Monday, 26 February 2024

La Genèse, détruit-elle la loi naturelle ?


La loi naturelle dit que ce qui est faux en soi a toujours été faux, ce qui est droit en soi a toujours été droit, et les valeurs correctes n'ont pas changé.

La Genèse, chapitres 2 à 4, laisse entendre que Caïn épousa sa sœur, donc fit, apparemment correctement (car le juste Seth fit de même), ce qui de la suite a été faux et interdit.

Or, St. Augustin d'Hippone n'est pas d'accord. Voici Cité de Dieu, livre 15, chapitre 16, premier paragraphe:

[XVI]* Cum igitur genus humanum post primam copulam uiri facti ex puluere et coniugis eius ex uiri latere marium feminarumque coniunctione opus haberet, ut gignendo multiplicaretur, nec essent ulli homines, nisi qui ex illis duobus nati fuissent: uiri sorores suas coniuges acceperunt; quod profecto quanto est antiquius conpellente necessitate, tanto postea factum est damnabilius religione prohibente. Habita est enim ratio rectissima caritatis, ut homines, quibus esset utilis atque honesta concordia, diuersarum necessitudinum uinculis necterentur, nec unus in uno multas haberet, sed singulae spargerentur in singulos ac sic ad socialem uitam diligentius conligandam plurimae plurimos obtinerent. Pater quippe et socer duarum sunt necessitudinum nomina. Vt ergo alium quisque habeat patrem, alium socerum, numerosius se caritas porrigit. Vtrumque autem unus Adam esse cogebatur et filiis et filiabus suis, quando fratres sororesque conubio iungebantur. Sic et Eua uxor eius utrique sexui filiorum fuit et socrus et mater; quae si duae feminae fuissent, mater altera et socrus altera, copiosius se socialis dilectio conligaret. Ipsa denique iam soror, quod etiam uxor fiebat, duas tenebat una necessitudines; quibus per singulas distributis, ut altera esset soror, altera uxor, hominum numero socialis propinquitas augeretur. Sed hoc unde fieret tunc non erat, quando nisi fratres et sorores ex illis duobus primis nulli homines erant. Fieri ergo debuit quando potuit, ut existente copia inde ducerentur uxores, quae non erant iam sorores, et non solum illud ut fieret nulla necessitas esset, uerum etiam si fieret nefas esset. Nam si et nepotes primorum hominum, qui iam consobrinas poterant accipere coniuges, sororibus matrimonio iungerentur: non iam duae, sed tres in homine uno necessitudines fierent, quae propter caritatem numerosiore propinquitate nectendam disseminari per singulos singulae debuerunt. Esset enim unus homo filiis suis, fratri scilicet sororique coniugibus, et pater et socer et auunculus; ita et uxor eius eisdem communibus filiis et mater et amita et socrus; idemque inter se filii eorum non solum essent fratres atque coniuges, uerum etiam consobrini, quia et fratrum filii. Omnes autem istae necessitudines, quae uni homini tres homines conectebant, nouem conecterent, si essent in singulis singulae, ut unus homo haberet alteram sororem, alteram uxorem, alteram consobrinam, alterum patrem, alterum auunculum, alterum socerum, alteram matrem, alteram amitam, alteram socrum; atque ita se non in paucitate coartatum, sed latius atque numerosius propinquitatibus crebris uinculum sociale diffunderet.


Votre latin n'est pas au top ? Bon, je vais vous le traduire:

