Voici une page que je viens de trouver en milieu tradi:
MAURRAS TOURNONS LA PAGE
IL Y A MIEUX, BEAUCOUP MIEUX
par LOUIS-HUBERT REMY
http://www.a-c-r-f.com/documents/LHR-Maurras_tourner_page.pdf
Avant de lire le tout, je tombe sur une erreur théologique déjà au début, ou qui me semble tel, à savoir dans la note en bas de page numéro 2:
Si l'on parle de charité, on devrait rappeler auparavant, que cinq conditions s'imposent pour que la charité soit vraie :
- 1. Être en état de grâce.
- 2. Qu'elle soit mue par des motifs surnaturels.
- 3. Qu'elle soit efficace :
- a. en tant qu’elle se rapporte à DIEU, elle doit porter à accomplir Sa divine volonté ;
- b. en tant qu'elle se rapporte aux hommes, elle doit nous porter à chercher le bien du prochain.
- 4. Qu'elle soit ordonnée :
- a. aimer DIEU par-dessus tout, et pas n'importe comment : Si quelqu'un M'aime, il garde d'abord Mes commande-ments ;
- b. faire passer l'amour pour la patrie après l'amour pour l'Eglise ;
- c. ne pas chercher le bien du prochain au détriment de notre propre bien spirituel ;
- d. chercher d'abord le bien spirituel de l'âme de notre prochain et, après, le bien matériel de son corps.
- 5. Qu'elle se déploie dans la justice et la Vérité.
Et comme référence pour cette définition de la vraie charité:
Catéchisme catholique par le cardinal Gasparri, Chabeuil 1959, p. 759 et sv.
Allons aux erreurs et aux correctitudes.
- Sa première condition:
- Être en état de grâce.
- Commentaire
- Être en état de grâce n'est pas une condition au sens juridique du terme, c'est plutôt une condition dans le sens logique. Mais attention, avoir la charité est dans ce sens là également une condition d'être dans l'état de la grâce.
On peut avoir la foi sans la charité et donc sans être dans l'état de la grâce sanctifiante.
On peut avoir la foi et l'espérance sans la charité et donc aussi être sans l'état de grâce.
Mais si on a foi, espérance et charité, on ne peut pas ne pas être dans l'état de la grâce, comme on ne peut pas ne pas avoir foi, espérance et charité si on est dans l'état de la grâce.
- Sa deuxième condition:
- Qu'elle soit mue par des motifs surnaturels.
- Commentaire
- Aucune objection - ceci est correct. Aimer Dieu parce qu'Il a accordé une bonne vacance par la providence mais ne pas l'aimer parce qu'Il est très saint, ce n'est pas la charité divine. Aimer le prochain parce qu'il est sympa ou pitoyable mais pas parce que Dieu le veut, ce n'est pas la charité du prochain.
- Sa troisième condition:
- Qu'elle soit efficace :
- a. en tant qu’elle se rapporte à DIEU, elle doit porter à accomplir Sa divine volonté ;
- b. en tant qu'elle se rapporte aux hommes, elle doit nous porter à chercher le bien du prochain.
- Commentaire
- Prétendre aimer Dieu sans le vouloir obéir ce n'est pas l'aimer. Prétendre aimer le prochain sans lui vouloir faire le bien connu comme tel n'est pas aimer le prochain. Au moins dans les situations où le bien est un bien qui est obligatoire à chercher.
- Sa quatrième condition:
- Qu'elle soit ordonnée :
- a. aimer DIEU par-dessus tout, et pas n'importe comment : Si quelqu'un M'aime, il garde d'abord Mes commandements ;
- b. faire passer l'amour pour la patrie après l'amour pour l'Eglise ;
- c. ne pas chercher le bien du prochain au détriment de notre propre bien spirituel ;
- d. chercher d'abord le bien spirituel de l'âme de notre prochain et, après, le bien matériel de son corps.
