Dans les romans historiques, on a le choix de se baser sur des personnes historiques, comme l'inquisiteur Bernard Guy l'est pour Le Nom de la Rose (attention : il y est en marge, et ce qu'il fait dedans n'est pas documenté de lui, et ce qui est énoncé à propos de lui est au moins marginalement caricaturé), ou de faire des personnages fictifs et de les insérer dans une époque ou même une situation précise.
Or, Mattias Tannhauser n'a pas existé, son mentor Petrus Grubenius non plus.
Et quand à l'Inquisiteur Ludovico Ludovici, qui aurait envoyé Petrus Grubenius à sa mort et qui a un rôle prépondérant dans "La Religion", lui non plus. Un Ludovico Ludovisi a existé, mais il était cardinal, pas inquisiteur, et il a vécu plus tard que le roman de Tim Willocks.
Merci à la wiki:
https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Ludovico_Ludovisi_with_Gregory_XV.jpg
La peinture par Ottavio Leoni est déjà de domaine public.
Or, un autre personnage qui n'a pas non plus existé mérite encore d'attention: le prêtre Gonzaga.
Sans doute Tim Willocks ou un des patients qu'il a eus devrait avoir une rancune envers quelque prêtre nommé Aloysius. Il y a plein de gens qui ont Louis de Gonzague pour Saint patron chez les Catholiques en Angleterre ou en Irlande. Dans le livre d'Evelyn Waugh, Retour à Brideshead, Sebastian Flyte a nommé son nounours "Aloysius". Ce qui situe les Flyte immédiatement dans la minorité catholique.
Ou peut-être la référence était simplement envers ce nounours assez célèbre, par rapport à des prêtres prédateurs des "faux nounours très parodiques" pour ainsi dire.
Saint Louis de Gonzague (qui grécisait Luigi en Aloysius, plutôt que de le latiniser en Ludovicus) était pas juste un noble, mais de famille princière. Ses proches figurent parmi les ancêtres de Marie Antoinette et de Louis XVI (tous les deux). Donc, appeler un personnage Gonzaga dans un roman historique, ce serait l'équivalent de l'appeler Bernadotte sinon Windsor dans un roman contemporain.
Le prêtre très fictif qui porte ce nom malplacé est peint comme une crapule. Il est aussi peint comme assez typique pour les prêtres de son époque, le plus noble Ludovico Ludovici étant plus peint comme prêtre exceptionnellement cultivé, vrai etc, noble, quoi!
Dans une scène, il avait avec des constables de la police cloué un Juif à une chaire pour le torturer, et Sabato Svi (nommé par référence à Sabbatai Tsevi, ou le contraire m'étonnerait!) est un personnage noble, ici-même évoqué comme "Juif crucifié" ... son tortionnaire Gonzaga n'avait pourtant pas compté tomber sur la colère de Tannhauser.
Si un Juif avait été peint dans les mêmes couleurs que "Gonzaga", si le héro d'un roman l'avait massacré ou au moins maltraité d'une manière comparable à ce que fait Mattias Tannhauser à "Gonzaga", si en ce faisant ce héro avait très bonne conscience, le Juif étant peint (comme en occurrance Gonzaga) comme une crapule méritant d'avoir le cul brûlé et la bouche gâché par une poire de fer étendue dans la bouche et tirée à travers les dents, le romancier ne se trouvant pas en Troisième Reich aurait eu des soucies juridiques pour antisémitisme et pour incitation à la haine. Apparemment, avec un prêtre catholique, ça passe.
L'inquisition en générale est peinte comme par une mauvaise brochure de tourisme des états de l'Est, ou en Mexique à la limite. Page 73:
"Côté Église, la sainte Inquisition formait une véritable légion de kidnappeurs, tueurs et voleurs, et comptait dans ses rangs chevaliers, barons, marchands, artisans, criminels de tout acabit et, cela va sans dire, la majeure partie des forces de police locales."
Sur le chemin de St. Jacques, j'ai noté un livre qui disait le contraire. Des hommes qui désespéraient d'avoir cause entendue par la justice séculière, car pauvres, prenaient soin de faire un marge de l'affaire quelque délit mineur religieux, comme un blasphème en état de colère, pour ainsi être entendus par l'Inquisition. Là, ils avaient gain de cause, et ensuite pour expurger le blasphème, ils allaient à St. Jacques de Compostelle à pieds. Tellement l'Inquisition avait la réputation d'être juste.
Hans Georg Lundahl
Bibl. Audoux
Sts. Pierre et Paul
29.VI.2019
Je note, en cherchant le français pour "poire de torture" (qui n'a probablement pas été utilisée ainsi, sauf plus tard par des psychiatres), je trouve la référence à propos les règles juives pour la torture:
Maimonides issued a ruling in the case of a man who was ordered by a Beth Din to divorce his wife and refused that "we coerce him until he states 'I want to.'"[77] This is only true in cases where specific grounds for the verdict exist.[78] In the 1990s, some activist rabbis had interpreted this statement to mean that torture could be applied against husbands in troubled marriages in order to force them into granting religious divorces to their wives.[79] These rabbis were later implicated in the 2013 New York divorce torture plot.[80]
Forcing someone to divorce? Sounds like "neither want to keep the law, nor allow others to keep it" ... vos soch bovos? Glad to be Catholic!/HGL
PS, as a fine piece of irony, when I tried to share the link on FB to Penguin, I got this:
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Ils rigolent ou quoi?/HGL
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