Wednesday 1 January 2020

[Continué d'hier]


Pie XII, le 22.XI.1951 faisait confiance à une date pour la terre de 5 milliards d'années · Continuons d'hier · Haydock et Garrigou-Lagrange · Vérités dangereuses? · [Continué d'hier]

Christine Pedotti, opere citato, page 85, sur la Curie romaine de juste avant le "concile" de Vatican II:

Évidemment, peu leur importait que leur vérité entre en contradiction aussi bien avec les récentes études bibliques qu'avec la recherche scientifique. Ils étaient prêts, au nom de leur logique doctrinale, à réaffirmer sans nuance la réalité de la création du monde telle que rapportée dans la Bible contre toute la théorie de l'évolution ou de garantir que l'espèce humaine est issue d'un couple premier et unique (monogénisme). Il ne leur apparaissait à aucun moment qu'en agissant ainsi ils couraient le risque d'une nouvelle affaire Galilée. D'ailleurs, ils continuaient à chercher des ennuis au père de Lubac qui soutenait l'œuvre et la pensée de Pierre Teilhard de Chardin.


Il y a quelque temps, on m'avait demandé combien de longtemps il avait eu des Catholiques bien notables qui soutenaient la position qu'on qualifie de nos jours de créationnisme jeune terre. Pour la Curie romaine, au moins à la veille du "Concile".

Et c'est pour ça qu'il est très probable qu'au paragraphe 3 de Dei Verbum on avait, même de la part des modernistes, choisi une formulation que des gens comme Ottaviani, Bacci, et ainsi de suite pouvaient accepter.

L'Américain Karl Keating vient de me demander (en parallèle avec l'autre demande orale, faite à Paris) si je ne connaissais pas des ouvrages à la fois catholiques et créationnistes jeune terre plus récent que par exemple Veit à Vienne 1865, Die Anfänge der Menschenwelt, ou Burg à Trèves 1894, Biblische Chronologie.

Il prétextait que ceci serait intéressant pour les solutions des problèmes plus récentes. Pour les solutions purement techniques, genre montée du taux de carbone 14 et échantillons mal datés parce que d'une époque quand le taux n'était que 50, 25, 12 ou encore moins pour cent de carbone moderne, je n'ai ni honte de prendre d'astuces de Protestants (très minoritaires parmi les Protestants, d'ailleurs), ni de difficulté pour élaborer parties des solutions moi-même. Et pour savoir que la position soit restée valable doctrinalement, il me suffit des ecclésiastiques qui l'ont soutenue, même s'ils l'ont soutenue sans avoir des solutions techniques aux problèmes.

Il y a une différence entre l'Église et l'Académie qu'il convient de noter. Dans l'Académie on peut parler des choses comme "il y a des gens qui ont l'opinion créationniste jeune terre, mais tous qui ont le droit d'avoir une opinion" (à savoir une opinion que les académiciens prendraient en compte) "la rejettent." Ce qui n'est d'ailleurs pas le cas.* Mais dans l'Église, la vérité traditionnelle peut passer par des évêques qui sont ignorants sur les problèmes, tant qu'ils sont au courant de la tradition de l'Église. Même avec des gens comme Ottaviani, qui (selon le portrait que nous donne Pedotti, peut-être injuste) n'ouvriraient pas vite un livre de paléontologie, la tradition peut passer.

Et, comme nous le dit Pedotti, elle a passé jusqu'à la veille de "Vatican II". Donc, elle a passé aussi par les évêques qui ont signé Dei Verbum** assurés par le paragraphe 3 que le document est créationniste jeune terre.

3. Préparation de la Révélation évangélique

Dieu, qui crée (cf. Jn 1, 3) et conserve toutes choses par le Verbe, donne aux hommes dans les choses créées un témoignage incessant sur lui-même (cf. Rm 1, 19-20) ; voulant de plus ouvrir la voie du salut d’en haut, il s’est manifesté aussi lui-même, dès l’origine, à nos premiers parents. Après leur chute, par la promesse d’une rédemption, il les releva dans l’espérance du salut (cf. Gn 3, 15) ; il prit un soin constant du genre humain, pour donner la vie éternelle à tous ceux qui, par la constance dans le bien, recherchaient le salut (cf. Rm 2, 6-7). Au temps fixé, il appela Abraham pour faire de lui un grand peuple (cf. Gn 12, 2) ; après les patriarches, il forma ce peuple par l’intermédiaire de Moïse et par les prophètes, pour qu’il le reconnaisse comme le seul Dieu vivant et vrai, Père prévoyant et juste juge, et qu’il attende le Sauveur promis, préparant ainsi au cours des siècles la voie à l’Évangile.


CMI - Creation Ministries International - ne serait pas en désaccord.

Reste à savoir pourquoi tellement de Français aient soutenu Teilhard. En partie, parce que Mangenot avait jeté l'éponge quand à une défense raisonnée du récit biblique au pied de la lettre. Et en partie, parce que des gens - pas Catholiques, d'ailleurs - avaient utilisé un fixisme absolu des espèces pour argumenter que les Noirs n'aient pas Adam comme ancêtre. D'où un intérêt pour le "transformisme". Le créationnisme actuel est pour un transformisme limité, non pas pour un fixisme absolu.

Très évidemment, parmi les réjeteurs du "Concile" on a très vite eu des gens à soutenir le créationnisme jeune terre et qui ne venaient pas du Protestantisme.

Mais même au sein des accepteurs du "Concile" on a eu, jusqu'aux temps que "Jean Paul II" s'en mêle, ou même au-delà, à nos jours mêmes, des Catholiques pleinement traditionnels sur ce point.

Hans Georg Lundahl
Ivry
Circoncision du Seigneur
1.I.2020

* exemple : https://creation.com/stuart-burgess-interview-biomimetics

** Vatican II, Constitution dogmatique du 18 novembre 1965, Dei Verbum
http://www.vatican.va/archive/hist_councils/ii_vatican_council/documents/vat-ii_const_19651118_dei-verbum_fr.html

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