- Commentaire
- Malheureusement Pietro Gasparri ne donnait pas un résumé totalement correct.
Le premier point est correct: aimer DIEU par-dessus tout, et pas n'importe comment : Si quelqu'un M'aime, il garde d'abord Mes commandements.
Le deuxième point n'est qu'une conséquence de la charité bien ordonnée, comme la définent St Thomas après St Augustin. Un Catholique bien instruit doit être d'accord, mais un catholique mal instruit ou un non-catholique ayant une appartenance paradoxale à l'église, peuve se tromper au moins pour des instants là-dessus, sans que ni leur foi ni donc leur charité soit fausse.
Par contre, ce point est important pour comprendre pourquoi Action Française, ou Maurrassisme intégral, fut condamné. Si Maurras en tant que non-Chrétien et Lyndon La Rouche en tant que non-Catholique ont été capables à mal définir soit ce point, soit la charité ("politique d'abord" pour Maurras, Positiviste, ou "charité veut dire être inventif pour maximiser la densité de la population humaine" selon la théorie du Quaker marié à une Catholique), un Catholique en revanche ne peut pas adhérer à une mouvance politique où il est de rigueur d'adhérer à ces erreurs des fondateurs, pour combien il soit autrement autorisé à les valoriser.
Donc, point b est une conséquence, pas une condition en soi, de la charité bien ordonné.
Points c et d sont par contre mal formulés.
Correction sur c: On ne doit ni chercher le bien du prochain, ni celui du propre corps au détriment de son propre bien spirituel, c'est à dire pour le minimum, on ne doit jamais commettre un péché mortel, ni pour le bien de son corps, ni pour le bien du prochain. Aussi, on ne doit jamais renoncer à sa foi ou a son espérance du salut et des conditions qui y conduisent pour rendre un tel bien. Et non pas à sa dévotion à Dieu non plus.
Correction sur d: St Augustin et St Thomas nous donnent une autre liste des priorités:
- 1) Dieu - comme déjà dit.
- 2) La propre âme.
- 3) Le prochain.
- 4) Le propre corps.
Ce n'est donc pas dans l'amour du prochain, mais bien dans l'amour de soi-même qu'on doit faire primer l'âme sur le corps. Du prochain on ne connaît pas l'âme, ou non pas toujours. On peut préférer un bien à son corps certain à un bien à son âme incertain. On peut préférer une aumône matérielle selon les sept oeuvres de la charité matérielle définies à une correction dont on ne sait pas si elle est due, dont on ne sait pas si le prochain va profiter.
Quand on doit refuser un bien du corps du prochain pour son âme à lui, on le doit généralement aussi pour son âme à un-même. Par exemple, le prochain dit qu'il va mourir si on lui refuse un péché partagé de la chair, c'est possiblement pour le bien de l'âme du prochain et certainement pour le bien de son propre âme qu'un Chrétien refuse ça.
Si on se dit, "moi je pourrais bien faire ce qu'il demande sans que ça nuise mon âme, mais si je le fais il va devenir orgueilleux", on se trompe, car on ne le connaît pas. Ou, si c'est chose certaine qu'on doive éviter ce qu'il demande, on se trompe en se disant qu'on pourrait le faire sans nuire son propre âme, car c'est le cas surtout pour les péchés mortels. Définis comme tels.
- Sa cinquième condition:
- Qu'elle se déploie dans la justice et la Vérité.
- Commentaire
- Ceci, comme la première, n'est pas une condition séparé. Dans la justice veut dire dans la justice dont les principes supérieures sont la charité de Dieu et du prochain. Dans la vérité veut dire qu'une charité véritable n'existe pas sans une foi véritable. Donc, encore une fois, c'est rédondant.
