Thursday, 6 February 2014

Erreurs de Bruno


Agora : Giordano Bruno, le mécréant religieux
http://agora.qc.ca/documents/giordano_bruno_le_mecreant_religieux


L'auteur de l'article est:

Pierre-Jean Dessertine

Professeur de philosophie à Aix-en-Provence. Il a publié des articles dans diverses revues. Il a écrit plusieurs ouvrages de pédagogie de la philosophie. Il est l'auteur de "Pourquoi l'homme épuise-t-il sa planète ?". Il anime le site de philosophie : www.anti-somnambulique.org


Maintenant aux citations qui sont à mon propos dans l'article:

Encore aujourd’hui, alors que Galilée a été récemment réhabilité par Rome, Bruno demeure toujours proscrit, sous le coup des jugements infâmant prononcés il y a plus de 400 ans par le Saint-Office.


Oui. Et, comme dit auparavant dans l'article, par les Luthériens et les Calvinistes aussi, directement. J'imagine que le sobriquet pour les astronomes ayant contribué au nouveau calendrier, dit le Calendrier Grégorien, quand les évêques de l'Orient en schisme d'avec Pape Grégoire le condamnent, les qualifiant d'astronomes athées, a bien pu être une condamnation indirecte de Bruno qui était lui aussi un astronome occidental.

Pourtant son œuvre est extraordinairement riche et généreuse. Si le cœur en est l’exposition de sa philosophie, elle traite des sujets les plus variés – astronomie, mathématiques, physique, mnémotechnique, magie, astrologie, etc. –, comme elle se décline en de multiples formes – traités, dialogues, discours, satires, comédies, poèmes.


Mais les Hadithes et les Ayah des Sourates sont très riches aussi! Et comme Suédois je me rappelle d'un autre intellectuel très riche fondateur d'une religion condamnée par l'église, à savoir de Wodan! N'avez-vous pas lu Hávamál? Les nouveau baptisés doivent-ils vraiment abjurer son auteur? Oui, dans la mesure que Wodan était faussement adoré comme quasiment un Mardouk nordique. Et la richesse intellectuelle de Bruno ne dit rien sur son orthodoxie.

Bruno anticipe plusieurs idées qui allaient devenir importantes dans l’histoire ultérieure de la pensée comme l’idée d’infinité de l’Univers,


Où alors si situe Le Ciel? Traditionnellement audelà des Étoiles Fixes. Mais s'il n'y a pas un audelà des étoiles fixes?

la gravitation universelle (voir la citation dans ce document),


Qui pourrait être une erreur à moins qu'elle n'ait été confirmée par Armstrong ...

l’idée de monade (atome de réalité doué de vie, reprise par Leibniz),


Une âme et un atome de matière (tel que St Isidore l'aurait pu considérer, sans de verser dans les absurdité d'Épicure) sont certes deux choses différentes.

l’idée de relativité générale dans l’Univers (reprise par Einstein),


Idée suspecte d'erreur pour le moins et liée à l'erreur à propos le Ciel.

l’idée d’amoralisme (il n’y a pas de Mal absolu, reprise par Spinoza puis Nietzsche),


Le thomisme aussi dit qu'il n'y a pas de mal absolu, puisque le mal est un déficit du bien, et puisque le déficit peut épuiser le bien dont il est un déficit, mais pas celui dans lequel il est un déficit. Être aveugle peut épuiser la vue, mais pas l'œuil. Être sourd ne signifie pas de ne pas avoir d'oreilles du tout - et un être qui n'a pas d'oreilles du tout ne peut pas être sourd. À la limite être sourd peut épuiser l'ouie dans l'oreille. Et ainsi de suite. Ce qui vaut aussi pour la morale.

Ceci ne signifie pas qu'il n'y ait pas des interdits absolus, ou qu'il n'y ait pas de transgresseur absolument pire que les autres transgresseurs. Par exemple le diable parmi les êtres angéliques ou l'Antéchrist parmi les hommes.

etc. La pensée de Bruno nous interpelle. Comment a-t-elle pu amener l’institution catholique à commettre un de ses actes les plus lourds de conséquences quant à l’avenir de la pensée et à sa propre crédibilité ?


Si l'on parle de crédibilité devant les nostalgiques de Bruno, condamner celui-ci est lourd de conséquences pour sa crédibilité. Si l'on parle de crédibilité en tant que telle, ça aurait été pire de ne pas condamner Bruno.

