Saturday 29 March 2014

La Préservation de la Tradition

Je viens déjà de traiter comment la Tradition d'Adam a pu être transmise jusqu'à Moïse, même à supposer qu'elle ait dû (ce qui est loin de sûr) des générations en tradition purement orale. Car la tradition orale ne suppose pas une transmission occulte, sous des conditions qui prêtent au malentendu, mais une transmission ciblée, répétée aux mêmes récepteurs, rendue mémorisable, et ainsi de suite pour éviter toute erreur. Aujourd'hui j'écris sur les déformations ajoutés ou les déformations volontaires d'une tradition.

Il y en a qui disent, et même pas mal, sans ayant étudié le sujet, mais présumant que le sujet soit bien compris quand même, que la tradition - n'importe quelle tradition ou la tradition, par exemple religieuse, doctrinale comme activité humaine tant dans les mauvaises religion que dans la vraie s'il y en a - est muable de manière involontaire. Un écrit sur papier ou tablette d'argile demeure quand même consultable des siècles après, et la tradition orale dans les sociétés ouvertes qui la pratiquent de manière systématique la font de manière d'éviter qu'elle change de manière involontaire.

Elle est certainement muable de manière volontaire.

Et celui qui veut faire une révolution religieuse ne la veut souvent pas petite.

Mon interlocuteur intelligent d'hier (j'en avais un autre aussi, et même ancore un autre intelligent aussi) après avoir accordé que la révolution dans la tradition est volontaire, voulait quand même maintenir que beaucoup de petites révolutions s'ajoutent les uns aux autres pour créer une révolution involontaire plus importante.

Entre Catholicisme et Athéisme il y a effectivement un ajoutement de révolutions qui prises individuellement sont moins importantes que celle finale, mais leur nombre est assez restreint. Et chaqu'une est importante autant que volontaire.

  • Catholicisme - Calvinisme et Bayle / négations des miracles récents - Hume / négation des miracles.

  • Catholicisme - Anglicanisme - Franc-Maçonnerie - Athéisme.

  • Catholicisme - Socinianisme - Transcendentaux comme Emerson, Thoreaux - Nouvelle Âge dans sa forme athée.


Mais il y a pas mal d'autres généalogies de traditions qui commencent avec le Catholicisme, et où, doctrinalement, la première révolution est la plus importante.

  • Catholicisme - Anglicanisme - Méthodisme - Armée du Salut.

  • Catholicisme - Luthéranisme - Piétisme - Schartauisme.

  • Catholicisme - Calvinisme - Arminianisme.

  • Catholicisme - Anglicanisme - Puseyisme - Catholicisme.


Explication: Newman était ami de Pusey et de Keble et cofondateur avec eux du Puseyisme, mais plus tard il est devenu Catholique - il fut nommé Cardinal par Pape Léon XIII.

  • Catholicisme - Anabaptisme de Muenzer - Mennonites.

  • Catholicisme - Calvinisme et Mennonites - Baptistes prédestinationnistes.

  • Catholicisme - Arminianisme et Mennonites - Baptistes libre-arbitre.


Dans la plupart des cas, les derniers avatars de la révolution protestante sont moins anticatholique au fond que les premiers à leur début. Dans sa vision faussée de l'Histoire de l'Église, Kent Hovind en héritier de Baptistes libre-arbitre est à peu près aussi virulent que les premiers Anglicans et Calvinistes. Mais dans sa doctrine, il est plus Catholique qu'eux. Il est aussi un peu plus pauvre dans les vérités retenues. S'il est plus catholique que Calvin sur le fonds, il l'est moins dans sa culture religieuse en terme de sommes de connaissances.

Dans les débuts du Paganisme il y a aussi une révolution très importante, celle de Nimrod, instigateur de la tyrannie, des ouvrages de bâtiment de la Tour de Babel, et de l'idolâtrie, et je crois que les avatars plus variés du paganisme après comprennent des idéologies moins impies, comme par exemple le paganisme d'Homère ou encore mieux la Philosophie de Platon (et entre elles, il y a eu les tragèdes, dont un dit la chose très importante que les dieux qui ne se comportent pas dignement ne sont pas des vrais dieux*). Parallèlement, l'Hindouisme aussi a connu des humanisations, comme l'abolition des sacrifices sanglantes d'animaux (mais pas totalement avec le sacrifice humain dans le culte de Kali et dans l'idolâtrie de l'époux chez les épouses de haute caste qui s'immolent sur le bûcher), comme le Jaïnisme, comme le Bouddhisme.

Par contre, là on s'approche à une religiosité négative. Quelque chose qui va porter des très mauvais fruits une fois qu'elle se confronte à une religiosité positive comme le Catholicisme qui au lieu d'être erronnée comme l'Hindouisme ne l'est pas.

Rarement il y a une révolution religieuse encore plus impie que celle du début, comme le sacrifice humain** - chez les Cananéens et Druides et sous autres formes chez les Albigeois et les Aztèkes. Donc, globalement, en croyant la tradition primitive depuis Adam avant Nimrod identique au Catholicisme, quoique plus pauvre en ceci que moins des choses étaient déjà révélées, le développement du paganisme suit de près celui des protestantismes, avec une grande révolution au début, beaucoup de petites révolutions au sein de cette révolution qui fonctionnent pour ainsi dire comme des contrerévolutions partielles, mais très peu de révolutions encore accrues dans l'impiété. Le Communisme donne le même spectacle : Staline était plus humain que Lénine et Trotski, et Gramsci plus humain que Staline.

Et nul part voit-on une suite de révolutions involontaires et petites qui s'ajoutent et encore s'ajoutent pour former une grande révolution involontaire.

Quand des petites révolutions s'ajoutent, d'un côté il arrive qu'elles ne deviennent jamais une grande, et d'un autre côté qu'elles aboutissent à une situation de polarisation, donc à la fois vers une grande révolution et vers une réaction. Parallèlement avec le Protestantisme on voit la Réforme Catholique : St François de Sales, St Ignace de Loyola, St François Xavier (qui trouvait le clergé bouddhiste japonais très corrompu, si le clergé catholique de son époque et pays l'avait été, comment aurait-il pu le noter?), St Pierre de Hondt ou Petrus Canisius (ça veut dire "le chien"), le collège de Douai qui s'occupe des Catholiques d'Angleterre, St Fidel de Sigmaringen, martyrisé par les Protestants ...

Un peu comme les ajouts de délatinisations de la latinité en Gaule aboutissent à la fois à une latinité restauré par Alcuin de York et à une langue "romane rustique" qui ne compte plus comme du Latin - mais dans laquelle on n'identifie pas encore le français du provençal, du franco-provençal, du picard et du wallon. Là, une grande différence et qu'un homme peut être à la fois latinophone et francophone. On ne peut pas être à la fois Catholique et Protestant.

Hans-Georg Lundahl
Bpi, Georges Pompidou
St Cyrille d'Héliopole
Diâcre et Martyr
29-III-2014

* ει θεοι τι δρωσιν αισχρον ουκ εισιν θεοι

** À supposer qu'elle n'était pas là aussi au début du Paganisme Égyptien et Babylonien, et se réfugie vers Canaan après quand les Égyptiens et Babyloniens s'humanisent un peu.

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