D'ailleurs, comme la vérité de la foi peut être obscuré sur tel ou tel point même pour un Catholique, comme on peut au moins momentanément avoir la foi sans avoir la confession catholique (un rudiment pour les très mal instruits, comme les ayant jamais rencontré un Chrétien ou un Missionaire, serait de croire que Dieu existe et qu'Il remunie ceux qui Le cherchent), ainsi aussi, la vérité dans laquelle se doit déployer la charité peut aussi être obscurcie au moins momentanément pour quelqu'un sur tel ou tel point.
En total les "cinq conditions" donnent un peu l'impression de devenir un moyen pharisaïque de juger de l'état de grâce d'autrui, éventuellement pour le condamner. Au début - la condition "être dans l'état de grâce" semble donner l'instruction de s'assurer de l'état de grâce par les sacrements - ça pourrait ressembler à une liste pour avoir une idée qu'on ait déjà la charité ou qu'on doive se corriger pour l'avoir. Mais la "cinquième condition" est formulée de manière à porter plutôt à un jugement des autres. Qui est prêt de se dire que les propres actions se déroulent en dehors de la justice ou de la vérité? C'est plus facilement de le dire sur un autre.
C'est aussi un moyen d'excuser ceux qui prônent une inégalité indue envers des prochains faisaint "objets de charité" qui se disent qu'en refusant des aides aux corps et l'explicant, non pas par leur manque de moyens, ni pour le gêne que sa causerait pour la société en général, ni par le fait que la situation actuelle était une dans laquelle ce prochain était obligé de se contenter par paix chrétienne (ce qui n'est pas le cas pour chaque situation mauvaise), mais pour le bien de celui auquel on refuse le bien, à savoir auquel on refuse le bien corporel pour lui donner le bien spirituel.
Après, sur Gasparri, il a été là quand Pie XI donnait les États de l'Église à un roi auparavant excommunié - Victor-Emmanuel III - comme ses prédécesseurs depuis son grand-père Victor-Emmanuel II pour leur occupation depuis 1870 et quand en retour il reçut la somme que de la suite il organisa en l’Amministrazione delle Opere di religione que son successeur (ou présumé tel) Pie XII transforma en Institut pour les œuvres de religion qui faisait tellement comme une banque qu'il fut surnommé Banque du Vatican. Donc, j'ai peut-être une autre raison de ne pas trop aimer Pietro Gasparri.
Cardinal Stickler - ou qui aurait été tel si les Papes qui le nommaient avaient été des Papes disait comme canoniste qu'il y a trois choses qu'un Pape ne peut pas changer:
- La Bible
- Les rites pour l'administration des sacrements (y compris, selon Stickler, la Messe Tridentine)
- Le "status Ecclesie"
Tant que je sache, ceci est le territoire auquel renonça Pie XI en 1929, avec Gasparri comme signataire du Concordat. Status en latin médiéval veut parfois pas juste dire état comme qualité passagère mais plus prolongé qu'instantanée, ça veut parfois aussi dire l'état dans le sens politique.
C'est à dire, si j'ai bien compris les canonistes que Stickler cita, Pie XI n'avait pas le droit de céder les États pontificaux - aussi dits États de l'Église ("status Ecclesie") - à qui que ce soit.
Dois-je regretter avoir prôné telle ou telle observation de Maurras, parce que celui-ci avait tort en prônant l'amour de la patrie audelà de l'amour de l'église? Non, car je n'ai pas prôné cette erreur. Dois-je regretter avoir prôné telle ou telle observation de Lyndon LaRouche quand celui-ci redéfinissait de manière erronée l'essence de la charité? Non, car je n'ai pas prôné cette erreur là non plus.
Je ne suis ni un Action Française intégral des heures où Maurras méritait la censure ecclésiastique, ni un Nouvelle Solidarité intégral d'aujourd'hui.
Je dois davantage à deux Catholiques qu'à ces deux hommes, à savoir à J. R. R. Tolkien et à Gilbert Keith Chesterton.
Hans Georg Lundahl
Bpi, Georges Pompidou
Samedi de Quatre-Temps
20-XII-2014
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