Monday, 28 November 2016

En réponse à un argument de Mgr Williamson


Le blog La Question : Mgr Williamson : réponses aux erreurs des sédévacantistes
13 février 2014
https://lebloglaquestion.wordpress.com/2014/02/13/mgr-williamson-reponses-aux-erreurs-des-sedevacantistes/


Traduit ou excerpt de Mgr Williamson Commentaire Eleison – 25 janvier 2014 et 1er février 2014

Argument sédivacantiste
Le Modernisme est « la synthèse de toutes les hérésies » (Saint Pie X). Or, les Papes Conciliaires furent tous des modernistes « publiques et manifestes », c’est-à-dire des hérétiques d’une nature telle que Saint Robert Bellarmin déclarait qu’ils ne pouvaient être membres de l’Église, et à plus forte raison en être la tête.

Réponse de Mgr Williamson
Aux jours de Saint Bellarmin les choses étaient beaucoup plus claires, à savoir « publiques et manifestes », qu’elles ne le sont de nos jours où c’est la confusion qui règne dans les esprits et les cœurs. L’hérésie objective des Papes Conciliaires (c’est-à-dire ce qu’ils disent) est publique et manifeste, mais ce n’est pas le cas de leur hérésie subjective ou formelle (c’ est-à-dire leur intention consciente et résolue de nier ce qu’eux savent être l’immuable dogme catholique). La preuve de leur hérésie formelle ne peut être obtenue que par une confrontation avec l’autorité doctrinale de l’Église, par exemple l’Inquisition ou Saint Office (quel que soit son nom). Mais le Pape est lui-même l’autorité doctrinale la plus haute de l’Église, au dessus et au-delà de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Comment donc pourrait-il être lui-même prouvé coupable d’appartenir à cette classe d’hérétique dont on suppose qu’elle seule peut le rendre incapable d’être le chef de l’Église?

Qqs observations
que je fais à propos de cette réponse.

1)
Dire que tel ou tel aspect d'une question était beaucoup plus clair avant, c'est très souvent vrai pour les positions prises en société.

Ce n'est pas vrai pour les essentialités de la liberté ou de la responsabilité de l'âme.

Si à l'époque de St Robert Bellarmin un homme ayant une formation qui se veut épiscopale pouvait être présumé immédiatement coupable si par exemple il voudrait contredire la chronologie biblique, soutenir des préadamites et ainsi de suite, parce qu'on avait déjà le jugement contre Isaac de la Pereyre, alors, on le peut maintenant aussi.

Si à l'époque de Pape Urbain VIII, après son jugement contre les thèses abjurées salutairement par Galilée, on pouvait immédiatement présumer un homme ayant une formation épiscopale coupable s'il voulait soutenir comme un donné hors doute que la Terre bouge autour d'elle-même et autour du Soleil, chaque jour et chaque an, on le peut ajourd'hui aussi.

Les signes qu'un homme a une certaine pensée sont toujours les mêmes, il l'exprime, il le réexprime, il le maintient si contredit, il le maintient s'il est confronté à un argument contre.

Les choses à ne pas croire sont aussi les mêmes.

Benoît XV n'a pas osé s'exprimer clairement en In Praeclara Summorum pour l'héliocentrisme, encore moins dans une encyclique dédiée formellement à l'astronomie. J'y reviens.

Pie VII a juste ouvert l'Index Librorum, les livres de Settele et autres prétendant que l'héliocentrisme serait prouvé ont sorti quasi des portes de cette prison de livres. Mais il a aussi dit qu'ils doivent annoter ces livres avec les preuves de l'allégation - une fine pique pour stimuler le débat, pas pour le faire étouffer, d'une part comme avant, d'autre part dans le sens exactement contraire.

Il semble avoir dit qu'on est libre de soutenir l'héliocentrisme dans sa forme présente, à l'époque, mais pas qu'on le soit à la tenir ou croire.

Léon XIII n'a pas nommé l'héliocentrisme de nom, les solutions qu'il vient de suggérer sont telles qu'un géocentrique peut s'en emparer aussi, et furent dites avant sa citation par des géocentriques.

2)
Dire qu'une certitude morale à partir des dires du pape présumé tel auparavant ne suffirait pas pour le présumer comme non-pape, c'est contredire le sens de St Robert Bellarmin. Oui, il a bien dit ça, mais il ne peut pas l'avoir voulu dire, car ... oui, on sait, Mgr Lefèbvre a préféré Cajétan à St Robert. Par contre, les sédivacantistes préfèrent St Robert à Cajétan en ceci.

3)
Dire qu'on devait avoir la certitude juridique de l'hérésie subjective et formelle avant de considérer quelqu'un comme non pape contredit au moins un example dans l'histoire de l'Église. Liberius (Libère en français?) était raisonnablement suspect de l'hérésie par le fait d'avoir signé une formule de Sirmium, on ne savait pas laquelle, et ça a suffi pour qu'on accepte l'antipape auparavant tel Félix II comme pape. Or, il est saint, une fois que le pape avait dit qu'il n'avait signé que sous contrainte et une formule ambigue pourrant être accepté en sens orthodox, alors Félix II se retire, Libère redevient pape, et il y aura un deuxième règne de Félix II, parce que après Libère, Félix II à son tour redevient pape. Et il est un saint.

