Monday, 12 August 2024

C'est quoi réalisme ? Est-il souhaitable ?


L'enfance n'est pas un mal dont il faut guérir, juste une incomplétude dont il faut grandir · C'est quoi réalisme ? Est-il souhaitable ?

Entre deux poilus, Duhamel et Tolkien, après avoir juste jeté un œil dans Confession de minuit j'ai une préférence pour Tolkien, pourquoi, est-ce par allergie contre le réalisme et par extension contre la réalité ?

Évidemment, Confession de minuit donne un récit réaliste sur un destin dans les grandes entreprises (la sienne avait 2000 employés). Tolkien ne fait rien de tel.

De l'autre côté, si quelqu'un allait se demander s'il allait finir comme Salavin en Confession de minuit, qui semble évidemment n'être que la partie 1 d'une série, mais dont la fin est aussi assez sombre dans sa vue du concerné (je n'ai pas quitté de femme en Suède et Paris n'est pas Tunis, même pas le 20e), je ferais confiance à Tolkien de donner le meilleur conseil d'ami, et le conseil le plus réaliste.

Le mot réalisme (et mots apparentés) ne s'emploie pas de la même manière dans les deux cas.

Celui qui me comparerait à Salavin, ou Tafardel, désolé, il n'a pas une vue réaliste sur moi. Il a entendu les épisodes les plus potentiellement incriminants. Il a entendu la version la plus incriminante sur chaque épisode. Ou il a regardé la situation avec une sélectivité pour la misère. Une sélectivité prononcée.

Ceci malgré le fait que la scènerie et l'arrière-fonds social et en situation de IIIe République (probablement la pire des V) de Clochemerle est plus réaliste que ceux du The Hobbit. En comparant deux comédies. Et malgré le fait que les circonstances de Salavin sont plus réalistes que celles de Frodon ou Sam, pour comparer des choses un peu plus sérieuses ou sombres.

C. S. Lewis comparait le fantasy avec les fantasmes personnels, en concluant que l'un et l'autre n'ont que peu à voir. Un auteur qui vise sur les fantasmes du lecteur, sur un lecteur qui gratifie ses désirs en les rêvant dans le livre plutôt que de les réaliser dans sa vie, il ne va pas écrire du fantasy. Il va écrire les choses dans le style le plus réaliste possible. Pour écoles logées, Harry Potter qui est dans une scènerie carrément pas réaliste allèche peut-être un peu les désirs du lecteur, mais les détourne et donne des leçons. Pour les désirs servis, "imagine-toi sportif et musical" ... il y a deux romans d'Autriche, où une école ne survit qu'en école logée dans un château (Autriche en garde beaucoup davantage que la France, ni Richelieu, ni Révolution française), et toute la vie scolaire assez strictement réaliste avec très peu de concessions au fantastique, exception faite pour le soir quand deux écoliers retournent sur patins à roulettes derrière la voiture du prof. Je ne retrouve pas ces romans en cherchant sur google. Et je ne les ai pas pu relire après mon séjour réel sur une école logée réelle (SSHL).

Non seulement les fantasmes de réalisation de soi, mais aussi ceux de commisération de l'autre peuvent utiliser les scèneries réalistes, pour ne pas détruire l'illusion du lecteur. Voir soi-même dans le malingre qui joue accordéon mais n'arrive pas le piano (parce qu'il joue accordéon à boutons), qui est maigre mais redoutable sur la piste d'athlétisme, qui se trouve bizuté par un cousteaud qu'il surnomme (notamment pendant la course) "Muskelprotz mit Spatzenhirn", qui fait ses paix avec ce cousteaud une fois qu'il le respecte (après d'être battu ou presque sur la course), certes, c'est malsain. Surtout pour quelqu'un qui ne joue pas d'instrument et qui a tendance à finir dernier sur la piste, comme c'est mon cas. Mais, désolé, s'entrainer à voir l'autre comme Salavin ou comme Tafardel, ce n'est pas beaucoup plus sain non plus.

Tolkien et C. S. Lewis (un autre poilu) ne gratifient pas les fantasmes de grandeur (accessible et sans graves conséquences, donc désirable), et pas les fantasmes de commisération non plus. Si je peux ainsi nommer le genre de littérature pour laquelle certains docteurs ont un flair. Ils offrent parfois des analyses très à propos, très succincts, de certains modes de comportement, pas moins la domination ou le désir malsain. Pour être lus par des gens moins masochistes que le lectorat de Dostoëvski, ils visent les scèneries et les situations fantstiques, quoique certainement moins oniriques que chez Hugo Pratt (je suis dans une bibliothèque qui expose Corto Maltese, ce soir).

Sous le Soleil de Satan est aussi trop noir pour moi. Mais je ne pense pas qu'il s'agit de gratifier les fantasmes de commisération. Je suis un peu allergique à des romans qui montrent un peu trop la patte d'un écrivain docteur (à moins d'être polars, Conan Doyle, ça passe). Chez Duhamel, chez P. C. Jersild, chez Mika Waltari (pas médecin, mais patient), je vois le genre de cynisme, la commisération de tout le monde, ou d'un personnage principal, qui empoisonne les relations avec fantasmes de commisération. Chez Tolkien et Lewis, je vois d'équanimité et d'objectivité dans les descriptions des personnages.

Hans Georg Lundahl
Paris
Ste Claire d'Assise
12.VIII.2024

Sanctae Clarae Virginis, primae plantae Pauperum Dominarum Ordinis Minorum; quae ad aeternas Agni nuptias evocata est pridie hujus diei

[martyrologe d'hier:] Assisii, in Umbria, natalis sanctae Clarae Virginis, primae plantae Pauperum Dominarum Ordinis Minorum; quam, vita et miraculis celebrem, Alexander Papa Quartus in numerum sanctarum Virginum retulit. Ipsius tamen festum sequenti die celebratur.

PS: Confession de minuit a eu le Grand prix des Meilleurs romans du demi-siècle, choisi par un jury. Le Seigneur des Anneaux a été découvert comme le plus aimé roman de la nation (anglaise).

PPS: Une tactique de domination j'ai tellement vu que je n'ai pas besoin de la lire chez Tolkien ou C. S. Lewis, c'est de tamponner l'adversaire comme infantil. J'ai peur que les gens qui m'ont fait ce coup pas mal sont en train de vouloir me refaire en stoïque. Le bon Tolkien Lore explique pourquoi Arondir, précisément en tant que stoïque, est mauvais comme elfe: What are Tolkien’s Elves REALLY Like??

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