Wednesday 8 July 2015

En général sur le concept de révolution

Avant de dire ce que je pense de la révolution en général, je dois d'abord dire que je suis contrerévolutionnaire. Révolutions russe et française, je suis contre. Révolutions anglais (par Cromwell et par Guillaume d'Orange), je suis contre. "Révolutions" (ou révoltes échouées) de paysans couplées de révolutions religieux, les plus notables étant de Ziska et de Muncer, je suis contre.

Par contre, si la révolution religieuse dite "Réforme" venait d'en haut (comme assez souvent) et si la révolte paysanne servait en quelque manière à défendre la religion catholique, je suis pour une telle insurrection juste.

Même si ma vue de La Révolution française (pas celles des 1848 ou La Commune, mais la grande) est largément celle de Dillon, il y a un autre couple d'auteurs que je ne néglige pas. Les Rousseauistes Belloc et Chesterton. Notons, des deux, Chesterton dépendait largément de Belloc, et Belloc lui-même était largément un produit de l'Armée française de son époque de jeunesse et du premier ralliement.

Je resume avec un peu de Chesterton. Une révolution (il inclut dans l'usage ce que j'appelle plutôt insurrection juste) n'est pas en soi qqc de romantique. Comme de vomir, c'est révoltant. Mais, comme de vomir, c'est parfois sain.

Vous vous trouvez dans une maison où les dernier jours trois hommes déjà sont mort de strychnine, on vous explique que le chocolat que vous venez de recevoir de tel personnage contenait de la strychnine, que chocolat était l'appât de ce personnage pour fournir les autres avec strychnine, qu'on avait trouvé de tâches de ce chocolat précis avec les autres victimes de toxicité de strychnine, que ce personnage avait tel mobile vis-à-vis les autre quatre, excusez-moi, trois, et tel mobile vis-à-vis vous, peut-être que vous allez trouver un émétique pratique par rapport à la strychnine dans votre estomac. Ça ne va pas dire que vous allez continuer à prendre un émétique demain, le surlendemain, toute la semaine, tout le mois, toute l'année, toute votre vie. Vous aurez pris de l'émétique pour une situation précise d'émergence, et une fois sorti de ça, la solution n'est pas de continuer avec des émétiques, la solution est de ne plus prendre de ce chocolat offert par ce personnage louche qui a probablement déjà tué quatre, excusez-moi, trois autre personnes avec de la strychnine. Il y a une parallèle avec les révolutions. Si telle révolution est vraiment nécessaire, si telle révolution vraiment nécessaire réussit, votre devoir n'est pas à dire à vos enfants et petits-enfants "n'oubliez pas de faire une nouvelle révolution", votre devoir est que d'utiliser votre pouvoir comme révolutionnaire réussi pour vous assurer que de laisser à vos enfants et petits-enfants une société dans laquelle ils n'ont pas besoin de révolution - comme, avec l'empoisonneur, vous vous assurez de ne pas avoir besoin de l'émétique demain.

Il me semble qu'un des derniers hommes qui était dans cette situation s'appelait Jules César, et un autre s'appelait Constantin. L'un contre les optimats dont l'emprise sur les petits avait davantage en commun avec Carthage et avec ce que certains appellent "néoféodalisme" qu'avec le féodalisme médiévale. L'autre contre les persécuteurs des Chrétiens. En prime, il débarasse Rome de l'avortement aussi - pas juste la ville, mais urbi et orbi, ville et empire.

Notons, la révolution de Jules César était même ainsi déséquilibrée. Elle donnait évenuellement lieu au culte des Césars, ce qui était une des instigations pour la persécution des Chrétiens.

Prenons un peu la grande révolution. En quoi est-ce possible qu'un Catholique (de qui on s'attend plutôt de l'attitude de Dillon) comme l'était Chesterton ait pu trouver quelque chose soutenable dans la Révolution? Il considérait que l'aristocratie, même si à la base pas une caste, simplement une couche de société privilégiée (et Chesterton n'était pas contre le privilège, il était contre l'esprit de caste) était en train de se pervertir par la franc-maçonnerie et qu'elle était donc capable à provoquer une révolution - qui a mal tourné. Pour Chesterton comme pour Dillon, il n'y a pas de prétence que toute la Révolution française était bonne. La différence est simplement s'il y avait quelque chose de bon, ou si c'était du mal pur et dur.

