La voici, chapitre 16 :
Et voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru : en mon nom, ils chasseront les démons ; ils parleront de nouvelles langues ; ils prendront les serpents, et s’ils boivent quelque breuvage mortel, il ne leur fera point de mal ; ils imposeront les mains aux malades, et les malades seront guéris.
Est-ce qu'une approche littéraliste donnerait raison au feu George Went Hensley ?
Est-ce le propre de CHAQUE Chrétien de prendre des serpents ?
Le problème n'est pas le littéralisme. Le problème est l'interprétation du pluriel τοῖς πιστεύσασιν / ceux qui auront cru. Si certains signes les accompagneront, il s'agit bien de la collectivité. Pas de chacun.
Et prenons les miracles un à un ... littéralement.
- en mon nom, ils chasseront les démons : les 72 l'avaient déjà fait
- ils parleront de nouvelles langues : le jour de Pentecôte, certains dont parle St. Paul dans l'épitre aux Corinthiens, St. François Xavier.
- ils imposeront les mains aux malades, et les malades seront guéris : les miracles de guérison ont encore lieu dans l'Église, parfois à l'occasion d'une Extrême Onction, où, effectivement, le prêtre impose ses mains au malade.
Deux autres sont plutôt rares, je ne connais qu'un exemple de chacun :
- ils prendront les serpents, : St. Paul sur Malte. Une des signes qu'il était un vrai Apôtre, un vrai croyant. En plus, dans ce même sens, St. Pierre le nomme "notre frère" ...
- et s’ils boivent quelque breuvage mortel, il ne leur fera point de mal : je note que πίωσιν est subjonctif de l'aoriste, je pense avoir vu le subjonctif du présent, il y a quelques années, sur Nestlé Aland, mais je n'ai pas la référence, ce qui voudrait dire aussi "s'ils se mettent à boire" ... St. Benoît allait être empoisonné par une coupe de vin empoisonné, il se mettait à boire dans le sens qu'il bénissait la coupe, qui, du coup, éclata. Si le bon texte est πίωσιν, il pourrait y avoir un autre accomplissement.
Mais la totalité de ces signes reste avec l'Église catholique. Et non avec chaque Catholique individuelle. La confusion du collectif avec le fidèle individuel n'est pas le propre des littéralistes protestants, c'est le propre des Protestants tout court. Un Protestant qui se garde bien de prendre des serpents dans la main, et qui clame "Mr. Hensley, fallait pas prendre ça à la lettre" (ce qui n'est pas la réponse catholique), qui en plus prend pas mal d'autres trucs de la Bible "pas à la lettre" (et pas en allégorie logiquement soutenue non plus !) va néanmoins faire la même faute exégétique réelle sur le mot de St. Jean, chapitre 5 :
Je vous ai écrit ces choses, afin que vous sachiez que vous avez la vie éternelle, vous qui croyez au nom du Fils de Dieu.
Il s'adresse à la totalité des fidèles, pas à chacun, il arrive qu'un tel ou tel n'est pas dans l'état de grâce, et qu'il mourra dans ses péchés et sera damné. Pour chacun, il y a l'expectation raisonnable que s'il reste avec l'Église, s'il demeure fidèle à ses enseignements, s'il essaie de se remettre en grâce après une chute (par la confession) il sera en état de grâce le jour qu'il meurt.
Ces Protestants vont donc prétendre que chaque fidèle n'as pas juste une expectation raisonnable, mais un savoir, et que, parce qu'il s'agit de vie éternelle, il ne pourra pas la perdre. L'Église ne peut pas la perdre et ceux qui demeurent dedans au moment de mourir sont par cette vie guéris de la mortalité le jour de la résurrection, tandis que les autres résurgiront à honte et avec une vie corporelle pire que la mort. Mais non, ces Protestants prennent "afin que vous sachiez" comme la forme polie d'un "afin que tu saches" et "vous avez, vous qui croyez" comme forme polie de "tu as, toi qui crois". Leur erreur n'a rien de littéralisme et il est totalement le même erreur que celui du feu Hensley.
Hans Georg Lundahl
Paris
Ste Radegonde, Reine
13.VIII.2025
Pictavis, in Gallia, sanctae Radegundis Reginae, cujus vita miraculis et virtutibus claruit.
PS, en certain pasteur Parr qui prend ses distances avec Hensley essaie deux autres mobiles de le faire. Voici : a) les versets 9—20 seraient probablement pas génuines, b) Jésus s'adressa juste aux apôtres, pas aux Chrétiens de tous les temps. La solution a) est contraire à l'enseignement de l'Église catholique (26 juin 1912, consulteurs Fulcran Vigouroux et Laurent Janssens, Q II "negative ad utramque partem") et la solution b) ne fait toujours pas la distinction — je n'ai pas encore vu toute la vidéo, entre fidèle individuel et l'église en communauté, mais en revanche, galvaude "ceux qui auront cru"./HGL
PPS, pour les anglisants, j'ai aussi un commentaire soutenu à la vidéo de Parr : Allen Parr is Right We Shouldn't Try to Handle Snakes (But Overall Wrong on Mark 16:17—18)
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