Friday, 24 March 2023

Qu'est-ce que Jacques Arnould entend par "foi" ?


Jacques Arnould fait une histoire et philosophie des sciences atroces · Peut-être raisonne-t-il à très longs traits ... · Fait-il partie de gens qui me fictionnalisent, malgré moi-même ? · Problèmes en théologie ... · Prendre pour magistère ce qui n'en est pas ... · La présomption de Jacques Arnould · Qu'est-ce que Jacques Arnould entend par "foi" ? · Jacques Arnould peut avoir une intention noble

Fois après fois, il définit la foi par rapport au premiers moments vécus à partir d'avoir notice de la résurrection, à savoir par Ste Marie Madeleine, par St Pierre et St Jean.

Il définit la "foi" quasi comme leur audace de croire davantage que ce qu'ils avaient, tangiblement, de certitude.

Est-ce qu'il accorderait "foi" à Huet, ou à quelqu'un convaincu par lui, dont la Demonstratio Evangelica contient ces définitions, ces axiomes et ce résumé? Les voici :

Déf. I : « Un livre est authentique quand il a été écrit par l’auteur à qui on l’attribue et environ dans le temps qu’on lui assigne ».

Déf. II : « Un livre contemporain est celui qui a été écrit environ dans le temps où sont arrivés les événements dont il parle ».

Déf. III : « L’histoire est le récit d’événements déjà arrivés au moment où on les raconte ».

Déf. IV : « La prophétie est le récit d’événements futurs, qui n’étaient pas encore arrivés au moment où la prophétie a été faite, et qu’il est impossible de prévoir à partir de causes naturelles ».

Déf. V : « La religion est celle qui ne propose à croire que des choses vraies ».

Déf. VI : « Le Messie est l’homme-Dieu envoyé de manière divine par Dieu pour sauver les hommes, et prédit par les prophètes dans l’Ancien Testament ».

Déf. VII : « La religion chrétienne est celle qui déclare que Jésus de Nazareth est le Messie, et qui admet pour vrai tout ce qui est écrit à son sujet dans les livres sacrés de l’Ancien et du Nouveau Testament2 ».

Ax. I : « Un livre est authentique quand il a été cru tel dans tous les temps sans interruption depuis sa publication ».

Ax. II : « Une histoire est vraie quand elle rapporte les faits comme ils sont rapportés par d’autres auteurs contemporains, ou qui vivaient dans des temps rapprochés des faits qu’on rapporte ».

Ax. III : « Une prophétie est vraie quand ce dont elle a prédit l’avènement est réellement arrivé ».

Ax. IV : « Tout don de prophétie vient de Dieu1 ».

Les livres de l’Ancien et du Nouveau Testament ont été écrits dans le temps et à l’époque qu’on leur assigne, ainsi que par les auteurs auxquels on les attribue ; il s’ensuit que l’histoire et la vie de Jésus de Nazareth ont été prédites dans l’Ancien Testament longtemps avant qu’on en trouve l’accomplissement dans le Nouveau. En admettant donc que les livres de l’Ancien et du Nouveau Testament ont été écrits dans le temps qu’on leur assigne et par les auteurs auxquels on les attribue, et que les prophéties concernant Jésus de Nazareth et contenues dans l’Ancien Testament ont reçu leur accomplissement dans le Nouveau, il faut nécessairement admettre que les livres de l’Ancien et du Nouveau Testament sont vrais. D’un autre côté, si les prophéties de l’Ancien Testament concernant Jésus de Nazareth ont reçu leur accomplissement dans le Nouveau, et si les livres de l’Ancien et du Nouveau Testament sont vrais, il faut en conclure que Jésus de Nazareth est le Messie2.


Cité à partir de
LA MÉTHODE GÉOMÉTRIQUE DANS LA DEMONSTRATIO EVANGELICA DE PIERRE-DANIEL HUET
LÆRKE (Mogens), « La méthode géométrique dans la Demonstratio evangelica de Pierre Daniel Huet», Éthique, politique, religions, n° 8, 2016 – 1, La religion philosophique des Lumières, p. 49-67
DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-06300-1.p.0049
https://classiques-garnier.com/export/pdf/ethique-politique-religions-2016-1-n-8-la-religion-philosophique-des-lumieres-la-methode-geometrique-dans-la-demonstratio-evangelica-de-pierre-daniel-huet.html?displaymode=full


Jacques Arnould ne le trouverait peut-être pas trop génial - où est-ce que ça nous laisse avec la liberté subjective de croire ou ne pas le faire, comme l'avaient, apparemment, les premiers le matin de Pâques?

