Tuesday, 17 June 2014

Le But de la Législation Anti-Trust n'était pas de détruire la propriété privée


Un trust était un conglomérat de la finance américaine. C'était une assemblée de compagnies sous une seule direction, à peu près, dont le but plus ou moins avoué était d'établir un oligopole ou de se faire une place dans un oligopole.

Coca Cola Company of Pennsylvania et Pepsi Cola nous rappellent ce que c'étaient les Trusts.

Il n'y a pas beaucoup de concurrence entre les producteurs de sodas noirs, nominalement à base de cola. Mais déjà le fait que Coca Cola Company est obligé de se qualifier "of Pennsylvania" est une demi-victoire pour les législateurs. Une des procédés de la législation étant que chaque compagnie existait légalement dans un des 50 états de l'Union, et non pas comme qqc d'englobant toute la nation américaine.

De toute manière, la législation contre les Trusts ne visait évidemment pas à interdire à Mlle géniale de faire un stand devant la maison avec du thé glacé, ni d'interdire des garage sales, ni d'interdire que des fermiers ou des couturiers vendent eux-mêmes leurs produits sans s'impliquer dans une bureaucratie néfaste pour les petits. Pour les fermiers et les couturiers cette bureaucratie existe peut-être quand même. Mais ça n'était pas le but de la législation contre les Trusts.

Toutefois, je pense à ceci quand je lis une réflection sur les partis politiques.

En outre, c’est une idée séduisante, sans doute, pour quelques esprits, mais absolument irréaliste. En effet, un parti politique est une association de personnes visant à promouvoir des idées ou à conquérir le pouvoir et ensuite à l’exercer. Comment interdire de tels groupements ? Quand bien même ! Ils se reconstitueraient d’une manière ou d’une autre.

Que cent personnes aux idées convergentes décident de se présenter à des élections et, pour financer leurs campagnes, elles mutualiseront leurs moyens, puis elles créeront une association de soutien et, si leur mouvement prend de l’ampleur, l’association structurera l’action des élus et de leurs amis, redonnant vie à un parti politique.

Que les défenseurs d’un projet de gouvernement décident, pour se faire entendre, de grouper leurs soutiens et d’organiser une prise du pouvoir, par une voie ou une autre, une structure associative reverra le jour.

Les syndicats, les associations professionnelles sont politisés, très souvent, parce que le souci de la doctrine ou d’idéaux communs fait partie de la conscience politique des citoyens. Ces groupes sont distincts des partis, mais parfois ils se sont alliés à eux, ou ont mutés en partis durant l’histoire du XIXe et du XXe siècle.

Les partis interdits se recréeraient naturellement. Interdire à un élu d’appartenir à un parti serait tout aussi absurde. Les élus ont besoin du soutien financier et logistique du parti pour être élus ou réélus. Pour contourner la loi ils s’organiseraient en clubs de réflexion et s’associeraient, en sous-main, au parti.


NdF : Faut-il tuer les partis politiques ?
Écrit le 17 juin 2014 à 0:50 par Gabriel Privat dans Poing de vue
www.ndf.fr/poing-de-vue/17-06-2014/faut-il-tuer-les-partis-politiques


L'analyse me paraît comme une analyse de la législation anti-Trust basée sur le présupposé qu'un législateur le visant viserait d'interdire à une fille de cinq de vendre du thé glacé devant la maison.

Prenons les choses une par une:

En effet, un parti politique est une association de personnes
Il y a pas mal d'associations de personnes qui ne sont pas des partis politiques.

visant à promouvoir des idées
Ceci peut encore passer.

S'il y a des idées interdites, une association visant à les promouvoir pourrait être interdite pour ça même. Les Austro-Fascistes ont par exemple interdits les partis Nazis et Social-Démocrates.

ou à conquérir le pouvoir et ensuite à l’exercer.
Problème: le pouvoir conçu comme trophée d'une conquête.

Autre problème: le pouvoir structuré tel que telle association pourrait l'exercer à travers un élu, ou plutôt à travers la somme de ses élus.

Je me souviens du triumvirat entre César, Pompée et Crassus.

