Thursday, 16 July 2015

Qui écrit le futur?

Il y a un image sur FB, un dîner familial des années 50, selon les cheveux soignés et le costume du papa, ainsi que le noir-et-blanc.

"Papa, pourquoi il n'y a ni juifs, ni chrétiens, ni musulmans en STAR TREK?"

"Parce que c'est le futur, fiston!"


Donc, la vision du futur véhiculé par Star Trek est un futur sans religion, de toute manière sans religion Abrahamique.

Avant de l'avaler, peut-être vaut-il la peine de se poser une bonne question:

LE FUTUR SELON QUI?

Bon, d'abord, selon ce papa, qui semble approuver cette vision du futur.

Ensuite, avant lui, des gens derrière Star Trek.

Je me souviens d'un anecdote sur Gene Roddenberry, quand il avait commencé d'écrire Star Trek. Un collaborateur disait "Enterprise étant un vaisseau militaire, il doit y avoir un aumônier militaire."

Et Gene Roddenberry de refuser d'en mettre un dedans.

Regardons un peu plus de près Gene Roddenberry:

Roddenberry was raised as a Southern Baptist*; however, he considered himself a humanist.** He began questioning religion around the age of fourteen, and came to the conclusion that it was "nonsense".*

* Van Hise (1992): p. 7 = Van Hise, James (1992). The Man Who Created Star Trek: Gene Roddenberry. Pioneer Books. ISBN 1-55698-318-2.

** Alexander (1995): pp. 166 – 167 = Alexander, David (1995). Star Trek Creator: The Authorized Biography of Gene Roddenberry. New York: Roc. ISBN 0-451-45440-5.


La wikipédie est merveilleuse, quand elle donne ses sources, non? Bon, en résumé, de "Baptiste du Sud"* il est apostasié à l'âge de 14 pour devenir humaniste (la wikipédie n'a pas utilisé le mot apostasier).

Ce cet homme là qui a rêvé un futur sans ni juifs, ni chrétiens, ni musulmans. Et c'est à cet homme là qu'on a confié la tâche d'écrire une série sur "le futur" parmi les producteurs.

Bon, ces producteurs ne connaissaient pas le futur mieux que Gene Roddenberry. Nous, en tant qu'hommes, nous n'avons pas accès au futur. C'est un pays exotique, comme l'intérieur de l'Afrique avant les découvertes de Livingstone, quand un Rider Haggard pouvait y poser Les Mines du roi Salomon ou Elle. Bon, peut-être ces romans ont été écrits après les découvertes de Livingstone, mais il y avait encore en Afrique des endroits très peu cartographiés, sur lequel le romancier pouvait se pencher, entre autre chose pour dire des choses qu'il ne pouvait pas utilement dire dans le milieu anglais. C'est à dire, qu'il ne pouvait pas utilement dire en écrivant un roman posé en milieu anglais.

Notamment, pour lui comme pour Roddenberry, le Christianisme est dans ses endroits exotiques beaucoup moins présent même parmi européens. Et il y en a parmi les personnages de Rider Haggard. Peut-être ceci est génuine : le milieu colonial a pu attirer des libres penseurs, parce que la proximité avec les religions non-chrétiennes leur donnait une "perspective" qu'il valorisaient. Et ça, Rider Haggard a pu savoir en ayant rencontré des gens comme ça (et peut-être en étant un lui-même aussi) pendant son séjour en Afrique du Sud, à l'époque encore divisée, et lui il était en Colonie de Natal. Sept ans, entre 1875 et 1882. Mais Gene Roddenberry, par contre, n'a jamais rencontré quiconque qui lui soit venu du futur.

Le futur, tant qu'il en reste, est inconnu pour nous, comme pour Gene Roddenberry.

Nous n'avons pas à simplement fantasmer sur un futur sans les religions Abrahamiques. Nous avons à nous poser la question si un tel futur est souhaitable et possible.

En étant Catholique, je ne le considère pas du tout comme possible. Dieu, devenu Homme, avant de monter aux Cieux a dit à ses Onze Disciples (les Douze moins le Traître, celui-ci pas encore remplacé par St Matthias) qu'Il sera avec eux tous les jours (sans interruption alors) jusqu'à la fin des temps.

Et avec la fin des temps, on n'aura plus de futur. Il n'y aura plus des futurs possibles et ouverts à la spéculation, comme de nos jours les contrées décrites par Rider Haggard ne sont plus possibles à poser dans un Afrique ayant une possibilité même théorique d'être réelle.

L'Église Catholique sera encore là le XXIIe Siècle - ou le XXIIe Siècle ne sera pas. Et elle y sera la même, si ce siècle sera, que pendant les XX Siècles depuis l'an 33**, bientôt XXI siècles. Elle ne sera pas une Église spatiale, adapté à la vision de Star Trek, avec la seule différence que l'Église aussi aura trouvé sa place à Enterprise. Elle sera elle-même.

Posons qu'on ignore ceci, on va pas trouver nécessaire que l'Église survivra, on va trouver possible que l'humanité aura un jour oublié l'Église.

