History of smallpox in Mexico n'existe pas en français. Il y a une version en anglais, ensuite anglais simplifié, une version en espagnol (comment non ?) et encore trois versions, koréen, chinois et l'arabe égyptien.
La version en anglais simplifié donne presque à croire que ça aurait pu être le cas. C'est pas juste la langue qui est simplifiée, l'article est simplifé aussi. Celle en anglais, non. La version espagnole donne davantage de questions que de réponses. La version anglaise par contre donne l'histoire assez probable. Il cite aussi Spanish and Nahuatl Views on Smallpox and Demographic Catastrophe in the Conquest of Mexico par Robert McCaa, de 1994.
En 1519—1520, on arrive avec la variole, au moins un cas. En 1520, il y a des épidémies régionales à Cozumel et à Veracruz, où le navire de Pánfilo de Narváez s'était arrêté. De mai à décembre 1520, la maladie se répand à Tepeaca et à Tlaxcala, et en automne 1520, elle y est à Tenochtitlán. Le seul leader indigène que nomme Cortés comme mourant de variole est Maxixcatzin, à l'époque déjà son allié. Pourtant, Cuitláhuac, successeur de Moctezuma II et prédécesseur de Cuauhtémoc y meurt aussi. Cette première vague de la variole coûte entre 5 et 8 millions de vies.
En 1545 c'est la variole ou le Cocoliztli, et en 1576, c'est (encore ?) le Cocoliztli. Ces épidémies coûtent en 1545 12—15 millions de vies et en 1576, 2 millions. Pour le Cocoliztli, on ne sait pas exactement ce qu'elle était. Certains pensent, la variole, certains sont en désaccord. Pour la variole à Tenochtitlán, un témoignage vingt ans plus tard et quelque (mieux chez McCaa que dans la wipipédie) donne ceci :
Contemporary Spanish texts reveal that their authors were familiar with smallpox and smallpox mortality. The fact that chroniclers described the epidemic of 1520 in considerable detail suggests unusual severity. Vázquez de Ayllón, Cortés and others compare the attack with epidemics in the islands, and never with Spain. Motolinía, in the Memoriales but not in the Historia, contrasts smallpox mortality with deaths from the siege of Tenochtitlán stating that for the former the principal victims were the poor and the children ("pobres y pequeños"), while in the latter it was the lords and the leaders ("señores y principales"). Most of the castellanos who accompanied Cortés did not say or write much about the conquest, but those who did so extensively commented on the devastation of the pestilence. , In a claim to the crown for compensation as a participant in the siege of Tenochtitlán, Bernardino Vázquez de Tapia testified in the early 1540s that:
The pestilence of measles and smallpox was so severe and cruel that more than one-fourth of the Indian people in all the land died—and this loss had the effect of hastening the end of the fighting because there died a great quantity of men and warriors and many lords and captains and valiant men against whom we would have had to fight and deal with as enemies, and miraculously Our Lord killed them and removed them from before us.
Les textes contemporains espagnols font paraître que leurs auteurs étaient familiers avec la variole et à la mortalité en variole. Le fait que les chroniqueurs de 1520 décrivent l'épidémie de 1520 en détail considérable suggère une sévérité inusitée. Vázquez de Ayllón, Cortés et d'autres comparent l'impact avec les épidémies des îles et jamais avec l'Esapgne. Motolinía, dans les Memoriales mais pas dans l'Historia, contraste la mortalité de variole avec les morts dans la siège de Tenochtitlán, et affirme que pour cell-là, les victimes principales étaient les pauvres et les enfants* ("pobres y pequeños"), tandis que dans celle-ci c'étaient les seigneurs et leaders ("señores y principales"). La plupart des castellanos qui suivaient Cortés dirent et écrirent peu de la conquête, mais ceux qui se démarquaient commentèrent extensivement de la dévastation par la pestilence. Quand Bernardino Vázquez de Tapia reclamait dans le début des années 1540' une compensation financière en tant que participant de la siège de Tenochtitlán, il témoignait :
La pestilence de rougeole et variole était tellement sévère et cruelle que plus qu'un quart des gens indiens de tout le pays moururent—et ceci avait l'effet de mettre fin aux battailles, car il y mourut grande quantité d'hommes et de guerroyers et beaucoup de seigneurs et capitaines et hommes vaillants contre lesquels nous aurions eu à nous battre et traiter comme d'ennemis, et miraculeusement Notre Seigneur les a tués et enlevé de devant nous.
Au moins Bernardino Vázquez de Tapia n'avait aucune idée que des Espagnols auraient fait exprès de contaminer les gens, pour lui c'était "une divine surprise" ... ici les wikipédiens font une remarque que je considère peu convaincante :
Although the native people of Mexico had no previous contact with smallpox, these Spanish texts showed that the Spanish population was familiar with the disease and the mortality that resulted from it.
"Bien que les indigènes du Méxique n'avaient aucun contact antérieur avec la variole, ces textes espagnols montrèrent que la population espagnole était familière avec la maladie et avec la mortalité résultante."
En fait, avec la maladie, oui. Mais hormis les gens qui avaient vu les ravages sur les Canaries, avec la mortalité non. Car, justement, les Espagnols avaient une immunité contre cette maladie assez endémique en Europe depuis un millennaire. Les Guanches** et les Indiens, non. D'où une mortalité incomparablement plus haute. Pour qu'un Espagnol puisse se dire "ça ne va pas nous nuire tellement, mais ça va les dévaster" il aurait dû avoir une expérience des Canaries et encore une certaine sophistication médicale. Pánfilo de Narváez était d'une cruauté, comme noté par Bartolomé de las Casas, mais il n'était pas des Canaries. Hernán Cortés n'avait pas vu les Canaries et en plus n'avait pas eu ce navire avec l'un cas de la variole.
On peut pas très bien imaginer, quand les Mandan en 1837 avaient une épidémie de variole, qu'un médecin états-unisien ou un missionaire se soit rendu chez eux. En juillet ils étaient 2000, en octobre il se comptaient en 23 ou 27 ou 138. On en sait peu.*** Pour les épidémies de la variole et du Cocolitzli, on a par contre des descriptions justement d'un Franciscain, Toribio de Benavente, dit Motolinia, après le premier mot qu'il apprit en nahuatl, désignant le habit déchiré, "quelqu'un d'affligé" ... et d'un médecin, le médic personnel du roi Philippe II, Francisco Hernández de Toledo.
Non, les Espagnols n'ont pas fait exprès de contaminer les Indiens avec la variole, et il semble que même les Mandans en 1837°, chez les États-unisiens, n'aient pas à se plaindre d'une telle perfidie non plus. Malchance, oui, insouciance, oui, mais pas une guerre biologique.
Hans Georg Lundahl
Paris
Veille de St. Laurent,
St. Jean-Baptiste Marie Vianney
9.VIII.2025
Vigilia sancti Laurentii Martyris. Sancti Joannis Baptistae-Mariae Vianney, Presbyteri et Confessoris, caelestis omnium parochorum Patroni; cujus dies natalis pridie Nonas mensis hujus recensetur.
* Ou peut-être plutôt les pauvres et les gens de petite station. **Sur les Canaries.
*** Autre article de la wikipédie anglophone absente de la wikipédie francophone :
https://en.wikipedia.org/wiki/1837_Great_Plains_smallpox_epidemic
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