Sunday, 15 September 2024

Onfray peu crédible CAR


... il maltraite Flave Josèphe.

4:16—4:30
oui mais il y a des textes qui attestent Flave Josèphe toujours les mêmes ça fait des années qu'on a expliqué que Flave Josèphe c'était le texte concernant les Chrétiens était tardif qui n'était pas de Flave Josèphe et qui prouvait qu'il existe des Chrétiens : que je sache ça ne fait pas la preuve de l'existence de Jésus


Expliquer et prouver sont deux choses différentes.

En plus, "paradoxa erga" dans le texte, ce ne sont pas forcément des miracles, et ce n'est pas forcément une approbation.

Ça pourrait être une désapprobation, par exemple des deux fois qu'il chassa les marchands du temple, la non-lapidation de l'adultère (sans de faire référence direct au pouvoir romain), les repas sans de se laver les mains d'abord, les grains de blé cueilli les Sabbaths, et j'en passe.

Les gens qui ont "expliqué" que Flave Josèphe n'avait pas écrit ce passage, car le Juif qu'il était ne l'aurait pas fait, alors, ça exaggère le débit de louange que le texte (Testimonium Flavianum ou TF) donne à Jésus, et ça exaggère peut-être aussi l'unité des Juifs à ce propos dans l'année quand il est en train d'écrire.

Il est très chaleureux pour les Chrétiens, mais pas sur Jésus Lui-Même:

Le Testimonium flavianum se trouve aux paragraphes 63 et 64 du Livre XVIII. Plusieurs manuscrits datant du Moyen Âge en présentent des versions différentes. La plus courante est identique à celle citée par Eusèbe de Césarée (~265-~340) dans deux de ses ouvrages : L’Histoire ecclésiastique et la Démonstration évangélique. Le texte aurait cependant pu être retouché par des copistes chrétiens, notamment pour les passages signalés entre crochets :

« En ce temps-là paraît Jésus, un homme sage, [si toutefois il faut l'appeler un homme, car] ; c'était un faiseur de prodiges, un maître des gens qui recevaient avec joie la vérité. Il entraîna beaucoup de Judéens et aussi beaucoup de Grecs ; [Celui-là était le Christ.] Et quand Pilate, sur la dénonciation des premiers parmi nous le condamna à la croix, ceux qui l'avaient aimé précédemment ne cessèrent pas. [Car il leur apparut le troisième jour, vivant à nouveau ; les prophètes divins avaient dit ces choses et dix mille autres merveilles à son sujet.] Jusqu'à maintenant encore, le groupe des chrétiens [ainsi nommé après lui] n'a pas disparu3,4. »


Analysons, en tenant compte de Paul Maier qui considère impossible que le passage soit complètement génuine, "Josèphe ne l'aurait pas proclamé comme Le Messie"

Imaginons que Josèphe avait une attitude plutôt adversarielle envers Notre Seigneur. Est-ce que tout le texte tel qu'il est s'explique de cette perspective ?

En ce temps-là paraît Jésus, un homme sage, [si toutefois il faut l'appeler un homme, car] ; c'était un faiseur de prodiges,


Prodiges = paradoxa erga. L'historien Eusèbe cite "si toutefois il faut l'appeler un homme" en le prenant lui-même comme synonyme de "plutôt Dieu qu'homme" mais certains auraient pu dire "plutôt diable qu'homme" ...

un maître des gens qui recevaient avec joie la vérité. Il entraîna beaucoup de Judéens et aussi beaucoup de Grecs ;


Il peut avoir voulu dire qu'Il abusa de la naïveté du type de personnalité qu'on appelle "chercheurs de vérité" ... la référence aux Grecs contredit les Évangiles dans lesquels tous ses disciples sont Juifs, de Judée ou Galilée, Il avait des disciples un peu à distance près du puit de Sichar (la conversation avec la Samaritenne est encore un des "paradoxa erga" que certains Juifs verraient d'un mauvais œil), mais pas de gens directement parmi les Romains ou Grecs qui le suivaient.

Quand Josèphe l'allègue, ça peut être un anachronisme, Jésus a très vite eu des disciples parmi les Ethniques à partir de l'eunuche de la Candace et de Cornelius le centurion. Rétropasser ça dans la vie terrestre de Notre Seigneur impliquait de l'accuser de ne pas respecter les limites ...

[Celui-là était le Christ.]


