Friday, 15 January 2016

Peut-on avoir certitude morale pour héliocentrisme ou évolution?

Nul ne doute, qu'une certitude mathématique est exclue. Le géocentrisme et la création de chaque type d'être séparé déjà des autres il y a des milliers et non des millions d'années, les deux ne sont pas contradictoires comme "la somme des angles d'un triangle excède 180°". Non, je parle simplement de la certitude morale.

Je laisse le mot à l'Abbé Berto* pour définir ce mot:

La certitude admet des degrés. Le plus haut degré, degré surhumain, est la certitude de foi ; par exemple qu'il y a trois personnes en Dieu. Puis viennent les certitudes rationnelles : certitude métaphysique, que le tout est plus grand que la partie ; certitude mathématique, que, admis le postulat d'Euclide, la somme des angles d'un triangle est égale à deux droits ; certitude physique, que, sauf miracle, un mort ne ressuscite pas ; certitude morale, que Napoléon a été vaincu à Waterloo. Dans les trois premiers cas, la crainte que le contraire ne soit vrai, formido oppositi, est tout à fait exclue. Dans le cas de la certitude morale, C'est seulement la crainte prudente, prudens formido oppositi, qui est exclue : car je puis supposer que tous les historiens se sont trompés ou m'ont trompé en me disant que Napoléon a été vaincu à Waterloo, mais cette crainte ne serait pas « prudente » ; elle serait « imprudente », disons déraisonnable.

Remarquons ici que la certitude morale n'est pas du tout la même chose que la certitude en matière morale : il y a des certitudes métaphysiques en morale, par exemple qu'il faut faire le bien et éviter le mal; et inversement il y a des certitudes morales ailleurs qu'en morale, en histoire, en psychologie, partout où on n'arrive à exclure que la crainte raisonnable du contraire, sans parvenir à exclure une crainte déraisonnable. Beaucoup de maladies mentales, un bon nombre de névroses en particulier, ne sont autre chose que l'impuissance où le sujet s'est mis d'exclure des craintes déraisonnables. S'assurer vingt fois qu'on a bien fermé une porte, bien timbré une enveloppe, c'est le signe qu'est menacée la fragile frontière qui sépare le normal du pathologique; un pas de plus, on doutera si Napoléon a été vaincu à Waterloo, ou si les gens dont on est entouré ne sont pas tous occupés uniquement de vous nuire. En matière morale cette fois, le scrupule non plus n'est autre chose que cette étrange incapacité d'exclure la crainte déraisonnable du contraire.


Or, comme la bataille de Waterloo est garanti par [tous] les historiens [qui traitent de la question], ainsi les thèses héliocentriques et d'évolution par les [ou par la plupart des] scientifiques [qui traitent de la question].

Donc, comme on peut avoir de la certitude morale dans la défaite de Napoléon à Waterloo, ainsi aussi ...

Non.

L'Abbé Berto a eu un peu trop de hâte de définir la certitude morale sur Waterloo. En dernière analyse, elle ne repose pas sur les historiens, comme corps d'experts. En dernière analyse elle repose sur les raconteurs à partir du moment que les faits se sont déroulés (une totalité sur laquelle les historiens sont capables, d'ailleurs, à se prononcer, mais dont l'absence serait assez remarcable même sans leur mot formel).

J'ai la certitude morale qu'il y a eu une défaite de Napoléon à Waterloo, comme j'ai la certitude morale qu'il y a eu une défaite du roi Priam à Troie. La certitude morale repose sur la tradition de toute communauté nous ayant légué une telle sur les faits, comme pour Waterloo, les anglais se vantent de Wellington l'ayant vaincu, les Prussiens, au moins autrefois, de Blücher l'ayant vaincu, les Français se vantent d'avoir non vaincu mais bien résisté à Waterloo, et se plaignent parfois d'avoir perdu, les Russes qui n'étaient pas là admettent que la bataille leur à ouvert les portes de Paris, les Espagnols qui n'étaient pas là non plus admettent que la restauration des Bourbons en Espagne a été facilité par la défaite de Napoléon, les Portugais se réjouissent que leur allié les Anglais à vaincu, les Autrichiens notent que leur redevenu allié depuis la "Völkerschlacht bei Leipzig", la Prusse, a vaincu (les Autrichiens "nous" ne sommes pas toujours friands des victoires de la Prusse ... mais de celle-ci, oui), la Suède note que Jean-Baptiste Bernadotte, notre usurpateur** comme Karl XIV Johann a une certaine prudence de laisser tomber Napoléon, qui est vaincu à Waterloo, et même les Danois ne disent pas que Napoléon ait vaincu, et les Turcs non plus.