Certains le trouvent même souhaitables, et il me semble que Gene Roddenberry trouvait ainsi, quoique son hargne peut-être se tournait plutôt contre la théologie des Baptistes du Sud que contre celle des Catholiques.

Mais le futur de Gene Roddenberry n'est plus valable que l'Afrique de Rider Haggard.

Est-il au moins plus rationnaliste?

Même pas. Rider Haggard s'interessait pour les "phénomènes paranormaux", et de Gene Roddenberry, ses successeurs ont introduit une spiritualité fortement New Age dans les épisodes de Star Trek plus récents, comme les sorties les années 90. Notons, les phénomènes paranormaux, un chrétien aussi peut les étudier et en avoir une idée. Gary Bates a étudié les OVNI et les ET, et il croit que pas mal de fois, il s'agit des démons. Et non des simples illusions ou hallucinations. C'est démoniaque, pas pathologique.

Mais en Star Trek on a désormais Jadzia Dax*** - quoique ce n'est pas la faute de Gene Roddenberry directement, les créateurs de Deep Space 9 sont Rick Berman and Michael Piller, et leurs coécrivains n'incluent pas Gene Roddenberry. Il est d'ailleurs déjà décédé en 1991, donc avant Deep Space Nine.

Et le futur de Deep Space 9 est, comme celui des épisodes par Roddenberry, 20 ans plus tôt, autant le futur génuine que Les Mines du Roi Salomon est situé en Afrique réelle - ou un peu moins.

Je crois avoir mis le doigt sur le qui - à savoir à qui plaît-il d'imaginer un futur sans Juifs, Chrétiens ni Musulmans : aux apostats du Christianisme (Gene Roddenberry), aux ésotériques (les auteurs derrière Jadzia Dax). À des gens qui aiment la liberté totale de la spéculation.

Ou leur liberté de spéculation n'est pas totale. Ils n'ont pas vraiment la liberté d'imaginer un futur dans lequel les sondes spatiaux auront échoué de repérer quoi que ce soit comme trace de l'univers "rempli" de la cosmologie moderne, auront repéré au lieu de ça un univers "creux" avec les étoiles comme périphérie et nous dedans au milieu, et comme conclusion que l'univers qui tourne autour de nous est tourné par Dieu, et non pas par une illusion née par une prétendue tour faite par notre globe elle-même.

Par contre, ils sont pleinement capables d'imaginer un futur dans lequel nos valeurs traditionnelles sont creusées sur point après point de la doctrine morale. Et nous, les Chrétiens, nous considérons nos valeurs comme remplies, comme valable partout dans le cosmos. Un ange pourra danser la danse de la "Parallaxe inversée" avec son étoile (63 Ophiouchi, par exemple), mais il ne pourra pas ne pas vouloir adorer Dieu ou vouloir qu'on l'adore au lieu du bon Dieu. Il ne pourra pas approuver ni l'avortement de fétus, ni l'implantation des "entités vermiformes de Trill". Il ne pourra même pas être indifférent entre les différences entre les confessions juives, chrétiennes ou musulmanes, il sait très bien qui a raison et qui a tort.

Malheureusement, cette vision de l'espace et cette vision du futur ne sont pas si véhiculées par Star Trek ou par séries avec une popularité et tout d'abord une diffusion pareille. Il y en a des dystopies aux États-Unis qui font valoir le respect de la vie humaine, comme Logan's Run° - mais nettement moins présents dans les média internationaux que Star Trek. Et la série Left Behind (probablement très incorrecte sur le quand du ravissement de l'église, mais au moins chrétienne), bon, Left Behind I: The Movie (2000), Left Behind II: Tribulation Force (2002), Left Behind III: World at War (2005) ne sont pas sortis en France. Les livres oui, comme Les Survivants de l'Apocalypse, et le remake en 2014, oui, comme Le Chaos. L'année passée je n'ai pas vu beaucoup d'annonces pour ce film à Paris. Et pour ne rien dire de l'absence encore plus grande de fiction catholique sur la fin des temps - à moins de compter Le Seigneur des Anneaux comme vision apocalyptique déguisé par remplacement dans un temps fictionnel passé. Car il est par un Catholique.

Mais encore, vivre dans une culture dans laquelle Star Trek à lui seul est vu comme plus populaire que Les Survivants de l'Apocalypse et L'Âge de cristal, et comme plus crédible et sérieux comme vision du futur que Le Seigneur des Anneaux, c'est quand même pas très encourageant pour qui croit la vision catholique dessus.

Il y a des gens qui prétendent sauver "notre planète" (mais la terre est, à différence de vénus ou mars, stable dans le centre de l'univers, et n'est donc pas un "astre vagabond", ce que signifie planète), et qui prétendent la sauver en faisant ignorer les visions apocalyptiques de nous les Chrétiens. Notamment des Catholiques. C'est faux.

Des gens qui ne comprennent pas le sérieux et la vérité du Catholicisme (et les séries comme Star Trek y contribuent) peuvent se sentir irrités par les prétentions du Catholicisme. Ils peuvent trouver que Star Trek fait rêver (comme les gens qui ont mis l'image sur FB, avec lequel je viens de commencer cette réflection). C'est dangéreux de la même manière qu'un film ou roman Nazi sur une utopie d'un futur Judenfrei des années 30 était dangéreux. Regardez bien ce qui se passait les années 40, même ce qu'admettent les révisionnistes n'est pas du tout anodin.

