Thursday 21 August 2014

"je ne comprends pas comment on peut manger les animaux"

Aussi un thème donné.

Puisque "mon interpelleur" n'avait pas prévu d'aller sur internet, on a eu une petite conversation là-dessus.

Une fois ou deux, il a fait appel à "l'évolution" et je viens alors de lui dire que je n'y crois pas. Il a eu la sagesse de faire reposer son cas sur les intentions du Créateur.

Chesterton avait eu affaire avec des évolutionnistes, genre évolutionnistes spiritualistes, genre Alfred Russel Wallace ou Madame Blavatsky. Ce genre là des défenseurs d'un végétarisme quasi-obligatoire ont poussé l'argument que le carnivorisme serait primitif car dépourvu de l'empathie. Et il a répondu que ce genre de pensée évolutionniste n'a pas besoin de nous laisser en fin de compte même les légumes, il y avait eu (il ne précise pas si c'était une blague ou pas) des gens qui proposaient qu'un jour uniquement les gens capables de vivre des minéraux seuls seraient considérés comme développés. À quoi un autre aurait répondu "why should salt suffer?" Pourquoi le sel devrait-il souffrir. Bon, la statut évolutionniste est un statut stupide pour le végétarisme, pour cette raison.

Mon interlocuteur a eu l'intelligence de poser le statut donc plutôt sur la pensée de Dieu. Notre Seigneur a créé aussi les animaux (on dirait plutôt aussi les bêtes, car l'homme est "animal rationale" selon l'arbre de Porphyrie "mortale, risibile, capax boni et mali", mais ça de quoi il parlait, c'étaient les animalia irrationalia). Il les a créés aussi avec des émotions (on dirait plutôt passions, car chez eux il n'y a pas de raison qui forme les passions pour produire des émotions comme nous les connaissons). Pour eux aussi la mort est un traumatisme, pourquoi donc la leur infliger et vivre de ça?

Bon, Dieu est aussi maître de ce qu'Il a créé. Et il a, après le Déluge Universel, donné à Noé les bêtes comme de la nourriture. Notons que ceci n'était pas l'intention primordiale. Dans le Paradis, l'homme n'a pas mangé du lapin. Il y a deux opinions parmi les Pères de l'Église si le loup a mangé le lapin. Mais nul Père de l'Église prétend que l'Homme l'ait fait. Ni, envers les Farsis, que la chute aurait été de manger de la viande, d'ailleurs.

Le premier qui tue certainement des bêtes après la chute d'Adam, c'est Dieu Lui-même, quand il donne à Adam et Ève des vêtements de peaux. La souffrance des animaux, que ce soit dans les abattoirs ou qu'il s'agisse d'un hamster que meurt de cancer, est là pour nous montrer qu'il y a quelque désordre dans l'Univers : qu'Adam a péché.

Ainsi c'est parfaitement vrai qu'il y aura des guerres tant qu'il y aura des abattoirs - dans ce ses précis que les deux ne finiront pas avant le retour de Notre Seigneur. Encore une fois, il y a deux opinions, celle de St Justin et celle de St Augustin sur ce qui se passera après: la Gloire Éternelle, les mille ans de regne de Notre Seigneur étant son regne dans l'Église et par l'Église dans la Chrétienté, et par la Chréteinté même un peu dehors elle aussi. Ou encore, les mille ans sont encore à venir. Notons, St Justin considère comme erronnée mais pas comme hérétique la première vue (dont il fait mention, bien avant St Augustin, merci au commentaire de Haydock!) et sur certaines conditions St Augustin considère la deuxième vue comme erronée mais pas comme hérétique. Ce que St Justin considère comme hérétique, et nous aussi, c'est de dire que les corps ne résuciteront pas. Oui, ils résusciteront, ce qui n'est pas le cas pour ceux des bêtes. Et ce que St Ausgustin considère comme hérétique, ce n'est pas mille ans de regne terrestre après la Résurrection, mais bien des plaisirs charnels chez les résuscités, comme immenses quantités de viande et du vin (ce qui rappelle le Paradis erronné des Odinistes) ou de sexe (ce qui rappelle le Paradis erronné des Musulmans). Mais, dans les deux cas on peut considérer que l'Homme résurcité ne menagera pas de viande. Dans les deux cas, les abattoirs seront fini.

Donc, comme la guerre, le diète carnivore des hommes aussi est un dérèglement temporaire dans l'univers, une chose qui n'a pas existé dans le début de la Création, et qui ne sera pas là dans l'éternité. Les dates limites sont la chute d'Adam et la Seconde Venue de Notre Seigneur. Il est résuscité le troisième jour, il est ascendu au Ciel, il y siège sur son throne, il en reviendra pour juger les vivants et les morts. Et là, après il n'y aura pas d'abattoirs et pas de guerres.

Entretemps, s'abstiner volontairement de se défendre d'une agression ou s'abstiner volontairement de manger de la viande, ce sont des actes vertueux, mais mas obligatoires. Ce sont des actes qui ne sont pas adaptés aux circonstances présentes tellement qu'un rappel des perfections passée et à venir.

En certains temps, le Catholique est même obligé de faire ce rappel. Les vendredi, idéalement comme le rappelle Notre Dame à Fatima pour la pénitence qu'elle demande pour nous sauver encore un peu de la colère de Son Divin Fils, non pas juste vendredis, mais mercredis et vendredis, on jeune. Et ça veut dire se priver de viande, même de laitages et dœufs autant que de se priver du nombre usuel de repas et de la quantité usuelle de nourriture dedans.