Les corps d'expertise des historiens au sens académique, d'une part n'existaient pas encore à l'époque, et d'autre part n'ont que très peu à faire avec cette certitude morale.

Un historien peut ou peut ne pas apporter des certitudes ou doutes supplémentaires pour une chose comme le meurtre des héritiers par Richard de York avant de prendre leur place comme Richard III - mais c'est que ce meurtre n'est pas un fait publique, il n'a pas commis ce fait devant les yeux de tout le monde, comme Napoléon avait fusillé le Duc d'Enghien. Donc, il y a des légitimes doutes en faveur de son innocence, surtout que l'histoire du meurtre a été répandu par son rival ou par des gens à son service, dans le reigne de Henri VII, le premier Tudor.

Mais la bataille de Waterloo est toute publique.

Et, si nous avons pas d'aveu de Richard III (il est mort en bataille), nous avons les réflexions de Napoléon sur l'ile de Sainte Hélène, y compris sur la perte de Waterloo.

Tout ceci, nous l'avons avant les historiens au sens académique. Nous l'avons sinon quant à nous tous au quotidien de manière indépendante d'eux, au moins une certitude que les preuves écrasantes pour ce fait, que Napoléon I a perdu à Waterloo, sont là, indépendamment de l'interprétation des experts.

Et, moralement il est certain que si tous les concernés partout donnent depuis très tôt une même nouvelle, elle est la bonne.

Pour évolutionnisme et héliocentrisme, rien de tel.

Nous avons le mot des expert.

Nous avons certains mots des experts, que nous mettrons autant peu en question que les nouvelles de Waterloo ou de la chute de Troie. Par exemple, que le jour stellaire est quelques minutes plus court que le jour solaire, que dans quelque genre de mesure (on ne sait peut-être pas bien quel genre) α Centauri a un angle de parallaxe, angle d'un mouvement observé inverse à celui supposé de la Terre autour du Soleil chaque an, dont on peut conclure que s'il est mesuré de bonne méthode et s'il est inverse à un mouvement réel de la Terre, alors α Centari est de 4 ans-lumière du Soleil.

Mais par contre, nous n'avons pas la même certitude que, si nous avions eu les mêmes renseignements, sans les experts, nous les aurions interprétés de leur manière.

Très loin que leur vue que la parallaxe est "bien-sûr" le même genre de mouvement observé qu'on observe d'un train qui se met à rouler chez les bâtiments, très loin que cette vue ait la même certitude que la vue "des historiens" sur Waterloo, au contraire, c'est une interprétation qui est en soi (sans que leur statut d'expert y intervienne là très beaucoup non plus) plutôt le genre de spéculation qu'on observe à propos les culpabilités de régicide entre les mémoires de Richard III et de Henry VII. C'est à dire, ce genre d'interprétation et sujet à un doute très raisonnable, une prudens formido oppositi. On n'a pas la certitude morale, soit que Richard III ait tué ses neveux, soit que Henry VII ait menti pour embellir la tuerie de Richard III. Et on n'a pas non plus, en soi, une telle certitude morale sur le bien-fondé de l'interprétation que font les experts (ou la plupart des experts*** qui s'occupent de l'évolutionnisme et de l'héliocentrisme).

Je me suis occupé de définir en quoi consiste une certitude morale (avec aide de l'Abbé Berto) et de dire pourquoi celle-ci ne repose pas en première ligne sur "tous les experts" (malgré quelques mots un peu mal choisis de l'Abbé Berto). Ce n'est pas ici, c'est bien ailleurs, ce n'est pas maintenant, c'est déjà que j'ai détaillé pourquoi les interprétations des experts (ou de la plupart des experts) sont très douteux, voir très contestables. Mais ici-même, je note juste, la certitude morale ne repose pas sur l'interprétation des experts.