Par contre, il semble erronée que l'an mil aurait été le centre des dangers sociaux provoqués par la lecture de l'apocalypse, même si Baronius (il me semble, selon un article auquel je n'ai pas la référence pour l'instant) traçait les hérésies comme les Albigeois à cette prétendue hystérie. Et à part l'an mil, il ne semble pas que la lecture de l'Apocalypse ait donné un quelconque danger.

Avec une exception, peut-être. Newton a fait un commentaire, dans lequel il identifie l'Antichrist avec la Papauté, et les 1270 jours avec autant d'années. Ceci a pu jouer dans l'anticatholicisme américain, donc dans la guerre Américo-Espagnole par laquelle Cuba et les Philippines devinrent des protectorats des États-Unis après d'avoir été les dernières colonies outre-mer d'Espagne, sauf le Rif. Ou dans les lois vexatoires ou même beaucoup pires que ça de certains états du Canada vis-à-vis les Québecquois. Mais là, l'église peut faire une contreattaque en exposant les prédictions de l'Apocalypse plus correctement.

Donc, non, la préférence actuelle des média est une mauvaise. Et si on parle de l'Apocalypse, il y a qui considèrent "la bouche comme d'un lion" (voir Apocalypse 13:2) comme prédisant les média dominés par Zionistes. Il y a des média alternatifs, mais dont la voix est couverte par celle des média conventionnels, comme quand la voix venant de la bouche d'une souris est facilement couverte par celle qui sort de la bouche d'un lion.°°

Et de là, il me semble que j'ai déjà évoqué que le futur par rapport aux années 70' vient de s'approcher davantage à l'Apocalypse (et à ses prédictions des tribulations des derniers temps, il y a eu des choses qui étaient toujours d'actualité, comme la liturgie céleste du chapitre 6) qu'à la vision de Gene Roddenberry.

Les gens qui ont la vision du monde de Starship Entrerprise n'ont pas oublié le christianisme dans un passé lointain, ils sont plutôt prônes à se souvenir, au moins de temps en temps, de son existence, et ça avec un certain dégoût. Très loin des vues assez dépassionnées qu'on se permettait à ces temps des mythologies grecques ou romaines. Et la vue des mythologies est devenue moins dépassionnée aussi.

Je crois que Dieu écrit le futur dans sa providence (sans nous ôter le libre arbitre, sa providence en prend compte de manière merveilleuse). Mais même ceux qui ne le croient pas devraient se pouvoir dire que Gene Roddenberry n'était pas en train d'écrire le vrai futur.

Et avant de finir, si on avait eu des Starship Enterprise, on aurait eu une preuve à la Vasco da Gama pour l'Héliocentrisme. Entretemps, on n'a pas eu ces Enterprise ou Faucon Millenium, ni l'Étoile noire, on n'a pas marché sur Tatouine ni sur Syrte-la-magnifique, capitale de l'empire des mille planètes. Les preuves à la Vasco da Gama pour l'Héliocentrisme pullulent - dans le space opera - autant qu'elles font défaut dans l'histoire réelle.

Hans Georg Lundahl
BU de Nanterre
Notre Dame du Carmel
16-VII-2015

* Parlant des "Baptistes du Sud", Kent Hovind n'en est pas, il est "Baptiste indépendant", autre chose. Sa congrégation a refusé de rejoindre une grande "dénomination" baptiste comme les Baptistes du Nord, Baptistes du Sud et ainsi de suite.

** Certains disent plutôt l'an 32 ou même 29.

*** "Le symbiote (ou symbiont) appelé Dax est une entité vermiforme originaire de la planète Trill, qui ne peut survivre qu’en étant porté par un hôte avec lequel il évolue dès lors en totale harmonie. En plus de deux siècles d’existence, il a ainsi connu sept hôtes et hôtesses différents (respectivement prénommés Lela, Tobin, Emony, Audrid, Torias, Joran et Curzon) avant d’être implanté dans l’organisme de Jadzia."

Pour un Chrétien, ça sonne comme possession démoniaque, ou comme un Familiaris. Donc, comme sorcellerie. Je ne recommande à personne de se faire implanter une entité vermiforme. Qui est-ce qui se rappelle "où le feu n'est jamais éteint et le vers ne meurt jamais"?

° L'Âge de cristal en français. Qui s'en souvient? Moi j'ai vu à la télé (en épisodes coupées, donc pas le tout, juste uneépisode) quand j'avais neuf ans et me trouvais aux États-Unis. En 1977, l'année après la sortie comme film.

°° La même exégèse, avec prétention d'être visionnaire par un prêtre de Beiruth, considère "les pieds comme d'un ours" comme faisant référence à tous les dirigeants, notamment premier-ministres d'"Israel" qui sont issus de la juiverie de l'Empire Russe. Une juiverie moins amène aux Chrétiens et davantage prône à l'athéisme que certaines autres.

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