J'avais, comme dit dernier volet, lu jusqu'à page 51.

Je ne relis pas le déjà lu ce matin, mais je lis en diagonale ce qui suit ...

Plusieurs fois, il nous parle du matin de Pâques, de Sainte Madeleine, de Saint Pierre et de Saint Jean, de l'annonciation que le Seigneur est resuscité, et de l'absence de preuve tangible en ce moment.

Une fois il mentionne St. Thomas le Jumeau. Une fois il parle de "matin de Pâques et les jours suivants", et de "Pentecôte" ... nulle part, il ne parle du fait que les jours qui suivaient étaient 40, truffés de rencontres avec le Seigneur, truffés de preuves tangibles aussi pour ceux dont la foi n'était pas sous la reproche soufferte par Saint Thomas.

Il semble prendre le titre de son livre dans le sens de "Dieu se dispense de nous fournir de vraies preuves et nous demande quand même de croire" ou "nous invite quand même de croire" .... il est donc très accomodant envers ceux qui nient qu'il y ait des preuves pour Dieu. S'il pense que Lyssenko se soit trompé, il est davantage accomodant envers les Marxistes qui critiquent Pie XII. Et envers Dawkins - comme j'ai lu en diagonale, je n'ai pas encore capté la nuance où il trouve que celui-ci dépasse les bonnes bornes, il y a un tel moment pour Jacques Arnould.

Peut-être imagine-t-il que les apparitions de Notre Seigneur seraient explicables en principe comme des phénomènes neurologiques. Mais dans les récits, dans les évangiles et autre part, il y a plusieurs facteurs qui vont contre cette théorie. L'exégèse catholique traditionnelle de l'Ancien Testament (y compris des 11 premiers chapitres de la Genèse) vient en ce qui excède l'exégèse synagogale débutante des quarante jours que Jésus parle aux disciples. Les hallucinations ne sont pas fameux pour des discours structurés.

Et l'idée que des gens aient falsifié les récits en rétrospective n'est pas soutenu par d'arguments pertinents, sauf le scepticisme généralisé vis-à-vis des miracles ...

Pourtant, les spéculations sur la neurologie qui me paraissent assez bidon, par exemple de la part de Dawkins, si ma mémoire ne me trompe pas, l'impressionnent davantage Jacques Arnould que la sciences des créationnistes. Il les compare gaiement à Lyssenko. Celui-ci n'était pas un généticien, mais Georgia Purdom, Nathaniel Jeanson, Gene Jean Lighter, le sont.

Il peut s'attarder sur Jacques Monod, sans de noter que son mécanisme proposé pour les nouveaux gènes, était génétiquement impossible. Et qu'on pouvait le connaître déjà en son temps. J'ai lu un Que sais-je? sur la cellule des mêmes années que Le Hasard et la Nécessité. Il y est clairement marqué que chaque être d'une espèce sexuée reçoit chaque gène (hormis les chromosomes sexués) en deux exemplaires, dont l'exemplaire paternel et l'exemplaire maternel sont distincts, mais Monod imaginait l'origine de nouveaux gènes fonctonnelles accélérable par la combinaison d'une mutation du père avec une mutation de la mère. Non, non, la mutation du père reste sur le chromosome paternel, la mutation de la mère sur le chromosome maternel.

En fait, il semble que Jacques Arnould ait loupé sa vocation, il aurait dû être artiste, il pense quasi tout en images, et non en arguments. Par exemple, il pense "science" dans l'image de scientifiques en consensus, et "créationnisme" dans l'image d'une image publicitaire un peu émotive (et sans de noter que sa critique de cette image loupe l'eugénisme et ses liens presque directes avec le Darwinisme), et dans l'image du Musée de la Création, et sans doute, la Résurrection dans l'image du matin de Pâques. Car, les 40 jours entre ce matin et l'Ascension, c'est un peu moins facile de résumer dans une image.

C'est grâce à des théologiens qui certes peuvent imaginer mais aussi peuvent raisonner, que nous avons des choses telles que la Demonstratio evangelica de Pierre Daniel Huet - ou, puisqu'il est tellement sensible à la neurologie, les preuves de Dieu en Miracles par C. S. Lewis ... si la pensée humaine n'était que neurologie, on n'aurait pas de raisons de la penser accédant à la raison dans un quelconque sens objectif, et donc pas non plus à s'y fier pour la neurologie. Non plus.

Hans Georg Lundahl
Paris
St. Gabriel
24.III.2023

Festum sancti Gabrielis Archangeli, qui ad annuntiandum Incarnationis divini Verbi mysterium a Deo missus est.

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