Tuesday, 24 September 2024

En défense de M. Claude Eon


New blog on the kid : Vive Claude EON ! · Φιλολoγικά/Philologica : Mais il pourrait profiter d'une histoire des idées un peu plus correcte ! · New blog on the kid : En défense de M. Claude Eon

Je cite Rivarol n° 3629, page 8, certains mots d'Adrien de Boysson :

Si une interprétation littérale de certains versets ...


Josué 10,13 pourrait refleter la cosmologie des Hébreux, sans d'oublier ce qui se trouve devant les sens. Josué 10,12 décrit par contre comment Josué, après une prière, dont les paroles ne sont pas données, pour le compte du Bon Dieu ordonne le miracle par ses paroles. Si la Terre est ce qui cessa de tourner après qu'il avait ordonné à Soleil et Lune de ne pas bouger, alors ce serait la seule fois dans la Bible que les mots d'un thaumaturge s'adressent à autre choses que ce qui doit changer les qualités naturelles ou pathologiques.

Pire, certains Luthériens du XIXe. S. en Suède ont suggéré que Dieu s'accomoda à une erreur populaire, pas seulement alors, mais aussi quand, selon eux, Jésus (homonyme de Josué, c'est le même nom en hébreux) s'adressa à des démons purement fictifs pour guérir une maladie purement endogène du psychisme du concerné. C'est l'hérésie totale.

Contrairement à ce qu’affirme M. Eon, l’héliocentrisme n’est pas une théorie sans preuve, puisque celle-ci fut administrée formellement en 1727 par l’astronome britannique James Bradley par ses travaux sur l’aberration de la lumière.


L'essentiel de cette "preuve" est que, si la Terre tourne annuellement autour du Soleil, elle a chaque jour une certaine vitesse qui correspond à l'angle changé du gros des étoiles pendant l'année, puisque le sens de cette vitesse changerait aussi chaque jour.

D'ailleurs, en ce qui concerne la parallaxe que d'autres ont considéré comme la preuve finale, elle n'est pas mesurée en elle-même, mais la parallaxe d'une étoile est mesurée par rapport à l'aberration changeante.

Le problème est que ceci suppose que les étoiles sont vraiment fixes, restent en place les unes par rapport aux autres. Ce que nous savons déjà par le "mouvement propre" que ce n'est pas le cas. Ou, à la limite, que les mouvement propres ne peuvent pas être circulaires. Or, si des anges peuvent faire bouger les corps célestes, ils peuvent faire bouger les étoiles fixes, pas juste dans le mouvement propre de l'étoile de Barnard, mais aussi dans la parallaxe d'alpha du Centaure et aussi l'aberration du gros lot des étoiles.

Est-ce une grande supposition pas gagnée en avance que de dire "si les anges peuvent faire bouger les corps célestes" ? Pour un Athée, certes. Pour un Catholique, non. Les anges ne font pas bouger des choses par force musculaire. Ils n'ont à la limite même pas de taille. Ils ont le pouvoir de faire bouger, à volonté, des choses matérielles. Et, dans la Bible, ils sont associés aux étoiles. Parmi les choses qu'il ne faut pas adorer, il y a "le soleil, ou la lune, ou toute l’armée du ciel" comme on trouve en Deutéronome 17,3. Donc "l'armée du ciel" = la totalité des corps célestes visibles. Mais le ciel a réellement une armée. Un Juif pourrait à la limite dire que "l'armée" n'est que figurative, mais un Chrétien non, il doit admettre que "douze légions d'anges" auraient été très heureux de délivrer Jésus des guardiens du Temple.

En plus, St. Thomas lit Job 38,7 dans ce sens.

quand les astres[165] du matin chantaient en chœur, et que tous les fils de Dieu poussaient des cris d’allégresse ?


Chanoîne Crampon en note 165 nous dit :

Les astres et les anges ou fils de Dieu, forment l’armée (hébr. tsâbâ) du ciel, et comme la milice du Seigneur, appelé pour cette raison Dieu des armées (Elôhê Tsebaôth).


Mais pour St. Thomas, astres et anges ne sont pas deux composants diverses de cette armée.

Quod autem dicuntur astra matutina Deum laudare potest uno modo intelligi materialiter, inquantum scilicet propter sui claritatem et nobilitatem erant materia divinae laudis, etsi non hominibus qui adhuc non erant, saltem Angelis qui iam erant; alio modo secundum illos qui dicunt corpora caelestia animata, astra in suae institutionis initio Deum laudabant non laude vocali sed mentali; quod etiam potest referri ad Angelos quorum ministerio caelestia corpora moventur, ut quod subditur et iubilarent omnes filii Dei referatur ad Angelos supremae hierarchiae, quos Dionysius dicit esse collocatos in vestibulis deitatis: et ideo signanter illis tamquam inferioribus laudem, istis autem tamquam superioribus attribuit iubilationem quae excellentiam quandam laudis importat.