Mais pour ceux qui veulent être défendus contre les agressions, pour ceux qui aiment la viande, dans les deux cas, on a une préférence naturellement pour que ça se passe le plus humainement possible. Que les militaires ne tuent pas des civilistes du côté opposé et que l'abattage ne se passe pas dans le stresse et dans l'angoisse des grands abattoirs industriels.

Vous êtes conscients que pendant l'Ancien Régime les bouchers et les charcuteurs avaient vacances pendant le Carême? Enfin, presque tout l'Ancien Régime, entre Constantin et presque jusqu'à la Révolution. Cette chose ci change en France il me semble sous Louis XV. Comment je le sais? Bon, une anthologie de Voltaire qui est tombé entre mes mains (mais qui n'y reste pas) donne un morceau à une occasion, un aubergiste dans la campagne avait servi de la viande pendant le carême ce qui était récemment légalisé. Le bon peuple catholique se lève et casse la viande de l'aubergiste, en nourriture aux chiens et aux fauves. Faut pas servir la viande pendant le Carême! Pas aux hommes et aux bons Chrétiens! Et Voltaire, le totalitaire (bien plus que Rousseau avec sa Volonté Générale!), de dire à peu près "qui sauf la police est autorisé à dire quelle viande est bonne à manger?" Il était finalement un homme (au moins ce moment là) de dire, contre Dieu, contre l'Église Catholique, le blasphème du Sanhédrin Déicide: "nous n'avons pas de roi sauf César".

Mon interlocuteur venait de me dire que les animaux ne savent pas que le Carême c'est le Carême. Oui, un peu quand même: c'est l'occasion où ils peuvent vivre sans souci, parce qu'ils ne voient pas les abattoirs. Ou c'était ça pendant l'Ancien Régime, jusqu'à probablement le regne de Louis XV.

Il a eu d'autres arguments, qui ne m'impressionnent pas autant qu'il croyait, en avanace, et je lui l'ai dit, mais s'il a tort de vouloir faire du végétarisme une obligation universelle, il a raison de combattre certains abus industriels. Avec de labelling d'origine, on peut éviter en certaines limites les très grands abattoirs, tout comme ceux qui ne sont pas d'accord avec l'abattage rituel le pourraient. D'ailleurs, les soutenants de l'abattage rituel, ceux qui se vantent d'un abattage humain car mis sous les lois du Créateur des animaux (ce qui est erronné, car la Cacher est de l'Ancien Testament et le Halal n'a pas été révélé du tout, mais ce qui est une bonne intention rélativement au fait d'être en erreur) pourraient aussi vouloir la préférence d'un abattage plus petit et artisanale, simplement pour que leurs animaux puissent être plus sûrement abattus selon leurs rituels.

Je vous donne encore ce morceau, on parlait des bergers, je disais qu'assurément les bergers mangent leur brebis [à d'occasions], il avait côtoyé plutôt des bergers végétariens. Mais ce n'est pas une contradiction entre le fait d'être végétarien la plupart de l'année et de manger de la viande à d'occasions. Et s'il a voulu dire, comme je le crois, des bergers qui étaient totalement végétariens, je ne crois pas que ce soit le cas pour la grande plupart historiquement et géographiquement, et certainement (il trouvait l'usage des laitages "inutile," c'est à dire non nécessaire) les bergers utilisent le lait, en le buvant ou en en faisant du fromage. C'est grâce à un berger qui avait oublié son pain et son fromage frais que nous avons le bon Roquefort.

Hans Georg Lundahl
Bpi, Georges Pompidou
Ste Jeanne Françoise Frémyot de Chantal
21-VIII-2014

Sur les occasions de tueries justes ou licites, voir la question 413 du Grand Catéchisme de Saint Pie X:

§ 2. Le cinquième commandement.
Exposé selon: Le Grand Catéchisme de saint Pie X : Affichage des articles dont le libellé est Commandements.
http://grand-catechisme-saint-pie-x.blogspot.fr/search/label/Commandements


411. Que nous défend le cinquième commandement: «Tu ne tueras pas»?
Le cinquième commandement: «Tu ne tueras pas» défend de donner la mort au prochain, de le battre, de le frapper, ou de lui faire quelque autre mal dans son corps, soit par soi-même, soit par les autres. Il défend encore de l’offenser par des paroles injurieuses et de lui vouloir du mal. Dans ce commandement Dieu défend aussi de se donner la mort, ce qui est le suicide.

412. Pourquoi est-ce un péché grave de tuer son prochain?
Parce que celui qui tue usurpe témérairement le droit sur la vie de l’homme qui n’appartient qu’à Dieu seul, parce qu’il détruit la sécurité de la société humaine, et parce qu’il enlève au prochain la vie, qui est le plus grand bien naturel qu’il ait sur la terre.

413. Y a-t-il des cas où il soit permis de tuer son prochain?
Il est permis de tuer son prochain quand on combat dans une guerre juste; quand, par ordre de l’autorité suprême, on exécute une condamnation à mort, châtiment de quelque crime, et enfin quand on est en cas de nécessaire et légitime défense contre un injuste agresseur.


Ce même catéchisme ne précise pas la dimension paradisiaque du jeûne, mais ne la nie pas non plus. Le but principale reste de faciliter la prière en soustrayant les testostérones, le carburant des passions de cupidité et de colère, pour que la vie émotionnelle soit plus sous la raison et moins sous les passions./HGL

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