donné que ce ne fut un aspect du pouvoir des César; et aujourd'hui, ça nous semble aussi incongru que de la considérer comme un aspect du pouvoir pharaonique. Un ennemi aurait pu dire que c'était la confession officielle du féodalisme; et ça sonne autant génuine que de la considérer comme devant périr avec la Villa romaine. Ces choses là ont toutes achevé leurs parcours normal; la religion devait normalement finir avec elles. Et elle-même finit et recommença.

Oui, il admet que parfois l'église a été accablée par une routine pas enraciné dans les sources de la foi, mais il ne le considère pas comme le spectacle en général.

Hans Georg Lundahl
Les Lilas
III Dimanche après Pentecôte
30.VI.2019