Que cent personnes aux idées convergentes décident de se présenter à des élections
Doit un élu être quelqu'un qui se soit présenté aux élections?

Ou doit-on exclure ceux qui (trop ouvertement) se présentent?

et, pour financer leurs campagnes,
Doit-on avoir des campagnes?

Ou doivent-ils être interdites?

elles mutualiseront leurs moyens,
Doit une telle mutualisation être licite?

Ou un motif de destituer un élu sur lequel on trouve qu'il en ait profité?

puis elles créeront une association de soutien et,
Doit-une association de soutien être permis à des candidats ou aux élus?

si leur mouvement prend de l’ampleur,
Doit-on permettre une ampleur dans les associations?

l’association structurera l’action des élus et de leurs amis, redonnant vie à un parti politique.
Doit-on permettre à une association non élue à titre individuel à structurer l'action de quelqu'un qui a été ou va être élu à titre individuel?

Que les défenseurs d’un projet de gouvernement
Doit-il y avoir des projets de gouvernement?

décident, pour se faire entendre, de grouper leurs soutiens
Est-ce que ces groupements doivent être licites?

et d’organiser une prise du pouvoir, par une voie ou une autre, une structure associative reverra le jour.
Est-ce souhaitable de permettre à des gens d'organiser des prises du pouvoir?

Si le gouvernement est trop affligeant pour les gouvernés, des tels organisations verront le jour même à titre illégal.

Les syndicats, les associations professionnelles sont politisés, très souvent,
Oui.

Mon grand-père maternel était syndicaliste. Il n'était pas tout à fait socialiste. Pourtant son syndicat (des brasseurs, englobant aussi des distillateurs comme lui) faisant partie de LO (Lands-Organisationen, organisation national des syndicats d'ouvriers en Suède), chaque fois qu'il payait pour demeurer membre du syndicat, il payait aussi pour le parti SAP (Socialdemokratiska Arbetare-Partiet) sans en être un enthousiaste cent pour cent. Il aimait Branting (qui aimait de la Tour de Pin) mais pas tellement Palm, surtout que celui-ci était contre l'armée et la dynastie. Au moins ceci me paraît une reconstruction assez bonne parce qu'il est décédé avant que nous puissions discuter directement sur la politique.

parce que le souci de la doctrine ou d’idéaux communs fait partie de la conscience politique des citoyens.
Certes.

Mais une doctrine, un idéal politique concevable pourrait être justement le mépris pour les politiciens de carrière.

Les Boulangistes auraient qqc à dire là-dessus.

Ils ont conquis le pouvoir une fois, alertés par une nécessité ou ce que leur paraissait tel, et après un mandat ils se sont retirés dans leur boutiques.

Il y en a qui les méprisent parce qu'ils n'ont rien fait de durable.

Mais ils sont au contraire admirables, car n'ayant pas eu le désir d'être réélus.

Ces groupes sont distincts des partis,
Et ils sont donc une autre question.

mais parfois ils se sont alliés à eux, ou ont mutés en partis durant l’histoire du XIXe et du XXe siècle.
Effectivement.

Parfois ceci a été la perversion d'un autrement ou auparavant bon syndicat.

Les partis interdits se recréeraient naturellement.
Ceci est aussi observable pour les trafiquants des drogues, demandez à la police!

L'argument n'en est pas un.

Interdire à un élu d’appartenir à un parti serait tout aussi absurde.
Non, car un élu doit représenter non pas ses électeurs, mais sa circonscription, pour le cas qu'il est parlementaire.

Et les intérêts de sa circonscription ne sont pas forcément les mêmes que celles de ses électeurs.

Reste que les intérêts de sa circonscription selon lui-même restent une des raisons pourquoi il a des tels ou des tels électeurs.

Pour contourner la loi ils s’organiseraient en clubs de réflexion et s’associeraient, en sous-main, au parti.
Distinguons.

On peut permettre des "partis dans le parlement" sans de permettre à ceux-ci d'être identiques à des partis de campagne.

