Je tombe sur la vidéo de Matthieu Lavagna, bel et bien un apologète selon le contenu de ses monographies, et j'essaie de vérifier les propos de l'Abbé Gleize sur lesquels il répond.
Et la page 8 du Courrier de Rome, accessible en ligne, du Novembre 2024, je trouve :
La suite ne s’est pas fait attendre : jeune diplômé (en 2019) de l’Institut privé Docteur angélique 1 patroné par Monsieur Arnaud Dumouch, s’intitulant « apologète », Mathieu Lavagna intervient régulièrement, pour aborder mille sujets, sur sa propre chaîne Youtube 2, « dédiée à l’apologétique catholique, c’est à dire à la défense rationnelle de la foi catholique », ainsi que sur nombre d’autres chaînes, comme celles de Marie de Nazareth 3, de KTO TV 4, de l’abbé Mathieu Raffray 5 ou d’Arnaud Dumouch 6.
Pourrait-on dire que Stéphane Bern s'intitule "historien" ou "patrimonialiste" ? Peu importe ici s'il a pris les mots dans sa propre bouche ou non, c'est sûr qu'il est parfois pris, et pas toujours à tort, comme référence dans l'histoire. Et qu'il l'a voulu. Par contre, le titre serait plutôt, animateur et écrivain, comme pour Matthieu Lavagna. Si on veut décrire Stéphane Bern ou Marion Sigaut comme des historiens, ou Matthieu Lavagna ou Gilbert Keith Chesterton comme des apologètes, ou moi-même* comme les deux, ceci n'est pas à prendre comme le titre.
Parfois, une description de métier est un titre, comme en France boulanger-patissier et il y a d'autres qui relèvent des Compagnons du Devoir et qui ont, peut-être aussi, leur "meilleur ouvrier de la France" de chaque année. Mais parfois, une description est juste une clarification de contenu.
Pour faire de l'apologétique, licitement, il faut :
- connaître la ou les vérités catholiques qu'on veut défendre ;
- connaître la ou les objections contre lesquelles on veut les défendre ;
- argumenter, idéalement bien (personne va denier à James White d'avoir agi en apologète du Protestantisme quand il a, semble-t-il, récemment argumenté mal contre Joe Heschmeyer, pas plus qu'on refuse de reconnaître Hannibal comme général s'il a perdu contre Scipion) ;
- éventuellement, si on veut le faire en écrit, avoir pour l'imprimé, livre ou autre, un nihil obstat et imprimi potest pour ce discours (qu'on peut avoir sans être reconnu comme Catholique, tant que c'est pour une vérité catholique qu'on s'est dépensé en écrivain), mais il semble qu'un dispositif liant en conscience les Novus Ordo, pris par "Paul VI", manque de ressources pour les Catholiques non-Novus Ordo et non-Una Cum, l'existence de l'internet avec sa rapidité de publication rendent cette condition obsolète.
Pour parler de s'intituler apologète, comment pense l'Abbé Gleize ?
Les ordres mineurs sont portier, lecteur, apologète, acolyte ? Non, c'est "exorciste" qu'il faut mettre là.
Ou chaque diocèse doit avoir un apologète en service, personne d'autres est censé faire de l'apologétique ? Encore une fois, c'est "exorciste" qu'il faut mettre là.
Ou "Apologète" est l'abrégé des titres "maître, docteur, professeur, professeur adjoint ès l'apologétique" ? Ça existe, mais depuis peu de temps. Gilbert Keith Chesterton n'avait pas obtenu ce genre de diplome avant de faire Everlasting Man. Cérise sur le gâteau, je ne pense pas qu'il avait même obtenu un nihil obstat, à moins d'en avoir obtenu l'équivalent moral, car sur le livre publié chez Hodder and Stoughton, Londres, imprimé chez Constable Ltd Edinburgh, ne porte pas de nihil obstat. Peut-être la note préfatoire est censé pallier à ce manque, car il dit :
This book needs a preliminary note that its scope be not misunderstood. The view suggested is historical rather than theological, and does not deal directly with a religious change which has been the chief event of my own life; and about which I am already writing a more purely controversial volume. ...
Je pense par contre, même The Catholic Church and Conversion et Upon This Rock manquent nihil obstat (corrigez-moi si j'ai tort). Pourtant, Chesterton est un grand apologète, ainsi qu'une grande voix de la doctrine sociale de l'Église, puisant davantage en Rerum Novarum qu'en Quadragesimo Anno, donc plutôt Distributiste que Corporativiste (je suis, comme Belloc, les deux), et Pape Pie XI l'a décoré (ainsi qu'avec Hilaire Belloc).
Ce n'est donc pas correct qu'on ne puisse pas faire de l'Apologétique sauf en ayant une autorisation spéciale, comme désignation d'office, comme titre, ou autre.
Si l'idée de s'intituler Apologète vient, par contre, de Matthieu Lavagna et de l'Institut privé Docteur angélique vient de Monsieur Arnaud Dumouch, j'y vois une tentative d'emprise sur les libertés que certains ont à mi-cœur promue. Et notamment pour des mobiles pas tout à fait honnêtes, comme de réserver le "titre" (qui n'en n'est pas, ni canoniquement, ni légalement devant la loi civile) pour des gens qui prennent Bergoglio pour le pape et le créationnisme jeune terre pour une position théologique obsolète.
Hans Georg Lundahl
Paris
Mercredi des Cendres
5.III.2025
* En anglais, à part les débats, je pose le contenu apologétique sur trois blogs, en occurrence :
Creation vs. Evolution, dédié à l'apologétique naturelle en ce qui concerne la réfutation de l'Évolutionnisme, l'apologétique de l'inerrance biblique en tant qu'elle concerne les premiers 11 chapitres de la Genèse, ou de la chronologie biblique (du martyrologe romain);
somewhere else, le reste de l'apologétique naturelle, le reste de l'inerrance biblique, l'apologétique chrétienne, contre Athées et Juifs;
Great Bishop of Geneva! l'apologétique catholique, contre les Protestants et les Modernistes.
J'ai aussi un blog, en anglais et français, cette fois, dédié à l'histoire, à l'histoire culturelle, aux langues et aux lettres :
Φιλολoγικά/Philologica
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