Je cite Direct Matin:
Une autre manière d'affronter le problème a été défendue par Valérie Pécresse (UMP) qui souhaite appréhender les conversions au jihadisme comme des "dérives sectaires". Sa solution : ne pas traiter les "candidats" comme des prisonniers de droit commun, mais les prendre en charge au sein de centres de désendoctrinement.
Direct Matin, n° 1587, jeudi 20 Novembre 2014, p. 14, article "Quel sort pour les jihadistes?".
Bon, les prisons de l'Inquisition aussi, c'étaient des "centres de désendoctrinement". Les procédures publics que plus tard en Portugal reçurent le nom Auto da Fé, c'étaient en essentiel le cérémoniel où le clientèle réussi abjurait l'endoctrinement albigeois ou vaudois. Sécondairement - et en intention, et en nombres de personnes concernées - venait le fait de brûler le clientèle non réussi, les échecs des Inquisiteurs.
Je résume la citation immédiatement après les mots déjà cités:
Emmanuelle Cosse (EELV) va dans ce sens, évoquant des "jeunes vivant dans l'incompréhension de la religion et de la violence". Elle prône une aide juridique et psychologique.
L'Inquisition de Languedoc considérait effectivement que les Albigeois et les Vaudois (pas juste des jeunes!) vivaient en "incompréhension de la religion" - car hérétiques les Albigeois plus sérieusement que les Vaudois, mais ceux-ci aussi - "et de la violence", car ils considérèrent les deux que l'Église Catholique n'avait aucun droit à être considéré sainte une fois qu'elle s'était lié au pouvoir, et quand aux Albigeois encore parce qu'ils prônaient eux-mêmes une violence fortement illégitime.
La violence des Albigeois n'est pas trop connu de nos jours, surtout par les Fondamentalistes Protestants qui, suivant Book of Martyrs par Foxe considèrent les Albigeois comme des Chrétiens protestants avant eux-mêmes. Il y avait duex formes, tactique et "spirituelle"/"rituelle". Des Seigneurs qui en protégeant les hérétiques persécutaient les Catholiques, surtout le clergé. Et des entourages familiaux ont assassinés des vieux pour qu'ils restent fidèlent à "Consolamentum" avec "Endura", et des enfants - au moins à naître, par avortement donc - car considerant que la vie biologique serait un piège pour les âmes. Pour ce même motif ils ont aussi commis des actes non-violants mais abhominables, par exemple sodomie, sexe en groupe, et j'en passe - pour que la pulsion sexuelle ne devienne pas occasion à, comme ils considéraient les choses, piéger des âmes pures (déjà existantes!) dans l'impureté supposée de l'existence terrestre et biologique.
Il y a une très grande différence entre l'Inquisition de Languedoc et celle proposée à l'Assemblée Nationale par Pécresse et Cosse. Les Inquisiteurs étaient des bons théologiens catholiques. Ils n'étaient pas eux-mêmes en l'incompréhension de la religion. Aussi n'ont-ils pas prétendu pouvoir améliorer des Musulmans, ça c'était l'affaire des Croisés.
Une autre est que le propos vise une législation séculière. L'Inquisition de Languedoc était sous jurisdiction papale et confiée aux Franciscains et aux Dominicains. Ces "centres de déendoctrination" seraient sous contrôle plutôt nationale, au cas au ... non? Ça rappelle l'Inquisition anglaise, décidée par acte de Parlement (Chambre des Seigneurs comme chambre des Communes) en 1401 (même année qu'Angleterre invahit finalement Pays de Galles) contre les Lollards. Que celle-ci ne fut pas sous contrôle papale se vérifiait en 1612 quand les derniers victimes ou la dernière victime, de confession baptiste, fut brûlé sur l'ordre de Jacques VI et I en application de la loi de 1401. Des fameux victimes sont les si-dits "Martyrs de Coventry" (sous Henri VIII, un peu avant son schisme qui donnait occasion à la Réforme) et ... Sainte Jehanne d'Arc.
Elle ne fut donc pas brûlée par une Inquisition papale? Non. Son juge n'était ni Franciscain, ni Dominicain. Il était évêque diocésain comme pour les Martyrs de Coventry (ou en système parallèle, comme pour Avvakoum en Russie). Il ne se considérait pas obligé de limiter le temps de torture à trois jours maximum comme pour les Inquisiteurs papales, mais libre à procéder comme bon lui semblait - comme c'était le cas dans l'Inquisition anglaise. Mais comment arrive-t-il à juger selon la loi anglaise? Bon, il considérait que le roi d'Angleterre était le roi de France, et que donc la loi anglaise était la loi française. Néanmoins, il avait un doute. Il se tournait à la Sorbonne, qui, un 14 juillet du quinzième siècle, a décidé que oui, l'inquisition pouvait ne pas être celle du pape, on pouvait ne pas attendre l'arrivée des Franciscains ou des Dominicains, et l'évêque de Beauvois, Monseigneur Cochon, pouvait procéder à sa guise. Plus tard, avec assez peu de délai une fois la sainte brûlée, la même Sorbonne retracta sa décision.
Je viens déjà de dire autre part, que si je ne suis pas contre les Inquisitions médiévales et autres avant la Modernité séculariste - nota bene je suis contre l'Inquisition anglaise! - je suis de l'autre côté très contre le rétablssement de nos jours de l'Inquisition. Bon nombre des pires ennemis du Christianisme ne sont pas baptisés et ne pourraient donc pas être jugés par l'Église. Les épargner et en même temps s'attaquer aux anticatholiques parmi les gens qui se confessent Chrétiens serait injuste. Et surtout, c'est à craindre, que les inquisiteurs seraient psychologues ou qu'ils seraient évêques du Novus Ordo, qu'ils ajouteront des critères de rétention (on ne parle pas encore de peine de mort, mais on n'a pas encore fait expérience des endurcis, on est donc dans un faux optimisme qui peut sembler humaine), et que parmi ces critères de rétention se trouveront de tels critères qu'une nouvelle Inquisition serait en effet celle de l'Antéchrist, qu'elle serait persécutrice des vrais Chrétiens, des vrais Catholiques romains, ou même des hérétiques mais là où ils ne sont pas hérétiques. Par exemple en Créationnisme ou en Géocentrisme. Ou en opposition au sécularisme. Ou en préparation pour éventualités.
Donc, je suis contre le rétablissement d'une Inquisition sur la note donnée par Pécresse et Cosse. Le propos de Xavier Bertrand n'est pas une Inquisition, mais une Bastille, avec des Lettres de Cachet.
Hans Georg Lundahl
Bpi, Georges Pompidou
St Félix de Valois*
Fondateur des Trinitaires**
20-XI-2014
* Sancti Felicis Valesii, Presbyteri et Confessoris, qui Ordinis sanctissimae Trinitatis redemptionis captivorum exstitit Fundator, ac pridie Nonas Novembris obdormivit in Domino.
** fondateur avec saint Jean de Matha de l’Ordre de la Très Sainte Trinité pour la Rédemption des captifs (les Trinitaires)
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