Ce que trouve Chesterton bien est que les petits propriétaires sortaient davantage petits propriétaires - un serf avait été presque un petit propriétaire, depuis la révolution il l'était à plein droit. Ce qu'il trouvait mal c'était les attaques trop généralisés contre les privilèges, notemment de la royauté et du clergé. Et les tragédies qui ensuivaient.

Dillon avait plutôt considéré que la Révolution française était le produit des loges. On peut combiner les charges : les loges pervertissent l'aristocratie (selon Chesterton) là où elle devient leurs adeptes, elles les pervertissent en un esprit de caste et de totalitarisme, et ceci provoque la colère de la révolution. Une fois que celle-ci éclate, les loges l'infiltrent grosso modo aussi, assez vite, comme le veut Dillon.

Ce qui nous rappelle que même si une révolution pourrait paraître nécessaire, il y a raison de reconsidérer plus que juste une ou deux fois, et ensuite de manière de ne pas pervertir la révolution. Elle ne doit pas être antichrétienne. Elle ne doit pas être contre la propriété privée. Elle ne doit pas être contre le privilège en tant que tel, juste contre son abus pour opprimer les petits. Elle ne doit pas devenir une révolution permanente. Elle ne doit pas durer plus que nécessaire.

Je crois qu'un bon exemple quand il s'agit de vérifier cette check-list, c'était quand même Francisco Franco y Bahamonde qui sortait de la sienne comme por Gracias de Dios Caudillo de España.

Et quand je viens de lancer Franco, quelqu'un va me lancer les Asturies, sans doute. La révolution par grève, par simple refus de travailler, des minier des Asturies, ne pouvait-elle pas être justifiée? Et sa repression par Franco, n'était-elle pas criminelle car sanglante?

Sur ce dernier point, oui, la repression était sanglante. Elle était ordonnée comme telle par Gil Robles, qui sortait Franco qui s'était accoutumé à un guerre assez sanglante au Rif. Quand Franco était le premier de la Junta de Burgos, plus tard, il se gardait très bien de commander en personne des atrocités. Jusqu'à la fin en 39, il intervenait en des opérations où l'ennemi était fort et où on luttait fort sur les deux côtés (Teruel) ou des opérations dans lesquelles il gagnait une aure de noblesse (secourir à Mozcardó, libérer Madrid de ses tyrans révolutionnaires et sanguinaires).

Mais en général, la situation des Asturies? En général, la grève est un moyen licite contre par exemple un sous-payement très grave. Si la grève générale des Asturies avait été purement une grève, ça aurait été faux de la reprimer avec des militaires. Même si les résultats de la grève étonnaient tellement qu'ils ressemblaient à certains à une révolution. Hélas, ce n'était pas le cas.

"Algunas fuentes han argumentado que el concepto mismo de «Terror Rojo» debe considerarse como iniciado durante la sofocada revolución de Asturias de 1934, que ocasionó la muerte de 37 miembros del clero y la quema de 58 iglesias"

Certains sources ont argumenté que le concept même de "Terreur Rouge" doit être considéré comme initié pendant la révolution suffoqué des Asturies de 1934, qui occasiona la mort de 37 membres du clergé et le brûlage de 58 églises.

L'article "Terror Rojo (España)" - que je viens de citer et traduire la citation - renvoit aussi à un autre article sur l'an 31, avant les Asturies, sur les brûlages de couvents en 1931, entre les 10 et 13 mai, quelques semaines après la Révolution (assurément illicite et maçonnique) d'Azaña. En espanol: "Quema de conventos de 1931 en España". L'article énumère les villes Madrid, Málaga, Valencia, Seville, Granade, Cordoue, Cádiz, Murcie et Alicante comme concernées en ces quelques jours.