D'ailleurs, il est arrivé (en Suède, l'époque dite "de la Liberté") que des partis des États organisent ensuite des campagnes pour les élections. Et il est aussi arrivé que ceci se tourne en sphères d'influence des pouvoirs étrangers. Comme la Russie Impériale pour les Bonnets et la France Royale pour les Chapeaux en Suède.

On peut aussi interdire que les partis du parlement s'organisent de manière qu'un élu ne puisse pas être membre de deux clubs de discussion. Ou de manière de se perpétuer comme des sociétés.


Plus bas, il y a une autre analyse:

L’historien Fustel de Coulanges, voisin en cela du comte de Chambord sans le savoir, considérait que le problème n’était pas le suffrage universel ou censitaire, mais la question posée aux citoyens. Il déplorait que l’on demande aux Français de se prononcer sur des questions générales pour lesquelles ils n’avaient aucune lueur et il proposait que ceux-ci votent au suffrage universel mais pour les représentants de leurs corps de métiers ou de leurs territoires. Ce corporatisme d’Etat fut envisagé en son temps par le régime de Salazar au Portugal, puis par De Gaulle dans sa réforme du sénat, avortée en 1969. Mélanger représentation nationale politique et représentation professionnelle n’est peut-être pas souhaitable, pourtant, à cause des risques évidents de confusion des genres et de prises d’intérêts néfastes d’élus nationaux dans les syndicats professionnels, et inversement de ceux-ci au sein de l’Assemblée, institutionnalisant des lobbys.


Et pourquoi ne serait-il pas souhaitable à donner une représentation politique aux corps professionnels?

... à cause des risques évidents de confusion des genres
Confusion ou plutôt clarification?

Un ouvrier modeste souhaitant une retraite substantielle (par rapport à sa situation) doit de nos jours voter pour un parti de gauche.

Il n'est peut-être pas tout à fait intéressé à tous les autres points du parti de gauche qu'il vote.

Les syndicats de médecine votent eux aussi de gauche. Pour avoir des avortements, des ressources pour les avortements, de la psychiatrie, des ressources pour la psychiatrie.

Ainsi le lobby du syndicat de médecine se voit dédoublé vastement par les lobbys des ouvriers pauvres.
et de prises d’intérêts néfastes d’élus nationaux dans les syndicats professionnels,
Il y a déjà des prises d'intérêts néfastes des partis liés aux syndicats professionnels, même sans la représentation nationale.
et inversement de ceux-ci au sein de l’Assemblée, institutionnalisant des lobbys.
Le parlementarisme EST une institutionnalisation des lobbys.

Au lieu d'organiser à chaque endroit des gens qui cherchent une audience chez le roi, on a organisé cette audience en parlement. Chaque endroit, et a chaque endroit aussi chaque état (clergé, noblesse, communes) est représenté à la fois.

Et à l'origine ceci n'était que consultatif pour les rois, et les élus prenaient des doléances, qui n'étaient pas forcément obligatoires pour l'action du roi.

La différence est que de nos jours, certains lobbys sont masqués en partis purement d'idées. Le grand lobby des ouvriers modestes recouvrant les lobbys en soi plus petits des métiers de la médecine, de l'éducation, et ainsi de suite.*


Ceci dit, les temps sont troubles.** Des nouveaux interdits peuvent être fortement abusés, ou encore rédigés en vue d'un abus continuel. Je ne recommande pas à ce moment de faire une campagne pour des tels interdits. Mais ça ne veut pas dire qu'ils soient absurdes ou impossibles en soi.

Hans Georg Lundahl
BU de Nanterre
Deux Cent Soixante Martyrs de Rome
17 / VI / 2014

* Ou des banques ou des agents de la bourse ... un lobby qui aime se faire discret derrière d'autres lobbys - ou partis.

** Rappelons que dans la question des prix, Dioclétien était un génie. C'est pourtant lui qui est le coupable antichrist persécuteur à qui nous devons indirectement les saints d'aujourd'hui ... ceux en tête au martyrologe, pour être précis.

_____________

Admettons que parfois la correction automatique est utile. J'aurais presque écrit "martyrologue" quand c'est "martyrologe" en français.

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