Saturday 3 August 2024

Une Bible anglaise porte le nom de deux communes en France.


Douai et Reims. Ou presque. Pendant l'Ancien Régime, on orthographiait Douay Rheims, ceci étant le nom d'une Bible en langue anglaise.

Rheims publie le Nouveau Testament en anglais en 1582.

Douay publie Genèse à Job en anglais en 1609 et Psaumes à II Macchabés en 1610.

Pourquoi une ville française, héritière du baptême de Clovis, et une ville à l'époque impériale et espagnole, pas encore française, vont-elle publier une Bible en anglais ?

Et pourquoi, surtout après l'existance des Bible de Genève (aussi traduit du français à l'anglais), Bible de Tyndale, Bible des Évêques et juste avant la Bible entière en 1611 la version du roi Jacques ?

En 1949, il y avait un émetteur qui transmettait en russe et dans d'autres langues des pays de l'Est, mais qui émettait de Munich en Allemagne.* Elle s'appellait Radio Free Europe. Disons comme ça, Rheims et Douay fonctionnaient comme un Munich, et leurs presses commes Radio Free Europe.**

Ma Bible anglaise n'est donc pas roi Jacques, comme celle des Anglicanes, ma Bible anglaise est Douay-Rheims.

Et être pour le Catholicisme en Angleterre en 1582 ou 1609 ou 1610, c'était autant dur que d'être pour Christianisme ou Libre Marché derrière le Rideau de Fer en 1949.

Un des martyrs, ouvertement devant tous les badauds de Londres ou de Tyburn, le 12 février 1584, George Haydock était traîné sur une claie jusqu'à la potence, pendu, mais pas à la mort, découpé de la potence et équarri, mis en quatre, avec quatre autres prêtres. Il avait étudié à Douay, visité Rome, était ordiné vrai prêtre selon le rite de Melchisédech à Rheims, 21 décembre 1581, et s'en alla à l'Angleterre, pour sauver des âmes et déposer sa propre pour le Christ. Le mode de punition avait été instititué par le roi Edouard III, mais pas pour punir des prêtres pour célébrer la Messe, évidemment.

Dans la Chronique de Froissard, apparemment, on peut lire sur un autre homme puni de la même manière. Hugues le Despenser avait réduit les pouvoirs des barons, apparemment pour servir sa propre cupidité, et dans une guerre il en exile beaucoup. Quand ils reviennent, il sera puni comme ça. Le 24 novembre 1326 à Hereford. Selon certains aussi pour avoir été "le mari du roi". Pareille mort pour Dafydd ap Gruffydd, ayant osé régner sur le Pays de Galles sans les accords du roi d'Angleterre, pour William Wallace, ayant butté Angleterre hors Écosse, Gilbert Middleton avait exigé 500 marks d'un évêque de Durham, il était exécuté de la manière comme rebelle, et j'en passe.

Comparable, en 1584, être un prêtre catholique, célébrer la Messe de St. Pie V et non la Cène du Livre de la prière commune.

Belloc notait que, c'était par des exécutions pareilles, pas que le peu de martyrs, mais par contre la grande masse du peuple anglais perdit la Foi catholique.

Dans ce monde les collèges de Douay et Rheims firent figure de Radio Free England ... sauf que leur message n'arrivait pas par ondes électromagnétiques émises par d'antennes, mais par les ondes de La Manche et ensuite à pied ou à cheval, souvent pour finir interrompu par un séjour pénible à Tyburn, avant le Ciel. Qui aime Ivan and the Secret in the Suitcase? Le truc est, George Haydock risquait plus gros que Ivan Nazaroff. Il payait. Et pas juste dans une fiction par Myrna Grant.

Il avait un frère, Richard, qui enseigna la théologie à Rome. Un frère ou un cousin allait avoir une progéniture appelé George Leo Haydock. Il étudiat en France jusqu'à devoir fuire la Révolution. Heureusement pour lui, certaines des lois anti-catholiques étaient déjà abolis. En 1791, il y avait un Catholique Relief Act, pas comparable tout à fait à Constantin, mais un peu comme la Hongrie décrite chez Myrna Grant avait moins d'entraves que le Moscou d'elle-même.