Quand à Espagne en 1935 ou peut-être 1934 (je parle de The Well and the Shallows, paru en 35), Chesterton s'étonne que les Libéraux d'Angleterre sont entièrement du côté des "fascistes" (des milices qui méprises les élections générales) tant que ces "fascistes" sont des socialistes. Donc, à son analyse, il y a eu une Terreur Rouge en Espagne une de ces années. Prenons ce qu'il dit sur les fascistes Italie et ensuite ce qu'il dit des "fascistes" (qui se voulaient antifas, sans doute) d'Espagne:

For this reason, when the Fascists' revolt appeared in Italy, I could not be entirely hostile to it; for I knew the hypocritical plutocracy against which it rebelled. But neither could I be entirely friendly to it; for I believed in the civic equality in which the politicians pretended to believe. For the present purpose, the problem can be put very briefly. The whole of the real case for Fascism can be put in two words never printed in our newspapers: secret societies. The whole case against Fascism could be put in one word now never used and almost forgotten: legitimacy. For the first, the Fascist was justified in smashing the politicians; for their contract with the people was secretly contradicted by their secret contracts with gangs and conspiracies. For the second, Fascism could never be quite satisfactory; for it did not rest on authority but only on power; which is the weakest thing in the world. The Fascists said in effect, "We may not be the majority, but we are the most vigorous and intelligent minority." Which is simply challenging any other intelligent minority to show that it is more vigorous.

...

At an entirely peaceful and legal election, exactly like any English election, a vast majority voted in various degrees for the traditional truths, which had been normal to the Nation for much more than a thousand years. Spain spoke; if indeed elections do speak; and declared constitutionally against Communism, against Atheism, against the negation that starved normality in our time. Nobody said that this majority had been achieved by military violence. Nobody pretended that an armed minority had imposed it on the State. If the Liberal theory of Parliamentary majorities was just, this was just. If the Parliamentary system was a popular system, this was popular. And then the Socialists suddenly jumped up and did exactly everything that the Fascists have been blamed for doing. They used bombs and guns and instruments of violence to prevent the fulfilment of the will of the people, or at least of the will of the Parliament. Having lost the game by the rules of democracy, they tried to win it after all entirely by the rules of war; in this case of Civil War. They tried to overthrow a pacific Parliament by a militarist coup d'état. In short, they behaved exactly like Mussolini; or rather they did the very worst that has ever been attributed to Mussolini; and without a rag of his theoretical excuse.

Je résume: Il ne pouvait ni être totalement contre, ni totalement pour les chemises noirs d'Italie. Car d'un côté les politiciens avaient renié leur légitimité et toute substance de démocratie par leur contrats secrets avec les loges, chose dont n'écrivaient pas les média anglais, d'autre côté les chemises noirs ne se basaient (au moins en 1919, pourrais-je ajouter) pas sur la légitimité mais sur le pouvoir. ... En Espagne une élection entièrement paisible, dont nul prétend que le résultat fut imposé par pouvoir militaire, vote le rejet du Communisme et de l'Athéisme, le maintien des vérités qui avaient formé l'Espagne pendant 1000 ans, et ensuite les rouges commencent à faire tout ce que faisait Mussolini - ou plutôt tout ce dont on l'accusait mais sans avoir un petit torchon de ses excuses pourtant réelles.

Pour la Russie, Chesterton avait des sympathies pour les révolutionnaires de 1905, mais pas pour leur mépris de propriété privée ou de la famille. Les paysans auraient pu être trop mal traités pour ne pas se soulever (ce qui n'était pas la faute du Czar, mais lui à lui seul ne pouvait pas tout changer d'un coup), mais les idéaux étaient faire la cour de l'échec, même si cette révolution avait réussi. Quand à celle dite d'Octobre et qui l'est selon les paléohimérites, il dédaignait les Marxistes comme des Prussiens. Pas totalement faux, non.

Et je ne sais pas si Dillon l'aurait condamné non plus. Comme il me semble que le font certain contemporains qui se veulent de Dillon.

Hans Georg Lundahl
Bpi, Georges Pompidou
Sts Aquila et sa femme Priscille
de qui est écrit dans les Actes des Apôtres
8-VII-2015

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