En défendant l’idée d’un Univers infiniment étendu occupé par une infinité de mondes, Bruno chasse Dieu de cette place. Mais sa véritable audace est ailleurs, dans la manière dont il justifie l’infini spatial. Traditionnellement, l’argument était logique : que devient la flèche de l’archer lâchée à travers la sphère des fixes ? Bruno propose un nouvel argument qu’on pourrait appeler « l’expérience du déplacement d’horizon ». À première vue l’horizon se donne comme une couture entre la voûte céleste et la surface terrestre qui enclot l’espace humain. Mais si je me déplace, l’horizon se déplace et de nouveaux espaces apparaissent.


Normalement non pas parce que la voûté céleste ou la surface terrestre ou les deux soient illimitées, mais parce que leur contiguité simplement est une illusion optique.

Il n'y a pas une infinité de nouveaux horizons, si l'on se déplace droitement, tôt ou tard on revient, tel Innocent Smith, au même horizon.

Il y a donc une loi qui rend le champ de l’espace visible relatif au point de vue du spectateur. Si j’applique cette loi à la vision des astres, il s’ensuit que si je pouvais me déplacer très loin dans l’Univers, je pourrais sans cesse voir apparaître de nouveaux espaces avec de nouveaux astres ;


Sans cesse? Non. Les nouveaux horizons peuvent paraître incessables pour Rahan dont les moyens de se déplacer sont inadéquats, mais non pas pour Innocent Smith. Ceci aussi peut très bien être applicable pour le parallèle de Bruno sur les nouveaux astres.

On pourrait par exemple arriver audelà des Étoiles Fixes dans le Ciel avec les Chérubims et les Séraphims, et dans un moment qu'on regarde autre chose que le Bon Dieu on voit les moindres astres qu'il y ait en dessous le Jérusalem Céleste. Et les plus loins de la Terre.

en particulier, les constellations d’étoiles que je vois depuis la Terre se déformeraient à en devenir méconnaissables :


Avec une sphère des "Fixes" - mauvaise expression après 1838 si par exemple Alpha Centauri se déplace en temps avec le Soleil - mais avec une "Sphères des Fixes" sans épaisseur, les constellations doivent rester les mêmes jusqu'à l'arrivée des âmes (ou des corps après la résurrection, je parle de ceux des justes) audelà qu'on puisse les regarder à l'invers.

Avec par contre quelque épaisseur, il se peut que cette déformation vaille jusqu'à une certaine limite, mais après s'arrête. Comme on sait, la première sonde spatiale a cessé de nous envoyer des images ... on en a un signale qui montre que la batterie et l'émetteur fonctionnent, mais on n'a plus d'images. Si c'est parce que NASA avait vue un point qui se conformait plutôt à un univers limité, à la St Thomas, qu'à un Universe Infini ou d'extension de 13 milliards d'années-lumières et quelque plus?

il n’y aurait plus de « sphère des fixes » !


Ce que son raisonnement ne prouve pas.

Ainsi : « Dès que l’on a reconnu que le mouvement apparent du monde est dû au mouvement diurne réel de la Terre (lequel se trouve aussi dans les autres astres semblables), aucune raison ne peut nous contraindre à accepter que les étoiles soient équidistantes de nous ». Bruno, De l’univers infini et des mondes – 1584.


Bon, ça serait peut-être pour ça que Pape Urbain VIII aurait vu en Galilée un menace - inconscient pour l'homme de Pise - d'un scepticisme plus au moins absolu, un scepticisme pour lequel finalement il n'y aura pas d'interdits absolus, un scepticisme pour lequel finalement Kant pouvait conduire Eichmann à une modification de sa morale connu par un tribunal et ayant choqué l'autre Kantienne qu'était Hannah Arendt?

L’intérêt de cet argument est qu’il est d’expérience vécue : on a une preuve de l’infini par la simple démarche rationnelle d’une extrapolation de notre expérience perceptive.


Mais on n'a pas une preuve et l'extrapolation n'est pas rationnelle telle que la fait Bruno à partir de l'expérience perceptive. Innocent Smith (et son auteur Gilbert Keith Chesterton) viennent de corriger l'idée aberrante d'un déplacement de l'horizon infiniment continué et additif sans limite. Et, de manière additive nous avons l'expérience d'Innocent Smith ou de Filéas Fogg et Passepartout en assez bonne supplémentation pour affirmer que le déplacement de l'horizon sur la terre à une limite, à savoir le retour au même horizon. Le νοστον αημαρ d'Ulysse. Si cher à Homère, à Chesterton et à Tolkien. L'image terrestre de l'arrivée in patria pour ceux qui arrivent. Et, puisque c'est le retour d'un roi qui n'aurait pas dû être remplacé par des prétendants, et une révanche sanglante sur leur impiété, aussi une image prophétique sur l'Apocalypse chapître 19 ou fin de chapitre 20. Raison de plus pourquoi je crois, sinon dans la théologie au moins dans l'historicité de l'Odyssée.