CORPUS THOMISTICUM
Sancti Thomae de Aquino
Expositio super Iob ad litteram
a capite XXXVIII ad caput XLI
http://www.corpusthomisticum.org/cio38.html


Je vais essayer de traduire :

Mais le fait que les astres du matin chantent peut d'une certaine manière être interprété matériellement, c'est à dire en tant qu'ils sont matière de la louange de Dieu par leur clarté et noblesse, à moins de l'être pour les hommes qui encore n'étaient, au moins pour les anges, qui étaient déjà; d'une autre manière selon eux qui disent que les corps célestes sont animés, les astres dans le début de leur institution louaient Dieu, non par louange vocale, mais mentale; ce qui peut aussi être rapporté aux anges, par le ministère desquels les corps célestes sont mûs, de manière que les mots ajoutés "et que tous les fils de Dieu poussaient des cris d’allégresse" se rapporte aux anges de la suprème hiérarchie, que Dénis* dit être placés dans le vestibule de Dieu: et pour ça, de manière pregnante il attribue aux autres, comme inférieurs, la louange, mais à ceux-ci, comme supérieurs, les cris d'allegresse qui signifie une forme d'excellence de la louange.


Je sous-ligne :

ce qui peut aussi être rapporté aux anges, par le ministère desquels les corps célestes sont mûs,


Dis-donc, il pensait que les corps célestes étaient régulièrement mus par les anges ? Oui. Ce qui dispense de toute valeur probatoire pour l'héliocentrisme, que ce soit en rétrogrades des planètes, que ce soit en parallaxes, que ce soit en aberration. On pourrait alors répondre (on vient de me le faire) "vous croyez que Dieu aurait voulu que ses anges trompent l'humanité en nous faisant croire l'héliocentrisme ?" ... non. Je crois que Dieu a voulu que ses anges le fassent d'une manière esthétique comme partie de leur louange, et que l'humanité n'est pas obligée à croire aux élucubrations de Bradley ou Herschel ou d'autres astronomes. La vaste plupart de l'humanité n'ayant pas même pu observer ces mouvements, aberration, parallaxe ou (comme pour l'étoile de Barnard) le mouvement propre.

Galilée, qui avait apporté des arguments en faveur de l’héliocentrisme et n’était pas un anticlérical, avait lui-même suggéré qu’il fallait interpréter les passages bibliques qui semblaient en contradiction avec l’héliocentrisme de manière symbolique et non littérale.


Oui, Galilée, le condamné, pas César Baronio comme l'ont voulu certains apologistes, de Catholic Answers, notamment. Car Baronio était déjà mort en 1607, avant l'affaire Galilée. Je ne vois aucune malheur en ce que l'Inquisition n'ait pas voulu accorder ceci, car l'héliocentrisme n'avait pas de preuves alors, et non plus de nos temps depuis. Par contre l'Église avait déjà une interprétation de Josué chapitre 10. Le mal de Luther n'était pas littéralisme, mais le désaccord avec l'exégèse héritée des Apôtres.

Sur la citation des Provinciales (sur l'Index, si je me souviens bien), les mots finales :

et si l’on avait des observations constantes qui prouvassent que c’est elle qui tourne, tous les hommes ensemble ne l’empêcheraient pas de tourner, et ne s’empêcheraient pas de tourner aussi avec elle.


Là, par contre, on peut parler d'un grand si, d'un "pas gagné en avance" ...

Condamnation qui sera levée au XVIIIe siècle par le pape Benoît XIV après les découvertes de Bradley.


Comme j'avais appris l'affaire, Benoît XIV n'a pas levée la condemnation sur héliocentrisme comme énoncé catégorique sur la vérité physique, uniquement sur l'héliocentrisme comme hypothèse mathématique, ce que nous appellerions un "modèle" ... mais, effectivement après les découvertes de Bradley. Quand Giuseppe Settele veut l'énoncer de manière catégorique sur la réalité physique, il est d'abord condamné par l'Inquisiteur Père Anfossi, OP. Pape Pie VII le force à céder sur la condemnation, mais pas sur la position géocentrique. Édouard Le Roy va soutenir qu'il n'y en a pas besoin en général. Il s'est trompé en imaginant que la question est irrésoluble. En absence de preuve pour l'héliocentrisme, on suit les observations géocentriques (y compris celles de Galilée, de Bradley, de Herschel, car ce ne sont pas leurs observations qui sont héliocentriques, ce sont leurs interprétations), on les suit telles quelles. Les Athées, ne croyant pas l'existance de volontés avec suffisamment de pouvoir pour faire bouger les astres, ne le peuvent pas, ne suivons pas leur exemple !

Hans Georg Lundahl
Paris
Notre Dame de la Miséricorde
24 septembre 2024

Festum beatae Mariae Virginis de Mercede nuncupatae, Ordinis redemptionis captivorum sub ejus nomine Institutricis, de cujus Apparitione agitur quarto Idus Augusti.

* Pour St. Thomas, l'Aréopagite, le Céphalophore de Paris, l'auteur de De Caelesti Hierarchia n'étaient qu'un.

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