Quand alors, après le premier couple, celui d'un homme fait de poussière et sa femme faite de sa côte il fallait l'union de maris et des femmes, pour qu'on soit multipliés par les naissances, et il n'y avait aucun homme, sauf qui étaient nés de ces deux là : alors les hommes prirent leurs sœurs comme épouses ; ce qui, autant que jadis par la contrainte de la nécessité, autant depuis est devenu trop damnable, la religion l'interdisant. Car c'est la logique droite de la charité, que les hommes, qui ont besoin et honneur de la concorde, soient liés par des liens de diverses nécessités, et qu'un ne soit pas dans la position plurielle, mais que les relations nécessaires soient distribuées sur les homme et ainsi plusieurs obtiennent de nouer plusieurs à la vie sociable. Le père alors et le beau-père sont les noms de deux relations nécessaires. Dans la mesure qu'on ait un comme père et un autre comme beau-père, la charité s'extend plus nombreuse. Le seul Adam était donc les deux, par nécessité, pour ses fils et filles, quand les frères et les sœurs se sont liés de mariage. Ainsi Ève, sa femme, pour les enfants de chaque sexe était belle-mère et mère; mais si elle avait été deux femmes, une mère et une belle-mère, l'affection sociale se serait unie d'une plus grande extension. Et la même enfin déjà sœur qui devenait aussi femme, avait à elle seule deux relations nécessaires ; qui, distribuées par deux, qu'une soit la sœur et une autre la femme, la proximité sociale des homme serait augmenté en nombre. Mais de quoi le faire, il n'y avait pas le moyen, quand, à part frères et sœurs il n'y avait pas d'homme de ces deux premiers. Alors il fallait le faire quand il y avait le moyen, une fois la multitude existante, on prit des femmes qui n'étaient pas déjà sœurs, et pas seulement, il n'avait pas de besoin de faire ça, mais si on l'avait fait, ça aurait été une souillure. Car, si aussi les petits-enfants des premiers hommes, qui déjà pouvaient prendre des cousines en tant que femmes, s'étaient unis à des sœurs en mariage : ce ne seraient déjà pas deux, mais trois relations nécessaires dans un seul homme, lesquelles devaient être dispersées par divers, pour nouer la proximité plus nombreuse. Car un homme aurait été pour ses enfants, c'est à dire pour une frère et une sœur en couple, à la fois père et beau-père et oncle ; ainsi sa femme aurait été pour les mêmes enfants en commun à la fois mère et tante et belle-mère ; et entre soi, leurs enfants auraient été pas seulement frères et époux, mais aussi cousins, car issus d'une fratrie. Mais toutes ces relations nécessaires, qui liaient une personne humaine à trois, la lieraient à neuf, si elles étaient distribuées sur plusieurs, ainsi qu'eût un homme la diversité entre sœur, femme et cousine, entre père, oncle et beau-père, entre mère, tante et belle-mère ; et ainsi le lien social ne se répand pas dans la paucité des proches, mais plus nombreux par des proches serrés.


En gros : une fois qu'Adam et Ève avaient des petits-enfants, ceux-ci pouvant s'épouser entre cousin et cousine, pas seulement il n'avait pas été nécessaire de le faire entre frère et sœur, mais ça aurait collé encore une couche aux syncrétisme des fonctions familiales, ce qui aurait été une de trop.

Donc la non-condemnation des relations entre frères et sœurs dans la deuxième génération de l'humanité, ce n'est pas un changement de critère, parce que ces couples n'étaient pas équivalents, donc, ils pouvaient être des mariages honnêtes. Dès que l'équivalent de maintenant était en place, c'est devenu interdit.

D'autres ont prétendu que la raison vraie et profonde de l'interdit d'inceste est génétique plutôt que social, si c'est le cas, alors quelle bonheur qu'on ait respecté cet interdit sans le comprendre, pas mal de temps. Mais alors aussi, pas de quoi rendre les mariages de Caïn et de Seth malhonnêtes ou dangereux. Les mutations dangereuses ne sont pas produits par ce genre d'unions, elles augmentent juste le risque que les deux exemplaires du chromosome aient, les deux, une même mutation dangereuse.** Telle est l'explication de la plupart des créationnistes scientifiques, qui sont un peu plus branchés sur la science que sur les pères de l'Église.

Hans Georg Lundahl
Paris
St. Victor d'Arcis
26.II.2024

* De :
AUGUSTINI DE CIVITATE DEI LIBER XV
https://www.thelatinlibrary.com/augustine/civ15.shtml


** Je pense y avoir déjà répondu, il y a un certain nombre d'années. Ah oui, entre 2018 et 2020 : New blog on the kid : Un prétendu généticien me parla dans la rue · Me réfuter, ce n'est pas me manquer du respect - ni de prétendre de le faire ... · Répliques Assorties : Consanguinité - le démon qui n'en est pas (quora) · Caïn et sa femme, revisités (sur quora)

No comments:

Post a Comment