Notez le temps. Il écrit "était" et non "est" ... il peut avoir considéré Jésus comme un Messie ayant fait faillite dans sa mission. Pas comme LE Messie promis version finale, mais comme le plus respectable candidat de son époque, et ensuite il faut encore attendre. Mauvais plan, on accepta Bar Kokhba pour ça, mais bon, ça n'empêche pas que ce serait ce que pensait Josèphe.

Ou il a pu vouloir tenir compte du nom "Chrétiens" ...

Et quand Pilate, sur la dénonciation des premiers parmi nous le condamna à la croix,


Il s'identifie quelque part avec les dénonceurs.

ceux qui l'avaient aimé précédemment ne cessèrent pas. [Car il leur apparut le troisième jour, vivant à nouveau ; les prophètes divins avaient dit ces choses et dix mille autres merveilles à son sujet.]


Le "car" peut être pour Josèphe la raison subjective des Chrétiens. Il n'est pas forcément d'accord avec ça lui-même. Par contre, il ne trouve pas d'autre explication qu'il met en avant comme plus plausible.

Jusqu'à maintenant encore, le groupe des chrétiens [ainsi nommé après lui] n'a pas disparu


Pour gagner quoi que ce soit pour nier que Josèphe allègue l'historicité du fondateur du Christianisme, il ne suffit pas de mettre "ainsi nommé après lui" entre crochets, il serait nécessaire de couper le début et le contexte, car "En ce temps-là paraît Jésus" vient parmi une énumération de candidats à Messianité ou Libération des Romains.

Ceci dit, un livre tenu comme de Flave Josèphe est pour les Orthodoxes le "Quatrième Livre des Maccabéens" et on allègue que Josèphe (comme aussi Gamaliel) est mort en tant que Chrétien. En plus, un moment donné, on l'avait accusé d'être Chrétien, il s'est défendu, il a mis des Juifs devant les tribunaux romains pour regagner son droit au culte et à la communauté juive. Au minimum, ça donne un Flave Josèphe qui n'a pas une identité judaïque toute faite et complète avec dédain pour le Christ et les Chrétiens en prime. Il écrit pas dans un débat juif interne, mais en explicant la Judaïté aux Romains, et a pu ne pas vouloir totalement désavouer les Chrétiens comme simplement "non-Juifs" (ce qui rendrait leur refus d'adorer le César illégal devant les autorités romaines). Cette volonté a pu inspirer le passage (avec les parties en crochets) et le passage a pu se solder avec la mise à l'écart par les synagogues. Qui, en son tour, avec un délai, passé le temps qu'il fit le procès pour être reconnu Juif, a pu contribuer à sa conversion.

On est donc d'abord très loin d'avoir "expliqué" que le passage serait pas de Flave Josèphe, mais encore il fait bel et bien référence pas juste aux Chrétiens, mais à Jésus Lui-Même. Mais en plus la logique d'Onfray est un peu hâtive :

qui prouvait qu'il existe des Chrétiens : que je sache ça ne fait pas la preuve de l'existence de Jésus


Qu'il existe des Chrétiens de nos temps, ça ne prouve peut-être pas l'existence de Jésus. Mais on parle de Chrétiens qui existaient déjà du vivant de Flave Josèphe, lui-même né juste quelques années après la mort (et résurection) de Jésus. Qu'il y a de nos jours des gens qui admirent General Patton est un argument pour que Patton ait existé. Si en mille ans, alors on trouverait des fans de Patton, ça ne prouverait peut-être rien. Mais si on peut constater que Patton est mentionné par quelqu'un dont les parents sont nés quelques années après son décès et dont un grandparent est né avant le quinzième anniversaire de Patton, ça c'est une autre chose.

Je défie Onfray d'imaginer un scénario dans lequel :
  • A Jésus n'est pas resuscité, il n'y a même pas de Chrétien qui le croit en 33
  • B en 94, quand Flave Josèphe rédige les Antiquités judaïques, il en a, et qui se croient en continuation avec les premiers Chrétiens.


Quand est-ce qu'il y a l'escroc ? Trop tôt, trop proche de Jérusalem, impossible de croire qu'on aurait réussi l'escroc, car les faits réels auraient été trop palpables pour permettre qu'on crût cette chose. Trop tard, trop proche de Rome, impossible pour une autre raison qu'il pût réussir, comment en 94 peut-on fonder une église et imaginer qu'elle avait déjà existée pendant des décennies, ou même faire imaginer cette chose à ses dupes.

Hans Georg Lundahl
Paris
XVII dimanche après Pentecôte
15.IX.2024

Aussi mémoire des Sept Douleurs :
Octava Nativitatis beatae Mariae Virginis. Festum Septem Dolorum ejusdem beatissimae Virginis Mariae.

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