Il va publier la Bible de Haydock, c'est à dire une colonne le texte de Douay Rheims, en dessous des passages parallèles et la chronologie (pour l'Ancien Testament selon Ussher), l'autre colonne le commentaire. Pour le Nouveau Testament, il cite très souvent l'évêque Richard Challoner et l'évêque George Witham. Pour l'ancien, il peut très bien citer Dom Augustin Calmet ou Jacques Tirin.

Un verset exemplifie la différence de manière très nette, Matthieu 6:7 :

But when ye pray, use not vain repetitions, as the heathen do: for they think that they shall be heard for their much speaking.

And when you are praying, speak not much, as the heathens. For they think that in their much speaking they may be heard.

Par rapport au grec, ça aurait été plus juste de traduire :

"make no stuttering speeches, as the heathens" / "ne faites pas des discours bégayants comme les ethniques".

Ou simplement "stutter not, as the heathens" / "ne bégayez pas comme les ethniques".

Le latin de la Vulgate est l'origine du choix "speak not much" / "ne faites pas beaucoup de discours" ... l'idée de répétition d'un énoncé est absent en grec et en latin, ceux qui bégaient ne répètent pas leurs énoncés, mais la première lettre avant d'y arriver. En plus battologein n'est pas "bégayer" (ce qui serait battein) mais "parler comme bégayant" ou "faisant des discours bégayants" ... il ne s'agit ni de mantras, ni de prières préfabriqués, il s'agit bel et bien de discours peu sûrs de la requête mais en des couches d'éloquence, comme la prière ou le discours à la fin du livre de Velleius Paterculus, qui prie ses dieux pour Rome. Il prie à peu près tous ses dieux pour Rome (j'exaggère, à moins que la version que les copistes chrétiens nous ont laissée est abrégée), il dit à peu près la même requête, il varie l'élocution pour qu'au moins une des versions atteigne au moins une des divinités qu'il énumère.

Répéter une prière dont on sait en avance les mots et dont on est sûr, ce n'est pas contre Matthieu 6:7, le verbe est "battologein" et non "thrallein" (réciter). La version roi Jacques a tort. La version Douay-Rheims a raison (cocorico, si vous voulez !).

Pourquoi j'écris ceci ? Parce autre jour j'allais décrire ce que c'est Douay Rheims pour une femme du quartier, et elle semblait imaginer que je parlais de roi Jacques utilisée par les Anglicanes.

Notons, il y a des Anglicanes que j'apprécie (C. S. Lewis), comme il y a des Évangélistes que j'apprécie (Myrna Grant). Mais je n'apprécie pas la Réforme anglicane ou ses œuvres directes.

Hans Georg Lundahl
Paris
L'invention des reliques
de St. Étienne et d'autres
3.VIII.2024

Hierosolymis Inventio beatissimi Stephani Protomartyris, et sanctorum Gamalielis***, Nicodemi et Abibonis, sicut Luciano Presbytero divinitus revelatum est, Honorii Principis tempore.

Pour les articles de la wikipédie que j'ai consultés, commencez à George Haydock et à George Leo Haydock (l'article en anglais n'existe pas en français, mais en espagnol si vous le préférez à l'anglais).

PS: ceci devrait ne pas s'apprendre chez Max Gallo. Peut-être parce que le député socialiste n'était pas un grand fan de l'Église./HGL

PPS, semble que j'avais trop tôt utilisé son article, il retrouvait la foi chrétienne en 2001 ... un peu trop tard pour que ça soit le marqueur principal de sa culture générale./HGL

* Même les Bavarois qui tiennent le plus à Freistaat Bayern admettent que celui-ci a autant peu de souveraineté, juste autant d'autonomie vis-à-vis l'Allemagne, que les Texas vis-à-vis les États-Unis.
** C'est plus tard que ça s'appelle Radio Liberty, une fois que ce n'est plus un secret.
*** St. Gamaliel, décrit chez Valtorta et connu de ses admirateurs.

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