Wednesday 29 January 2020

La notion de l'espace chez Newman


Ce que Newman appelait "une économie" ... · La notion de l'espace chez Newman

Page 112 de sa Grammaire de l'assentiment:

"L'espace n'est pas infini, car rien, si ce n'est le Créateur, n'est tel." Partant de cette thèse comme d'une information théologique à admettre, comme un fait, non certes comme un fait d'expérience, nous arrivons tout de suite à un mystère insoluble, car si l'espace n'est pas infini, il est fini, et un espace fini est une contradiction dans les notions, l'espace comme tel impliquant absence de limites.


Ce sera peut-être pas du tout l'idée que Newman avait lui-même du sujet, comme plus ou moins insinué dans la phrase suivante.

Ici encore, c'est notre notion qui nous emporte au-delà du fait, et en opposition avec lui, en montrant que dès le départ ce qui nous appréhendons de l'espace ne correspond pas à la chose sous tous ses aspects, car nous n'avons d'elle aucune image.


Je vais par contre dire une chose ou deux sur les problèmes de ce concept ou de cette notion de l'espace, que peut-être il ne partage pas, comme je l'espère, mais qu'il vient de présenter.

Le problème est simplement que là il pose une notion kantienne ou newtonienne de l'espace. L'absence d'une limite logiquement déterminée est prise comme détermination logique d'une absence de limite.

L'espace pourrait s'arrêter à gauche de moi juste au-delà du mur, rien dans la notion de l'espace l'interdit ... mais de fait, il ne s'arrête pas là, il y a des causes physiques qui l'interdisent (concrètement typiques pour la terre, ce qui n'est pas le cas au-delà des étoiles fixes) et il y a des savoirs empiriques qui le contredisent (empirie très directe qu'on n'a pas des choses au-delà des étoiles, normalement). Je prends ici "l'espace" comme réalité physique, soit un "vide" normal physique ou soit encore rempli d'atomes. Mais il n'y a pas a vide pure, l'absence de particules élémentaires n'impliquant pas l'absence d'éther par exemple.

Kant prend l'espace comme simple notion abstraite ... et le vide comme un vide absolu. Si l'espace n'a pas besoin d'une quelle-conque réalité physique pour être espace, l'absence d'une réalité physique créée ne l'arrête pas. Mais justement, bas vers haut, gauche vers droite, arrière vers avant, ce sont des réalités physiques, cette conception kantienne qu'elles ne s'arrêtent pas est erronée.

Continuer les trois dimensions vers l'infinie revient à vouloir confondre droit et gauche potentiels, une hiérarchie potentiel de droite à gauche, mais vide de choses dont une est à gauche ou à droite d'une autre, avec la dimension réelle de ce qui est à gauche ou à droite de moi jusqu'à la limite (certes arbitraire, non fondé logiquement dans la notion) de l'univers créé - et ainsi pour les dimensions de ce qui est en bas ou au-dessus de moi ou derrière ou avant. L'infini qu'il y a est potentiel, le réel ou en acte qu'il y a, a des limites.

Mais, précisément parce que l'idée que l'univers s'arrête à tel endroit et non deux mètres plus à gauche ou deux mètres plus à droite est une idée d'une chose arbitraire, il déplaît à des gens comme Kant - pourtant, que nous devons éviter d'être arbitraires dans nos raisonnements ne veut pas dire que nous nous devons de ne pas raisonner vers la réalité d'une chose arbitraire. Donc, Kant, non merci.

Il doit y avoir eu des assez bons thomistes pour lui communiquer ce non merci que j'ai donné à l'idée de Kant. Bon, le théologème dont part Newman est :

"L'espace n'est pas infini, car rien, si ce n'est le Créateur, n'est tel."

Ici, il ne s'agit pas d'un infini purement potentiel, mais d'un infini parfaitement actuel. Chose qui n'existe ni en arithmétique, ni en géométrie. Et l'infini en substance est un mystère, comme dira Newman pour d'autres raisons.

Hans Georg Lundahl
Bibliothèque Pompidou
St. François de Sales
29.I.2020

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