Il y a des gens qui se font des soucis pour rien.

Ou, à la limite, font semblant de le faire.

Une dame que j'ai connue, de la Pologne, et qui m'apportait trop de nourriture au début du confinement, vient de m'apporter de la nourriture encore une fois.

Admettons, pas mauvaise nourriture.

Par contre, avant de me coucher, faudra vider la vessie. Pas possible de faire la manche, on m'aurait donné encore de la nourriture.

Quelqu'un m'a fait du café. Et même si ça va marcher, je me sens déseché de la nourriture et du café en combinaison, mais à la limite, grâce au café, je ne vais peut-être pas avoir de calories pour dormir au matin cette nuit.*

Une bière et moins à manger n'aurait pas été mauvais. Pour certains, c'est haram, peut-être pas le cas en Pologne, mais quand même.

Elle me pointait mes culottes et parlait de pantalons d'été. Pas exactement. Les culottes sont fermées en dessous des genoux Elles sont aussi doublées.

Et parce que je dis ceci, peut-être qu'on va me les voler, pour m'obliger de porter des pantalons longs, mais moins chauds, parce que pour certains, autrement, ce serait faire le miserable. Merci, mais les gens qui ne vivent pas ma situation ne savent pas ce qui est trop froid ou pas. Je ne me trouve pas dehors, simplement en pantalons ou culotte plus ce que j'ai sur le torse et sur les pieds, seulement ça contre le froid 24 sur 24. Je n'aimerais pas être réduit à ce genre de refroidissement.

Elle me posait la question "toujours pas trop froid ?"

Comme si c'était un avantage si ce devenait trop froid ? Comme si ça m'aidait à changer d'avis et prendre une meilleure décision ? Si le sous-entendu est tel, c'est méchant ! Je fais mon boulot comme écrivain, je suis TOUJOURS ouvert à une maison d'édition, quelque part, pour elle, ça ne semble pas exister. En fait, vu son âge, et vu qu'elle a quitté la Pologne en âge adulte, elle a dû grandir dans la Pologne communiste, comme en Suède, à Malmö, j'étais vers 200 km de l'Allemagne de l'Est quand je grandissais.

Elle a donc peut-être encore les perspectives d'un pays communiste. Pour elle, subjectivement, mon projet n'existe pas. J'y travaille chaque jour, elle ne le voit pas, et donc, elle se fait des soucis très inutiles. Dans le genre de pays qu'on appellait de l'Est "capitalistes" et de l'Ouest "libres" (je préfère ce dernier terme), oui, ça existe. J'ai parfois comparé des aspects de la Suède à des pays communistes. Mais ceci est dictatorial pour une minorité déprivilégiée (qui comprend les jeunes, sans droit aux écoles libres, sans droit à l'école à la maison, sans droit d'avoir du créationnisme jeune terre dans l'école, ou de l'y apporter sans en pâtir par harcèlements), le pays en gros a encore une certaine liberté (quoiqu'elle ma été refusée), ce qui marque les perspectives de quelqu'un qui grandit en Suède. Vivre de la plume, ça existe. Contrairement à l'Allemagne de l'Est, ce n'est pas illégal de délaisser autres choses pour s'y consacrer. Contrairement à Rammstein (grandis en Allemagne de l'Est), ce genre de projets n'est pas légalement conditionné sur un travail à mi-temps plutôt banal.

C'est juste qu'en France mes possibilités réelles ont été davantage prometteuses qu'en Suède. Et de beaucoup. Mais peut-être des gens grandis dans les pays de l'Est aimeraient trop changer ça.

Je me méfie des gens qui se font trop de soucis pour rien. Donc, de cette Polonaise.

Un autre vêtement, chaud, m'a été volé. Il s'agit d'un menté à la hongroise.** Il était composé d'une veste polaire, d'une veste de jean, de la couture, de la corde pour tenir ensemble, de la corde pour le porter comme cape, quand il faisait chaud, et la veste polaire avait une excellente fermeture éclair qui fonctionnait encore. Le jour qu'elle se brisât j'avais prévu que les boutons de la veste en jean feraient l'affaire. Et certains se sont fait des soucis que ce ne me conviendrât pas, ils m'en ont débarassé ... sans de demander mon avis.

Ou peut-être qu'ils ont fait semblant de se faire des soucis pour moi. Leur souci réel est peut-être de ne pas encore m'avoir fait plier. Dans ce cas, ils se font souci pour quelque chose, après tout. On a essayé de me faire plier avant. Et ça n'a pas fonctionné en Suède. S'ils viennent des États de l'Est, peut-être ils ont aimé la liberté dans la dose qui leur convenait, mais n'aiment pas que je me prenne une dose plus large que ça de liberté. Peut-être ?

Une méthode quand on n'arrive pas à m'enfermer directement est de me laisser faire, de prétendre que je fasse l'enfant, ou, au moins, un jeune adolescent ou de la vingtaine qui fait son Rumshpringa, comme on dit en Yiddish et en Allemand de la Pensylvanie, parmi les Juifs et les Amish. Ce n'est pas le cas. C'est ma vie réelle qu'on met en quarantaine et confinément. Je ne pâtis pas de l'immaturité qu'ils imaginent. Je n'ai donc pas à mûrir de la manière qu'ils imaginent non plus. Je n'attend pas une idée comment devenir ce que ces fourbes prétendraient "adulte" (à l'exclusion de mon état actuel). J'attends ma liberté. Dans un pays non communiste, ça fait longtemps que je me retrouve en statut d'une minorité déprivilégiée, d'une minorité qui subit une forme de dictature communiste, même dans l'Ouest. Et où les hivers sont plus doux qu'en Warszowie.

Hans Georg Lundahl
Paris
Sainte Bibiane
2.XII.2024

Bibiane, Viviane ou Vivienne est une vierge qui, selon la tradition, connut la gloire du martyre à Rome sous l'empereur Julien en 362.

* C'est déjà 00:03. Encore au cyber. Merci, les calories !
** C'est un vêtement masculin. Pour ceux qui ne savent pas.