La faiblesse des aristotéliciens est de s’en tenir à cette vision infantile qu’est l’image instantanée du monde.


Cette image est infantile? Si vous ne devenez pas comme des enfants ... vous n'aurez jamais de certitude philosophique, au moins. Et celle-ci n'est pas découpée de la certitude de la foi qui prépare pour l'arrivée à la vision béatifique.

Et Bruno, dans le texte cité ci-dessus, était déjà capable de voir la Terre telle que la voient aujourd’hui nos astronautes depuis leur station orbitale.


Si les astronautes peuvent se dire que notre vue de la Terre est une illusion optique alors nous pouvons dire que la leur l'est aussi. La station orbitale est la preuve la plus bête qu'il y ait contre le Géocentrisme, pour le Géokinétisme. Si cette fameuse vue des astronautes à partir de la station orbitale est prise pour monnaie comptante elle ne prouve pas que la décision arbitraire de regarder la vue normale sur la Terre était bienfondée, mais plutôt qu'elle est épuisante pour l'esprit. Comme une décision de se "libérer des dogmes chrétiennes" est généralement épuisante pour l'esprit humain de la manière qu'elle conduit la plupart de ses adeptes, c'est à dire des apostats, à un dogmatisme pas moins stricte, uniquement moins bien fondée.

Dieu a bien pu créer le monde comme Il voulait et le faire paraître comme Il voulait. DONC, Il a bien pu réaliser une volonté que la vue normale sur l'Univers soit la vue la plus immédiatement correcte (je ne dis pas totalement immédiatement correcte, mais la plus telle*). Et ceci a ses connexions avec Romains 1:20, comme je viens de le détailler en un essai en anglais, avec une traduction du latin en anglais du commentaire de Saint Thomas d'Aquin. Effectuée par ma pauvre compétence.**

Si pour découvrir naturellement le Bon Dieu et sa loi naturelle à partir de ses œuvres visibles il faudrait une sophistication à la Kant ou Spinoza, alors les Payens auraient été très excusables. Mais Saint Paul les considère comme inexcusables. Donc il suffit d'une vue beaucoup plus simple et banale que ça. Par exemple celle rejeté par l'Héliocentrisme et par Bruno.

Hans-Georg Lundahl
Bpi, Georges Pompidou
Sainte Dorothée
6-II-2014

* De manière que les inexactitudes qu'il y a sont facilement découvrables ou immatériels quand à la découverte de Sa Sagesse et son Pouvoir ou les deux à la fois.

** Creation vs. Evolution : Romans 1:20 and Dawkins, Richard
http://creavsevolu.blogspot.com/2014/02/romans-120-and-dawkins-richard.html

2 comments:

  1. L'erreur d'Einstein:

    [... 3°] Mais il y a aussi la religiosité qu’il qualifie de « cosmique », et qui naît du sentiment éprouvé par celui qui dépasse l’attachement à son moi dans la conscience de l’ordre de l’Univers. Cette religiosité « ne connaît ni dogme ni Dieu conçu à l’image de l’homme et donc aucune Église n’enseigne la religion cosmique ».

    Pour Einstein, cette dernière forme de religiosité, dont il se réclamait, est la seule qui soit compatible avec la science. Elle est accessible à tous, mais elle n’est généralement pas populaire (sinon, note Einstein, parfois avec le bouddhisme). Et il cite quelques grandes figures religieuses en ce sens : « Démocrite, François d’Assise, Spinoza ». Il omet ici de citer Giordano Bruno, et paie sans doute son tribut à la forclusion ecclésiale du philosophe italien. Pourtant Bruno est, tout autant que les grandes figures citées par Einstein, exemplaire de cette religiosité cosmique.


    Le problème n'est pas seulement qu'il omet Bruno, mais aussi qu'il y cite St François d'Assise!

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  2. Ceci du même article, mais ceci ne concerne pas les erreurs de Bruno lui-même. Il a pu être un sot savant sur son Créateur, il ne l'était pas sur Saints François d'Assise et Dominique de Guzmán. Il était quand même médiéval, il avait quelque culture!

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