En ce qui concerne une interprétation spéculative de la réalité observable, on n'a pas certitude morale, au moins pas avant d'avoir la certitude morale que les interprétations alternatives sont toutes connues et réfutées. Et même cette certitude là ne peut pas être une "certitude morale" comme défini par Berto, ça doit être une certitude philosophique. Ce qui manque à l'évolutionnisme et à l'héliocentrisme.

Hans Georg Lundahl
Nanterre, BU
St Paul le Premier Ermite
15-I-2016

PS, Deux mots de plus un peu mal choisis par lui:

La mixtité (et non mixité, ces cuistres ne savent pas le français) est en train de ravager tout cela. Ses promoteurs, si haut placés qu'ils soient, sont en état de damnation. Ils jettent par milliers de malheureux enfants dans une occasion prochaine de péché ; on n'empêchera pas des garçons de quinze ans juxtaposés à longueur de classe à des filles du même âge, de chercher à savoir ce que cachent ‑ bien mal au surplus ‑ ces jupes et ces corsages, ni ces filles, émoustillées par les curiosités masculines, de ressentir le désir spécifiquement féminin d'être vues, touchées, caressées. Tout le climat de l'école en est vicié, précocement sexualisé et érotisé. Et quand ces garçons et ces filles seraient tous sans exception des héros et des héroïnes, qui résisteraient à toutes ces occasions et tentations (mais qui le croira ?), a-t-on le droit de les y précipiter, de les y maintenir ?


Un être humain âgé de 15 n'est normalement plus enfant.

Notons, si mariage est possible, s'intéresser au sexe (d'une manière ou d'autre, il y a des manières plus crues et des manières plus nobles) n'est pas vraiment précoce.

Mais bien-sûr, l'école avec sa mixtité (merci, Berto!) et le maintien des jeunes adultes dans une situation qui, pour intéressante qu'elle puisse être pour une "vocation académique" (comme peut-être moi), à condition de ne pas être condescendant ès exigeances académiques, est pour la plupart des concernés infantilisant, il y en a qui pourraient davantage être jeunes travailleurs ou mères à 15, même pères pourvu que l'opportunité économique existe, ceci est un tort encore pire que ce qu'il décrit en décrivant ces jeunes comme enfants.

C'est un des cas où parait le mieux l'indépendance de la métaphysique (et de la théologie) à l'égard des sciences empiriologiques : la physique de saint Thomas est périmée, nous le voulons bien; cela nous est parfaitement égal qu'il ait cru ou non que les corps célestes sont formés d'une autre matière que la terre. Sa métaphysique (ni sa théologie) n'ont reçu de là nulle atteinte, la certitude ici étant acquise par d'autres procédés intellectuels que l'observation et l'expérimentation quantitatives.


Quant aux corps célestes proches et non trop chaudes, on peut vérifier. Je ne suis pas sûr que le spectacle donné par Jupiter ou Saturne à proximité puisse être retrouvé par Terre. Par contre, il croyait que Dieu tourne l'univers autour de nous chaque jour et que les anges - ou plutôt des anges, puisque il y en a d'autres qui font d'autre chose - s'occupent des mouvements des corps célestes autres que celui qui est en pas avec le mouvement diurne des étoiles. Nier ceci conduit à des erreurs en métaphysique aussi, à commencer avec Giordano Bruno. La métaphysique n'est pas indépendante des sciences empiriques, elle l'est des théories fumeuses dans celles-ci./HGL

* Salve Regina : L'encyclique Humanae vitae et la conscience
par Abbé V.-A. Berto
de La Pensée Catholique n°117, publié en octobre 1968
http://www.salve-regina.com/salve/L%27encyclique_Humanae_vitae_et_la_conscience


** Notre roi de jure était en exile, et maréchal Bernadotte avait été adopté par l'usurpateur Charles XIII, qui avait, avec aide de conjurés franc-maçons, après la défaite de la Suède en Finlande contre la Russie, prétendu "déposer" de sa royauté légitime le roi Gustave IV Adolphe. Le premier Bernadotte qui soit aussi légitime roi, c'est Oscar II, autour de 1900 [1872 - 1905 pour Norvège, 1872 - 1907 pour la Suède].

*** Notez la différence entre "les experts" et "la plupart des experts". Pour ceux qui ne connaissent pas la minorité, ceci pourrait paraître louche, mais dans les deux cas, elle existe.

No comments:

Post a Comment