29 Julii ... Romae, via Aurelia, sancti Felicis Secundi, Papae et Martyris; qui, ab Ariano Imperatore Constantio, ob catholicae fidei defensionem, e sede sua dejectus, et Cerse, in Tuscia, occulte gladio necatus, gloriose occubuit. Ejus corpus, inde a Clericis raptum, eadem via sepultum fuit; postea vero, ad Ecclesiam sanctorum Cosmae et Damiani delatum, ibidem, Gregorio Decimo tertio Summo Pontifice, repertum est sub altari, una cum reliquiis sanctorum Martyrum Marci, Marcelliani et Tranquillini, atque in eodem loco, pridie Kalendas Augusti, simul cum eis reconditum. In quo etiam altari inventa fuerunt corpora sanctorum Martyrum Abundii Presbyteri, et Abundantii Diaconi; quae, non multo post, ad Ecclesiam Societatis Jesu solemniter translata sunt pridie natalis eorum. ...


Or, si la présomption qui se trouve même erronée d'une chute en hérésie d'un pape réellement tel, si ça a suffi pour qu'un antipape devienne pape, alors la présomption matérielle d'une hérésie réellement telle peut bien suffire pour regarder un pape comme déchu ou comme n'ayant pas avoir été même pape.

4)
Dire que le pape est lui-même l'autorité doctrinale la plus haute de l'Église vaut bien pour un pape qu'on ne peut pas raisonnablement même suopçonner d'hérésie. Par contre, Innocent III, me semble-t-il, était le pape qui avait dit "prima sedes a nemine judicatur, nisi deprehendatur a fide devia".

Ou il l'avait de Decretum Graziani, comme le précise la wikipedia italienne (article Conciliarismo):

Decretum Magistri Gratiani (1140-1142 ca.): « Papa a nemine est iudicandus, nisi deprehendatur a fide devius».


Que cette idée ait été abusée par le conciliarisme ne la rend pas caduque.

Même, elle a été réitérée avec un peu de variation par Pape Paul IV (article Cum ex apostolatus officio):

1. Nos considerantes rem huiusmodi adeo gravem, et periculosam esse, ut Romanus Pontifex, qui Dei, et Domini Nostri Iesu Christi vices gerit in terris, et super gentes, et regna plenitudinem obtinet potestatis, omnesque iudicat, a nemine in hoc saeculo iudicandus, possit, si deprehendatur a fide devius, redargui, et quod ubi maius intenditur periculum, ibi est plenius, et diligentius consulendum, ne pseudoprophetae, aut alii etiam saecularem iurisdictionem habentes, simplicium animas miserabiliter illaqueent, innumerabilesque populos eorum in spiritualibus, aut temporalibus curae, et regimini commissos, secum in perditionem, et damnationis interitum trahant, nec aliquando contingat Nos abominationem desolationis, quae dicta est a Daniele Propheta, in loco sancto videre, cupientes, quantum cum Deo possumus, pro nostro munere Pastorali vulpes vineam Domini demoliri satagentes capere, et lupos ab ovilibus arcere, ne canes muti videamur nequeuntes latrare, et perdamur cum malis agricolis, ac mercenario comparemur.


C'est à dire, Paul IV veut donner un cadre juridique à ce qui est du jugement d'un pape hérétique. Pour qu'on ne soit pas dans la situation qu'un pape pris en flagrant délit de déviation de la foi puisse ne pas être jugé. Ou qu'il ne puisse pas être jugé.

Sa solution est qu'un homme ayant tombé en hérésie ne peut pas devenir pape.

Pour ce qui est de cet "ayant tombé" si après il se repentit, c'est de jure ecclesiastico, mais pour ce qui est de cet "ayant tombé" si on sous-entend "est reste maintenant" en hérésie, c'est de droit divin.

C'est là-dessus que je base le droit et devoir de ne pas accepter Bergoglio comme pape.

5)
Une hérésie très palpable, quasi banal à constater, chez Bergoglio avant la prétendue élection était de considérer que la plupart des mariages sont invalides, faute de consens vraiment libre, faute de maturité.

Il n'y a pas doute que c'est en partie ça aussi sa base en Amoris Laetitia.

Or, la réponse "aux jours de Saint Bellarmin les choses étaient beaucoup plus claires, à savoir « publiques et manifestes », qu’elles ne le sont de nos jours où c’est la confusion qui règne dans les esprits et les cœurs," risque précisément de partager l'erreur ou une forme possible de l'erreur de Bergoglio.


Hans Georg Lundahl
BU de Nanterre
St. Sosthenes de Corinthe
28.XI.2016

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